L'étonnant destin de Califet, le père de Carriacou
La légende veut que Guy Chérel ait acquis Califet alors qu'il était tout petit dans les prés de chez son éleveur Denis Milin, à Canihuel dans les Côtes d'Armor. Il y avait 2 poulains dans le même pré et c'est l'autre qui lui plaisait, mais comme tout bon homme de la terre, habitué à "villager" pour dénicher ses futurs champions dans les petits élevages, Guy Chérel savait bien qu'en prenant un seul poulain sur les deux il s'exposait à choisir le mauvais. Alors il a pris les deux, et a eu le bon...Califet n'avait pourtant pas un pedigree à s'en relever la nuit. Si depuis, une de ses soeurs est devenue la grand-mère de Make It Reel (Prix Yacowlef, Listed), et Tourny (Prix de Cabourg, Gr.3), Califet n'avait pas de telles références quand il était petit et son père Freedom Cry était un étalon resté très obscur. Mais cet impulsif cheval bai brun était bourré de talent. Gagnant à 2 ans, en septembre sur 1500m, Califet s'est placé de Listed au plus jeune âge avant de conclure l'année par une deuxième victoire. Retardé à 3 ans pour cause de blessure et néanmoins gagnant de Listed en fin de saison, il a atteint sa plénitude à 4 ans avec ses succès dans le Prix d'Hedouville (Gr.3) puis Prix Jean de Chaudenay (Gr.2) sur 2400m avant de prendre une mémorable 4ème place dans le Prix de l'Arc de Triomphe (Gr.1).
Califet, monté par Davy Bonilla.
Il est alors acheté par Godolphin et part à Dubaï. Mais le cheval ne s'adapte pas du tout dans le désert. Guy Chérel le rachète et l'installe étalon, non pas à Mirande chez sa compagne Isabelle Pacault, mais au Haras du Chêne Vert chez Anne-Sophie et David Bernier. Anciens employés de Mirande, ces derniers se sont lancés à leur compte à Thorigné d'Anjou, près du Lion d'Angers, avec de petits étalons et aussi des petits boulots. Califet va changer leur vie. Vivement soutenu par Guy Chérel, Califet sort d'emblée les 2 meilleurs 3 ans du printemps 2009 à Auteuil, Temple Lord et Sway. Dans les semaines et les mois suivants, se sont enchaînés les succès de Surfing, Kriss William, Saying Again, mais aussi en plat avec Sormiou, le vainqueur du Prix Paul de Moussac (Gr.3) le jour du Prix de Diane à Chantilly. Dès lors, tout le monde veut du Califet, qui monte jusqu'à 141 juments saillies en 2010. Pourtant, les listes retombent rapidement jusqu'à une trentaine de juments seulement.
Califet avec David Bernier au Haras du Chêne Vert.
Pendant l'hiver 2013/2014, alors qu'il prend 16 ans, Califet est acheté par John Flood, le patron de Boardsmill Stud en Irlande. Là-bas, Califet redémarre à fond et atteint les 200 juments dans l'année. Il en a encore sailli 100 en 2018, à l'âge de 20 ans, alors que les éleveurs locaux attendent désormais de voir courir ses premiers produits faits sur place. Comme souvent, Califet a fait regretter son départ. Ainsi, depuis son exportation, sont sortis 4 gagnants de Gr.1 : Blue Dragon, Ciloas Emery, Adrien du Pont et bien sûr Carriacou ! Si les éleveurs de plat traversent beaucoup, et depuis des décennies, la Manche pour aller saillir aux meilleurs étalons, quelques éleveurs d’obstacle n’ont pas hésité à aller chercher des étalons d’obstacle depuis quelques années. Très amateur de l'obstacle français, John Flood aimerait beaucoup en accueillir.
Califet à Boardsmill Stud chez John Flood en janvier 2015