Ultraji et son père Denham Red : à la fin de l'envoi ils touchent
Ultraji, sous la casaque de Fabrice Foucher, saute en tête la dernière haie de la Grande Course de Haies de Clairefontaine 2016. (PHOTO APRH)
Il est quand même incroyable cet Ultraji. Il ne sera jamais aussi célèbre que son contemporain, frère de sang et ancien compagnon de maternelle Un de Sceaux, mais lui aussi mérite sa palme. Pas précoce, il n'a gagné sa 1e course qu'en fin d'année de 4 ans dans un petit lot Machecoul, ce qui lance une carrière étonnante. En effet, cet AQPS n'aimant manifestement pas beaucoup l'obstacle, il s'essaie de temps à autre en plat contre les pur-sang, il remporte successivement les handicaps de la Loire et de la Maine, 2 épreuves sur plus de 3000 m à Nantes et à Angers à l'automne 2014. L'année suivante, il s'essaie à nouveau en obstacle, mais il chute à Auteuil. Enfin, il arrive à ses fins en gagnant sur les haies d'Angers fin novembre. Le seul petit problème, c'est qu'au retour au balances, le cheval n'avait plus son tapis de plomb. Et vu que sa jockette Clémentine Chevalier est assez légère, le cheval avait de fait un avantage de 15 kilos sur les 68 qu'il devait porter ! Alors forcément il allait un peu plus vite. L'entraineur a été suspendu un an, la cavalière a pris 4 mois. Contris, voire extrêmement véxés de cette tricherie dont ils ne savaient rien, les propriétaires Nelly et Pierre de la Guillonnière ont eux même porté plainte à France Galop, puis ont récupéré le cheval et l'ont confié à un entraineur avec lequel ils travaillent depuis des lustres, Fabrice Foucher.
Ultraji s'impose sous la selle de James Reveley.
Ce dernier, non seulement habile mais en plus très en forme quelques jours après avoir remporté le 1e gros quinté d'un meeting d'aout à Deauville, a focalisé Ultraji sur l'obstacle. Vainqueur à Nantes, placé à Enghien et Auteuil, Ultraji a donc effacé sa dernière chute malencontreuse à Dieppe par un succès dans la Grande Course de Haies de Clairefontaine qui a rapporté un véritable jackpot de 47.250 € !!! Voilà une histoire compliquée qui est reparti dans le bon sens, car en même temps, Ultraji démontre qu'il n'avait pas gagné ses courses précédentes que grâce à des supercheries, mais qu'il est réellement bon.
Petit-fils de l'excellente Sirta, frère cadet de Radji et Tennis Cap, Ultraji est né d'un croisement purement signé du Haras de la Rousselière et où son père Denham Red et son grand-père maternel Africanus ont fait la monte. S'il est préférable d'oublier les faits et surtout les méfaits du dernier nommé, le cas de Denham Red mérite un nouveau coup de projecteur. Car si Denham Red fait aujourd'hui la une des journeaux avec les succès son fils, le crack Un de Sceaux, lui aussi un AQPS né en 2008 au Haras de la Rousselière, il a eu un destin assez chaotique.
Denham Red au Haras de la Rousselière.
Assez petit cheval, ni très épais ni impressionnant dans son modèle, ce fils de Pampabird était le 6e produit d'une mère formidable, Nativelee, qui a donné 14 produits dont 12 vainqueurs de 68 courses, parmi lesquels les black types Phrygien, Motivé, Gay Native, Nite Trippa et Bongo Fury. Dirigé rapidement vers les obsstacles après des places à réclamer en plat à 2 ans (déjà 9 sorties quand même !), Denham Red fut malheureusement pour lui le dauphin officiel à Auteuil de Villez, également né en 1992. Mais en l'absence de celui-ci, il a remporté quand même le Wild Monarch, le Prix des Platanes et le Georges de Talhouet-Roy. Il était resté entier et a pu devenir étalon, mais à cette époque, les étalons d'obstacle étaient beaucoup moins à la mode qu'aujourrd'hui. Et surtout, il s'est retrouvé à nouveau dans l'ombre de son rival Villez, lui aussi installé chez Alain Brandebourger, mais qui lui était la star du Haras des Chartreux.
Il y a sailli peu pendant les 3 premières années, d'où sortira surtout Don Mamète, futur vainqueur du Grand Steeple-Chase de Craon (Listed) et arrive en Anjou au Haras de la Rousselière en 2000. Là également, il n'a qu'une 15aine de produits par an, dont Nirja, Pouf de Rire mais surtout Oculi, qui réussi à faire le doublé Ferdinand Dufaure / Maurice Gillois à 4 ans en 2008 ! Entre temps, Denham Red était parti un an au Haras de l'Abbaye chez Jean-Charles Escalé puis en Bretagne chez Remy Nerbonne avant de disparaitre tout simplement de la circulation, n'ayant aucun produit né en 2007 ! Toujours attaché au cheval, Pierre de la Guillonnière le retrouve en Normandie et l'achète à Francis Téboul. En 2008, naissent Un de Sceaux, Ultraji mais aussi Un Succès.
En 2014, à 22 ans, c'est enfin la gloire pour Denham Red, aussi mis en avant en tant que père de mère de P'tit Zig. Resté à al Rousselière alors que ses compagnons de boxes dont Maresca Sorrento avaient été transférés au Haras du Lion, Denham Red saillie 24 juments. Malheureusement, il s'éteint d'une crise cardiaque début juillet. Il n'empêche qu'aujourd'hui, il fait encore parler de lui et compte pour l'instant 2 gagnants de Gr.1 dans sa production, également riche d'un nombre de très bons vainqueurs dont beaucoup d'étalons plus favorisés que lui aimeraient bien s'enorgueillir.