Prix Pénélope : Waldlerche rend hommage à Reinhard Delius
21/04/2012 - Grand Destin
Quelques jours avant la victoire de Waldlerche dans le Prix Pénélope, la Gestut Ravensberg, éleveur de toute la famille maternelle avant de vendre sa mère à la famille Jacobs, a perdu tout récemment l’un de ses fondateurs, Reinhard Delius, décédé à l’âge de 89 ans à Bielefeld.
Pourquoi pas un doublé Oaks-Diane
Le patron étant partie avant l’heure, son fils, Johann Henrich Delius, pourrait être le témoin de l’avènement d’une championne issue d’une famille qu’il a choyé depuis sa tendre enfance.
On a certainement vu, ce mardi à Saint-Cloud, non seulement une postulante au Prix de Diane mais peut-être aussi sa gagnante. Elle ne figure pas sur la liste des engagées des Oaks, malgré le fait qu’elle semble tenir la « distance ». On peut donc imaginer un détour par le Prix Saint-Alary qu’André Fabre a gagné à 7 reprises. On pourrait aussi se poser la question à savoir, quelle épreuve choisir ; dans les Oaks, il faudrait supplémenter le 26 mai, la veille du Prix Saint-Alary, cruel dilemme !.
Cette année, les Oaks se courent le 1er juin et le Prix de Diane le 17 juin. Je crois me souvenir que, seule, Pawneese a fait le doublé puis s’était imposée en juillet dans les King George (2.400 m.) d’Ascot. L’élève de Daniel Wildenstein avait, en 1976, également enlevé le Prix Pénélope. Mais ce serait peut-être de la folie puisque son entourage l’a aussi engagée dans le Grand Prix de Paris. Après-guerre, le doublé Diane-Grand Prix de Paris a été réalisé par Bagheera en 1949. A cette époque, l’épreuve de Longchamp se courait sur 3.000 m. et à y regarder de plus près, le frère de Waldlerche, Masked Marvel, n’a-t-il pas remporté l’an passé, le St-Leger de Doncaster !
Waldlerche
Le pedigree en 2 tableaux de Waldlerche
Masked Marvel, Waldlerche, Newsells Park Stud concrétise
Née en 2000, Waldmark (Mark of Esteem), la mère de Waldlerche, a été élevée par la famille Delius (Reinhard, Ruth, son épouse, et leur fils Johann Henrich), propriétaire de la Gestut Ravensberg située à Gütersloh aux alentours de Bielefeld en Allemagne.
Travaillant en étroite collaboration avec la famille Jacobs (Gestut Fahrhof), Waldmark est tombée dans l’escarcelle de Newsells Park Stud, l’entité anglaise de Klaus et de son fils Andreas Jacobs.
A l’entraînement chez Sir Michael Stoute, elle a débuté victorieusement à Kempton à 2 ans, puis s’est classée, après une participation aux Oaks, seconde des Falmouth St. (la dernière année en Gr.2) devançant Walzerkoenigin, (la future mère Wiener Walzer), une élève de Peter Schiergen et de la Gestut Schlenderhan (famille Von Ullmann). Elle n’a pu confirmer ensuite et a donc été envoyée au haras en Angleterre.
- saillie la première année par Sadler’s Wells, son premier foal ne verra pas un hippodrome.
- l’année suivante, naîtra de Peintre Célèbre, Gifted Icon que Newsells Park vendra, yearling, à Deauville pour 210.000 €. Elle débutera victorieusement fin juin de ses 3 ans, puis ne pourra confirmer. Elle est vendue en décembre suivant à Deauville, sortant de l’entrainement, pour 30.000 € à Philippe Jousset (France Turf International) pour le compte du très avisé Monsieur Jurgen Winter, le propriétaire allemand du Haras de la Perelle (le haras qui a fait le top-price des ventes de yearlings, l’an passé à 1.700.000 €, pour une fille de Galileo). Gifted Icon est saillie par Hurricane Run (Montjeu) et mettra au monde une pouliche, née en 2011, nommée Waldfest. Pleine de Medicean, elle attend un heureux événement. Programmée ensuite à la saillie de Montjeu, son entourage a, par la force des choses, revu sa copie et ira à Manduro (un fils de Monsun, comme Waldlerche).
Jurgen Winter
-Waldpark retournera à Sadler’s Wells, pour un poulain né en 2007. Vendu à Newmarket pour 160.000 Guinées, il ne justifiera pas son investissement, je ne m’y attarderais donc pas.
- par contre, en 2008, naitra un fils de Montjeu, Masked Marvel qui donnera à l’entité Newsells Park Stud son premier classique comme éleveur, le St Leger de Doncaster pour le compte de Bjorn Nielsen qui l’avait déniché à Deauville pour 260.000 €. Pour l’anecdote, John Gosden, son entraîneur, avait aussi remporté, le même jour le St-Leger irlandais avec Duncan (dead-heat avec le Montjeu, Jukebox Jury).
Masked Marvel dans sa victoire dans le St Leger de Doncaster
- 2009 est l’année de la naissance de Waldlerche, la pouliche qui nous interpelle, et qui a, dans le Prix Pénélope, devancé, entre autres, Brocottes (seconde du Critérium de St-Cloud du Godolphin-Fabre, Mandaean, fils de Manduro, encore un allemand !). Elle reste donc invaincue après sa seule sortie à 2 ans, une « B » à Maisons-Laffitte sur 1.600 m., montée par Pierre-Charles Boudot. Elle avait été achetée à l’amiable 100.000 € à Deauville par le courtier Crispin de Moubray (celui qui avait déniché Lady Vettori, la future mère de Lope de Vega pour la Gestut Ammerland) pour le compte de la toute nouvelle Gestut Bernried, dirigée par Dieter von Boetticher (présent sur tous les fronts, puisque déjà patron de sa voisine, la Gestut Ammerland !). Rappelons que la tenante du titre du Prix de Diane, Golden Lilac lui appartient.
Waldlerche yearling sur le ring de Deauville
- en 2010 est né un poulain de Rock of Gibraltar, nommé par la suite, Wallenberg, qui a fait 85.000 Guinées comme yearling à Newmarket pour Blandford Bloodstock.
- le yearling est une pouliche de Manduro, née le 19 mars,dont l’avenir immédiat est un passage sur un ring de ventes publiques (selon le site internet du haras).
L’avenir proche de Waldmark est une naissance d’un foal par New Approach.
La naissance de Newsells Park Stud
Le manoir de Newsells existe depuis le XIème siècle mais c’est Sir Humphrey de Trattord et sa famille qui ont créé Newsells Park Stud lorsqu’ils ont acheté la propriété en 1926. Propriétaire jusqu’en 1972, le haras a fait naître le gagnant du Derby 1959, Parthia et Alcide, le vainqueur des King Georges VI and Queen Elizabeth de la même année.
Newsells Park Stud
La famille Jacobs a investi, en juillet 2000, dans l’achat de Newsells Park Stud pour élargir en Angleterre les succès du haras allemand, Fahrhof. (créé, quant à lui, en 1960).
Les débuts de Newsells Park Stud, situé à Royston à l’est de Newmarket, (qui comporte pas moins de 100 poulinières) ont été difficiles, malgré d’importants investissements dans des souches maternelles internationales, voire exotiques
Au décès de son père Klaus (le 11 septembre 2008), Andreas Jacobs (né à Brême en 1963), qui gérait déjà Fahrhof avec 70 poulinières en Allemagne et une antenne en Afrique du Sud, a changé de responsable et de méthode de travail. Il fait appel à Julian Dollar, ancien directeur de Castleton Lyons Farm aux USA après avoir été adjoint à Cheveley Park Stud et à Gary Coffey, ancien responsable à Darley Stud et Godolphin. David Porter-Mackrell, un ancien de Banstead manor Stud (Abdullah) s’occupe des étalons, Mount Nelson et Equiano
La majorité des foals sont vendus yearling sur les rings d’outre-manche, en France et en Allemagne (à l’exception de certains comme Soapy Danger, Maroussies Wings, Strawberrydaiquiri, etc…). Le haras qui est passé par quelques « gamelles » récolte enfin les fruits de lourds investissement comme en témoignent Best Name, Rite of Passage (Ascot Gold Cup 2010), Gitano Hernando, Masked Marvel et Waldlerche.
Andreas Jacobs (Le Fils)
Klaus Jacobs (Le Père)
Notes
La Gestut Fahrhof a été créé en 1960 par Walther Jacobs, le père de Klaus qui est à l’origine des naissances de futurs étalons tels que Surumu (son premier classique en 1977), Lagunas, Abary, Acatenango, Lomitas, Silvano, Lavirco et son frère Laveron, etc…
Klaus a hérité de l’empire familial (l’industrie du café et du chocolat, Tobler, Suchard, etc…). Jacobs-Suchard est vendu en 1990 au groupe Philip Morris. L’année suivante, Klaus Jacobs s’associe avec Ecco (société lyonnaise à la création) pour fonder la Société Adecco (travail
temporaire).
Pour rappel, l’hippodrome de Baden-Baden a fermé provisoirement au printemps 2010, étant déclaré en cessation de paiement avant qu’il ne soit repris en main par une équipe de management spécialisé dans l’évènementiel sportif, dirigé par Andreas Jacobs. Ce grand patron d’industrie déclarait : " La situation des courses en Allemagne est tellement critique que cela commence à se ressentir sur l'élevage. Nous sommes clairement obligés de vendre notre production, ce qui n'était pas le cas avant, pour moi y compris. Et les volumes de production diminuent progressivement. L'élevage a des cycles longs et cet état de fait n'est pas encore très visible, mais je pense que dans les prochaines années, nous ne pourrons pas présenter plus de 200 chevaux aux ventes de sélection de septembre."
La Gestüt Ravensberg vient de fêter ses 100 ans d’existence
La mère de Masked Marvel et de Waldlerche, Wakdmark, descend d’une vieille souche allemande, la famille des « W », dans le giron de la Gestut Ravensberg depuis 1949.
Tout à commencer en 1907, année durant laquelle Paul Niemöller (né en 1869) créé le haras de Ravensburg à Gütersloh. Il décède en 1946 et c’est son petit-fils, Reinhard Delius, âgé de 23 ans, qui prend les commandes. Trois ans plus tard, en 1949 débute l’histoire de cette famille avec l’achat de Waldrun (née en 1943 et élevée par Max Herding), qui deviendra l’une des meilleures matrones de l’élevage allemand.
C’est grâce à la production de la fille d’Alchimist, que le haras va vivre sa meilleure décennie, de 1950 à 1960 avec les performances de ses rejetons entraînés tout d’abord par Johannes (dit John) Kuhr (né en 1904, il était l’homme à tout faire depuis octobre 1918, puisqu’il a été aussi manager du haras à partir de 1934) puis, après son décès en 1968, par Heinz Gummelt jusqu’en 1994 (il avait été le premier apprenti-jockey de la maison en 1943).
De cette souche descendront 3 vainqueurs de Derby pour les couleurs de la Gestüt Ravensberg (viel-or, écharpe et toque bleu-clair) et d’innombrables vainqueurs de Grand Prix (tels que le champion de l’écurie, Windwurf et la jument de cœur de Harro Remmert, une fille de Acatenango, Wurftaube à l’origine des succès d’aujourd’hui) venant concrétiser quelques 60 ans de dur labeur avec Wilderer (en 1958), Waidwerk (en 1965) et Waldpark, l’an passé, qui a été accueilli par ses nombreux fans pour la sympathie de son propriétaire qui avait dû réduire ses effectifs depuis quelques années et qui avait dû réorganiser l’entraînement redessiner les pistes et modifier les installations avec Peter Rau et Andreas Wohler.
Souhaitons donc à la Gestüt Ravensberg de continuer l’œuvre de ses prédécesseurs.
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Le couple Delius