Légendes du cross : Roger Chaignon, une figure du cross palois

24/01/2022 - Grand Destin
Roger Chaignon est l'entraineur normand qui s'est imposé dans plusieurs éditions du Grand Cross de Pau et de Craon. Impossible de parler des légendes du cross sans évoquer celui qui conduisit, entre autres, Pad et Nuit d'Or II à leurs victoires sur l'hippodrome palois. 
Roger Chaignon à droite accompagné par son fils Gilles et Alain Jouenne (de gauche à droite)
 
 
Roger Chaignon, grand entraineur d’obstacle, est né à Saint-Senier-sous-Avranches dans l’Ouest en 1927. Il a passé sa prime jeunesse chez ses parents qui étaient agriculteurs. Entouré de vache, de poules, et de chevaux, Roger Chaignon s’est ensuite mis à cheval. Quelques années plus tard, l’enfant passionné par les chevaux est devenu moniteur d’équitation. Un jour, presque par accident, il eut l’occasion de monter un cheval de course. Roger Chaignon a alors été propulsé dans un monde qu’il ne quittera jamais. Dans les années 1950, Roger Chaignon met de côté l’équitation de loisir pour se consacrer aux courses. Sa particularité ? Il entraînait ses chevaux dans les dunes de Dragey, qu’il trouvait très adaptées pour la préparation aux courses. Cela fait de lui un pionnier en la matière !
 
 
Roger Chaignon dans les dunes de Dragey
 
 
En dehors des hippodromes, ce grand sportif fréquentait tantôt la neige, l’océan et les greens de golf ; impossible pour lui de rester inactif, et cela, tout au long de sa vie. Avant de raccrocher ses bottes pour se consacrer à l’entraînement, Roger Chaignon a pu affronter son fils, Gilles, en course. En effet, la dernière course de Roger Chaignon était aussi la première de son fils. Mais pas question de laisser Gilles gagner. Dans le dernier tournant, Roger Chaignon prit le commandement de la course, bloquant son fils à la corde avant de le dépasser aisément au poteau. Il a certes fait carrière en tant que jockey pendant dix ans, mais ses plus belles victoires sont celles qu’il a acquise comme entraîneur.  
 
 
 
Gilles Chaignon, le fils de Roger
 
 
A ses débuts, Roger Chaignon a choisi de se tourner vers les chevaux AQPS, originaires de la Nièvre, plus particulièrement de l’élevage de la famille Trinquet, mais aussi de Saône-et-Loire auprès des élevages Champliau et Callier. C’est ainsi, en allant chercher ces « demi-sang » dans ces deux départements, que Roger Chaignon a popularisé la race AQPS, aujourd’hui devenue une référence en obstacle.
 
Comme le dit si bien son fils Gilles, Roger Chaignon était homme qui « sous ses airs de grand gentleman décontracté, savait ce qu’il faisait », et cela lui a permis de remporter quelques belles victoires. Il a par exemple gagné huit fois les Grand Cross de Pau et de Craon en tant que propriétaire/entraineur. Une fois, deux des chevaux de l’entrainement Chaignon ont même réussi l’exploit d’être à la fois premier et second d’une course, mais en même temps, dernier et avant-dernier. En effet, sur tous les chevaux au départ de cette course, seuls deux étaient à l’arrivé, tous les autres étant tombés à la dernière difficulté. Et ces deux chevaux étaient tous deux entraînés par Roger Chaignon.
 
 
Roger Chaignon, Thierry Civel, Yannick Fertillet, Guy Cherel et Marc Bertran au centre d'entrainement de Sers 
 
 
Toutes ses victoires ont été rendues possibles par les chevaux  ayant marqué la carrière de Roger Chaignon comme Une Veine (elle est la 3° mère de L’Ami, Kelami et Innox, a remporté 12 courses malgré ses problèmes cardiaques), Indor II, Fado II, Denver, Baraka de Ver (ayant remporté le grand cross de Pau 1974, montée par Guy Henrot, devenu entraineur), Gag III, Ramsès IV, Tanneguy (lauréat au Meeting de Pau en 1990), Nuit d'Or II (double lauréate consécuitve du Grand Cross de Pau) ou encore Pad par Iveday, cet étalon a été élevé par Roger Chaignon, qui a choisi son nom en référence à … l’Indemnité Viagère de Départ (IVD). Un bien joli jeu de mots s’il en est !
 
 
L'éternelle casaque rouge et verte de Roger Chaignon
 
 
Pour monter ses chevaux et les conduire à la victoire, Roger Chaignon faisait appel à  des jockeys de renom tels que Maurice François, René Cherruau, Alain Jouenne (cravache d’or en 1978 et 1979), Jean-Pierre Daireaux (devenu entraineur à Pau) , René Bouteloup ou encore Claude Lequeue. Pour la petite anecdote, avec ses jockeys, dont il était très proche, Roger Chaignon avait même fait le pari de sauter en parachute. Ce qu’ils ont fait, lui et l’un de ses amis, alors que tous les autres avaient pris la fuite. C’est à l’âge de 60 ans et suite au décès de son épouse, Jeannine, que Roger Chaignon a pris une retraite bien méritée. Parti vivre à Pau, il a continué de monter de temps à autre et jouait au encore golf jusqu’à ses 84 ans. 

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