Portivy, Daniela Mele et Mathieu Delage rejouent "le Last Train pour Pau"
Débuts réussis en obstacle pour Portivy, protégé de la très en forme Daniela Mele (© Robert Polin)
"Il y en a qui ont essayé. Ils ont eu des problèmes. Ceci dit... il est très rapide". Si cette phrase du cultissime sketch "Le Train pour Pau" est répétée à moult reprises par l'un de ses auteurs et interprètes, Régis Laspalès, elle aurait tout aussi bien pu sortir de la bouche du jockey Mathieu Delage pour résumer sa belle victoire paloise de ce dimanche, dans le Prix de Monein, en selle sur Portivy. Ce fils de Last Train âgé de 3 ans, défendant la casaque et l'entraînement de Daniela Mele, n'est pourtant pas des plus simples à monter, mais son pilote s'en est parfaitement acquitté pour vaincre à nouveau au cours de ce meeting de Pau 2020-2021, douze jours après une première victoire obtenue avec un autre représentant de la professionnelle manchoise, Youtwo Glass, déjà au prix d'un effort final des plus remarqués.
Pour tous ceux ne connaissant pas le sketch "Le Train pour Pau" de Chevallier et Laspalès, session rattrapage juste ici
Après avoir patienté à l'arrière du peloton, se montrant quelque peu brillant, Portivy est parvenu à se détendre sous la main de son jockey, Mathieu Delage, avant d'entamer son rapproché au dernier passage en face. Encore sixième à la sortie du tournant final, le représentant de Daniela Mele a sauté la dernière haie en troisième position, juste derrière Muhtalad (Muhtathir) et son compagnon d'entraînement, Royal Cayman (Martaline), avant de superbement accélérer sur le plat pour leur prendre le meilleur à 100 mètres du but. Un effort qu'il a bien poursuivi jusqu'au bout pour finalement devancer de quatre longueurs et demi Muhtalad, bon deuxième, et son compagnon de boxes, Royal Cayman, qui se comporte bien pour décrocher le second et dernier accessit de cette épreuve.
Revivez la victoire de Portivy et Mathieu Delage dans le Prix de Monein, ce dimanche à Pau
Co-élevé par Guy Cherel et Jean-Charles Escalé, Portivy a pour père un ancien étalon ayant officié au Haras de l'Abbaye de ce dernier, en l'espèce de Last Train, l'oncle du décuple gagnant de Gr.1 et miler de légende, Frankel. Fils de Rail Link aujourd'hui étalon au Maroc, Last Train n'a débuté en course qu'à l'âge de 3 ans, sous la férule du maître cantilien André Fabre, faisant mouche d'entrée dans le Prix Juigné, à Longchamp, avant de terminer deuxième par une tête d'Imperial Monarch dans le Grand Prix de Paris (Gr.1) puis troisième de Saonois dans le Prix Niel (Gr.2) cette même année. Ce n'est que lors de sa campagne à 4 ans qu'il est parvenu à débloquer son compteur de victoires au niveau black-type, dans le Prix de Barbeville (Gr.3), sous la selle de Maxime Guyon, juste avant de terminer sur la dernière marche du podium dans le Prix Vicomtesse Vigier (Gr.2). Peu utilisé par les éleveurs français lors de ses deux saisons de monte au Haras de l'Abbaye, avec seulement une petite trentaine de produits nés, Last Train est néanmoins connu pour être le père de plusieurs gagnants dont font partie Go Fast des Places, un "Nicolle" vainqueur en 2019 du Steeple-Chase des 3 ans de l'Ouest, à Angers, Geny des Airs, victorieux à trois reprises sous la férule de Gabriel Leenders, ainsi que les Anglo-Arabes Nagga, Good d'Oc et Petite Robe Noire, également sacrée Championne Suprême du Grand Show Anglo de La Teste en 2018.
Last Train, le père de Portivy et ancien étalon du Haras de l'Abbaye (© APRH)
Côté maternel, Portivy est le premier produit de Cyrgold, une fille de Full Of Gold dont l'unique sortie en compétion s'est soldée par une troisième place dans l'important Prix Géographie, disputé sur la Butte Mortemart d'Auteuil. Une poulinière aujourd'hui exploitée par Guy Cherel et Pierre-Emmanuel Guilloux - éleveur de Saône-et-Loire à l'origine de Saint Roi, vainqueur d'un Gr.3 cette année lors du mythique festival de Cheltenham - qui descend d'une très belle souche de bons chevaux d'obstacles élevés en terres limougeaudes, par la famille Videaud, et tous entraînés par le maître royannais, Guillaume Macaire, parmi lesquels on retrouve Douze Douze, gagnant du Prix Maurice Gillois (Gr.1) en 2000, ainsi que Kifill, lauréat à 22 reprises, notamment à Auteuil dans les Prix Murat et Morgex, sans oublier les mutliples vainqueurs Fouinette (16 victoires) et autre Micadou (13 victoires). À noter également que la mère de Cyrgold, et donc grand-mère de Portivy, Cyrnouche, a aujourd'hui rejoint le Haras de l'Abbaye de Jean-Charles Escalé et qu'elle a pouliné cette année d'une pouliche par Paban de France, le "Frankel des Anglo-Arabes".
Douze Douze, l'un des glorieux aînés de Portivy (© Le Cheval Bleu)
Baptisé du même nom qu'une petit village ô combien pittoresque et absolument charmant du Morbihan, Portivy restait sur une première sortie encourageante en plat, terminant troisième fin novembre d'un maiden sur l'hippodrome de La Touche, à Craon. S'en est donc suivie une première tentative en haies couronnée de succès ce dimanche, bien qu'il n'ait pas été des plus parfaits au franchissement des obstacles. Ceci dit... il est rapide ! Et quand on voit la forme de sa metteuse au point, Daniela Mele actuellement, auteure d'un coup de trois ce dimanche au pied des Pyrénées et de huit victoires au total depuis le début du meeting d'hiver, au Pont-Long, il faut croire que le train de Gavray pour Pau n'est pas prêt de s'arrêter. Y en a qui ont essayé. Ils ont eu des problèmes. C'est vous qui voyez !...
Daniela Mele, une professionnelle qui a le vent en poupe en ce début de meeting au Pont-Long (© APRH)