Clovis du Berlais : quand le Racing Post en remercie Dieu en personne

19/12/2022 - Zoom Etalon
Jeune étalon au destin atypique, Clovis du Berlais effectue une razzia précoce avec ses 2 premières générations de 3 et 4 ans en Angleterre, où il a débuté la monte mais où les sauteurs démarrent leur carrière souvent très tard. Martin Stevens, rédacteur très pointu du département élevage de RacingPost, en vient à remercier Dieu en personne que la France ne castre pas systématiquement ses jeunes chevaux d'obstacle, cela permettant au très regretté King's Theatre, crack étalon outre-Manche mort en 2011, de voir son oeuvre poursuivie via ses deux fils Great Pretender et Clovis du Berlais) ainsi qu'un petit-fils (Goliath du Berlais). Publiredactionnel.

 
Clovis du Berlais au Haras du Lion.

 

Au terme de sa carrière de course, à 5 ans, le très actif David Futter chantait qu'il avait réussi un coup extraordinaire en réalisant  l'acquisition de Clovis du Berlais, qui serait alors le 1er fils de King's Theatre à succéder à son glorieux père outre-Manche. Car s'il est reconnu en France, King's Theatre est littérallement vénéré en Angleterre et en Irlande, considéré comme un Cadoudal britannique. Père de multiples vedettes comme Cue Card, Captain Chris, The New One, Menorah, King's Theatre présente des statistiques extraordinaires, avec par exemple 10 des 90 foals de son ultime génération qui sont gagnants de black-type ! Mais s'il est très marquant aussi comme père de mères (Bobs Worth, Constitution Hill), il ne peut l'être en tant que père de père car tous les foals à vocation d'obstacle y sont castrés.

 

Revoir la victoire de King's Theatre, entrainé par Henry Cecil et monté par Mick Kinane devant White Muzzle dans les King George (Gr.1) d'Ascot sous la casaque de Cheik Mohammed Al Maktoum.

 

En effet, contrairement à la France qui a changé d'avis depuis 20 ans en suivant les préceptes de Guillaume Macaire, les chevaux d'obstacle outre-Manche sont considérés  par de vieilles habitudes comme n'ayant aucun avenir au haras. C'est bien pourquoi Nickname était revenu en France en 2009. C'est aussi la raison ayant poussé David Futter, qui aime à faire la différence, à avoir présenté à l'époque une photo de Blue Brésil sur les haies d'Auteuil, puis acquis Clovis du Berlais justement parce que c'était un sauteur. Geste de provocateur habile, ou de visionnaire.

 


Clovis du Berlais, entrainé par Robert Collet et monté par Ludovic Phiipperon, à la lutte avec son cousin Bonito du Berlais

 

Evidemment, aujourd'hui, étant donné la valeur des étalons d'obstacle qui a explosé dans l'hexagone en l'espace de 5 ans, Futter n'aurait plus aucune chance d'acquérir un tel specimen, magnifiquement bien né d'une grande souche de Jean-Marc Lucas (voir le pédigrée), frère d'un gagnant de Gr.1 en Angleterre et grand vainqueur à Cheltenham, lui-même double vainqueur à Auteuil et multiple placé de Groupe à 4 ans, et qui plus est, est doté d'un modèle magnifique du haut de ses 1,68 m. Pour des raisons personnelles et administratives (ça arrive...), l'étalonnier anglais a dû céder en urgence certains actifs fin 2018. C'est alors que Clovis du Berlais, qui terminait sa 2e saison de monte, a été acquis par le Haras du Lion.

 


Clovis du Berlais au Haras du Lion.

 

Très populaire depuis son retour en France, Clovis du Berlais a sailli un total de 387 juments pendant ses 4 dernières saisons. Alors que sa 1ère génération de "FR" va seulement prendre 3 ans en 2023, le rédacteur du Racing Post Martin Stevens termine déjà son article en indiquant qu'il serait de bon ton que Clovis du Berlais revienne en Angleterre (!), voulant ainsi  déshabiller les éleveurs français tout en remerciant Dieu que les mêmes conservent des sauteurs entiers. Perfide Albion. Ces anglais ne changeront jamais : ils sont polis mais bourrés de vice !

 


Mollys Mango, gagnante d'un gros bumper à Cork le 6 novembre puis 3e de Listed à Navan le 27 novembre, et l'un des 6 vainqueurs individuels de Clovis du Berlais avec sa 1e génération anglaise qui débute en 2022.

 

Mais le journaliste émet ce souhait pour des raisons objectives de résultats. Clovis du Berlais présente en effet une réussite extraordinaire en Angleterre et en Irlande avec sa 1ère génération riche de seulement 44 foals, et qui compte déjà 6 vainqueurs individuels pour 8 victoires, dont Mollys Mango, une femelle qui a aussi décroché une 3e place de black-type. Parmi eux, Safe Flight s'est imposé en France, sur le steeple-chase du Touquet. Il provient de la Yorton Sale, a débuté chez  Robert Collet avant de passer chez Patrice Quinton pour qui il vient de conclure bon 3e à Pau ce dimanche 18 décembre. Il faut ajouter à cela, pour sa 2e génération âgée de 3 ans, le succès à Nantes de Sweet David, son unique partant en France, chez Gabriel Leenders qui l'avait aussi ramené de la Yorton Sale l'année suivante.

 


Sweet David (GB), le seul partant de 3 ans de Clovis du Berlais, a gagné en débutant pour Gabriel Leenders à Nantes, monté par Clément Lefebvre.

 

On regrette assez aujourd'hui l'extrêmisme de la précocité dans lequel le programme d'obstacle est tombé pour ne pas louer la réussite trop rapide d'une génération conçue par un étalon français en Angleterre, un pays dont les acteurs regrettent au contraire un programme jugé aujourd'hui trop tardif. Mais tout de même, on ne peut pas gagner autant de mars à décembre en étant uniquement plus précoce que les autres. D'ailleurs, les plus grands professionnels ont vite réagi. Ainsi le maître Willie Mullins vient d'acheter Cleatus Pollaw pour £ 155.000 à la Goffs UK Tingle Creek Sale, un 4 ans par Clovis du Berlais qui avait conclu 2e d'un Point to Point à Turtula près de Tipperary en Irlande.

Croisons les doigts, bien sûr, pour que le grand Clovis du Berlais puisse avoir un ou plusieurs partants à Cheltenham pendant le festival 2023 !

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