Hommage à Densovent, le grand ami miraculé de Benoît Chevalier & Adrien Lacombe
Densovent, entouré de Benoît Chevalier et d'Adrien Lacombe, un ami trop tôt disparu...
Partout où il allait, il ne laissait personne indifférent. En effet, Densovent était un cheval qui faisait l’unanimité auprès de tous ceux qui avaient la chance de le côtoyer, de près comme de loin. Que ce soit à l’écurie senonnaise d’Adrien Lacombe, son entraîneur qui le montait chaque matin, ou auprès de tous les amoureux du cross et des courses, de manière générale, qui ont pu suivre de leurs yeux vu, depuis les hippodromes ou sur France Sire, chacune de ses sorties dans le Trophée National du Cross – Haras du Lion,dont il a été couronné vainqueur de la toute première édition, en 2020.
Densovent, après son sacre dans la première édition du Trophée National du Cross - Haras du Lion
Un beau cheval à la qualité de saut prodigieuse, qui a su faire preuve d’un courage et d’une bravoure exemplaires à chacune de ses 18 sorties en compétition, et qui a fait vivre un véritable rêve éveillé à tout son entourage, notamment à son jeune propriétaire-éleveur, Benoît Chevalier. Mais à l’occasion de sa rentrée, dimanche dernier, lors du Grand Cross de Lignières, troisième étape de cette deuxième édition du Trophée National du Cross – Haras du Lion, ce rêve, qui semblait jusque-là pur et parfait, a malheureusement viré au cauchemar. Galopant encore en bon rang au dernier passage en face, Densovent s’est malheureusement fracturé l’épaule au franchissement de la banquette. Une blessure au plus mauvais endroit et impossible à soigner, obligeant donc son entourage à prendre la difficile et ô combien cruelle décision d’abréger ses souffrances. Il n’y avait qu’à voir l’extrême détresse d’Adrien Lacombe et de sa compagne, ainsi que celle de son propriétaire-éleveur, Benoît Chevalier, à leur retour dans l’enceinte des balances pour comprendre qu’ils venaient de perdre bien plus qu’un de leur protégé. Mais bel et bien un être cher, si ce n’est un ami, qu’ils choyaient et aimaient plus que tout au monde.
Né en 2013, Densovent était un AQPS résultant des œuvres entre Ballingarry et Keperline, une fille d’Epervier Bleu sur laquelle s’est associé Benoît Chevalier avec Valérie Dasque lorsque cette dernière commençait à réduire son effectif. Interrogé l’an dernier, le saumurois d'origine nous avait alors expliqué comment la passion de l’élevage lui était venue : " C'est mon père, Jean-Bernard, qui a commencé l'élevage. Il était commissaire à Saumur. Depuis on a continué avec quelques poulinières en association, qui sont dispersées un peu partout. Le suffixe "Ovent" est en hommage à Carlovent, un cheval qui a appartenu à mon père et avait gagné à Auteuil avant de gagner des bonnes courses en Angleterre. […] Pour Densovent, j'avais récupéré la mère lorsque Georges Oré m'avait prévenu que Valérie Dasque réduisait son effectif. La mère, Keperline, avait super bien gagné en plat, mais avait connu des problèmes de cornage. C'était une grosse jument, et on s'est dit que Ballingarry ramenerait un peu de vitesse, ce qui après coup était une erreur ! La petite soeur de Densovent, Ellovent, était sûrement meilleure que lui, mais a eu des petits soucis. Aujourd'hui elle est poulinière et est pleine de Motivator".
Marc-Antoine Dragon, Benoît Chevalier et Adrien Lacomeb, trois hommes importants dans la carrière de Densovent
Cette dernière a également été placée sous la férule d’Adrien Lacombe, installé au CERGO (Centre d'Entraînement Régional au Galop de l'Ouest) de Senonnes-Pouancé, chez qui son grand frère, Densovent, avait déjà étrenné la casaque orange étoiles vertes de Benoît Chevalier, associé avec sa mère, Annick, dans la propriété du cheval. Bien que s’étant pleinement révélé dans la discipline du cross avec son plus fidèle partenaire, Marc-Antoine Dragon, grâce à ses succès sur la "terre" saumuroise et lyonnaise, en plus d'un autre sur le steeple d’Argentan avec Christopher Riou, Densovent a connu un début de carrière des plus chaotiques, que son habile metteur au point est néanmoins parvenu à embellir à force de patience, de travail… et de méthodes pour le moins peu courantes !
Benoît Chevalier nous avait raconté : "Densovent a connu un début de carrière un peu en demi-teinte, et a subi tout d'abord un souci de santé à 4 ans. Une tendinite qui l'a éloigné des pistes pendant un an. Pour sa rentrée à Landivisiau, en 2018, le cheval avait course gagnée mais s'est écrasée à la dernière haie. Le lendemain, le cheval boitait, et cela ne n'est pas arrangé au fil des jours. Adrien Lacombe a fait examiner le cheval, et m'appelle alors pour me dire qu'il a une triple fracture du jarret, une grave blessure qui a fait dire aux vétérinaires que Densovent ne reverrait jamais un hippodrome. À la suite de ça, il a passé 4 mois immobilisé au box, avant de partir au repos, mais on ne pensait jamais le revoir. Adrien l'a repris pour essayer, et cela s'est superbement bien passé. On a décidé de l'amener en cross car c'est un très bon sauteur. Par ailleurs, c'est un cheval qui voyageait mal, mais Adrien a appliqué une méthode très amusante pour le détendre. Quand il allait faire ses courses ou chercher son pain à Senonnes, il mettait Densovent dans le camion et lui faisait faire le trajet. Au début il était tendu, et au fur à mesure cela a porté ses fruits. ll faut vraiment saluer le travail d'Adrien Lacombe, qui a fait quelque chose d'exceptionnel avec ce cheval".
Densovent et tout son entourage, lors de l'atypique remise des prix du premier Trophée National du Cross - Haras du Lion
Un cheval marquant et à l’histoire des plus attachantes, où la patience et la ténacité de tout un entourage ont, une fois encore, été récompensées. À tous ceux qui l’ont entouré et partagé avec lui un bout de son chemin, nous tous à France Sire vous adressons nos pensées les meilleures et vous souhaitons beaucoup de courage pour surmonter cette pénible et douloureuse épreuve. Salut champion… et merci pour tout !