Paddington et Facteur Cheval : des Sussex Stakes Ă l'accent frenchie
Paddington ( à la corde) et Facteur Cheval (en rose) : ça sent bon la France dans les Sussex Stakes !
Il faut toujours écouter Aidan O'Brien quand il s'exprime au sujet d'un de ses chevaux. Ainsi, quand Paddington avait gagné dès sa 2e sortie à 2 ans en Irlande, le maître de Ballydoyle avait indiqué fonder beaucoup d'espoirs sur le fils de Siyouni. 10 mois plus tard, le temps lui a donné raison et bien plus, puisque Paddington est un phénomène, et enchaîne un 4e Gr.1 consécutif dans les Sussex Stakes (Gr.1), et un 2e face à ses aînés. Ce poulain est la définition même de la force tranquille. Il n'est jamais hyper impressionnant, mais en a toujours sous la pédale et semblerait pouvoir tout repousser. D'ailleurs, il a commencé son année tout doucement dans un handicap, avant de gagner sa listed, puis d'effectuer une percée spectaculaire dans les Gr.1.
Paddington et la grande équipe Coolmore (photo World Pool)
Tentant le pari avec Facteur Cheval, l'entraîneur marseillais Jérôme Reynier a failli réaliser l'exploit face au meilleur 3 ans européen, en trouvant un terrain hâché qu'il adore. Sous la selle de Maxime Guyon, il est venu titiller Paddington dans les derniers 200 mètres, en lui rendant du poids qui plus est, mais est tombé sur un crack. Facteur Cheval, c'est une histoire finalement bien française, puisque même s'il est né en Irlande, il a grandi chez Hubert Honoré qui l'avait acheté foal à Tattersalls pour 145 000 Gns. Il a du le racheter yearling, mais a fait la pirouette en le vendant à la Team Valor et Gary Barber après une victoire en débutant à Saint-Cloud. Il s'est depuis imposé parmi les meilleurs milers d'âge en France. D'ailleurs, son père Ribchester est depuis arrivé dans l'Hexagone pour faire la monte au Logis. Il réalise un exercice 2023 très solide, avec beaucoup de gagnants et déjà 2 black-type de 2 ans.
Toutefois, la victoire de Paddington, qui n'a rien en commun avec le nounours des dessins animés, est aussi celle du savoir-faire Français. Il porte le suffixe "GB" certes, mais a bien été élevé en France à l'Ecurie des Monceaux, qui l'a ensuite présenté à ARQANA pour le compte de la famille Wildenstein. Il avait ainsi été acheté 420 000 € par Laurent Benoit en octobre pour les "lads" de Coolmore, qui ont à cette époque commencé à beaucoup investir dans des produits de Siyouni, qui venait de leur donner St Marks Basilica. La star étalon des Aga Khan Studs, qui fait une année dantesque, présente un double intérêt pour Coolmore : déjà il est très bon, et deuxièmement, il amène une lignée mâle totalement outcross pour tout le sang de Sadler's Wells et Galileo, avec qui il croise à merveille. Paddington fera ainsi une recrue phare dans la cour des étalons Coolmore, et ce peut être dès 2024 vu la saison qu'il réalise.
Paddington à l'occasion des ventes de yearlings d'octobre ARQANA, où il avait été présenté par l'Ecurie des Monceaux
Paddington n'est pas dénué de sang de Sadler's Wells, mais celui-ci apparaît seulement en 3e génération, ce qui lui permettra d'être croisé avec ce sang si présent en Europe, et d'autant plus dans la galaxie Coolmore. Il est un savant mélange entre toute la vitesse que peut amener Siyouni à sa jumenterie, et le vrai classicisme des souches estampillées Wildenstein. Celles-ci reviennent d'ailleurs en force ces dernières saisons, avec beaucoup de black-type et des champions comme Persian King, et donc Paddington. Sa branche n'est toutefois pas la plus célèbre de la casaque bleue, même si elle est très prolixe. D'ailleurs, la mère Modern Eagle fut gagnante de listed sur 2500m, et avait déjà produit un black-type.
La ressemblance est frappante entre Paddington et Madelia, sa 4e mère, une championne classique sous la casaque Wildenstein (aprh)
Les 3 mères suivantes ont toutes courues les bonnes courses à 3 ans : Millionaia, la grand-mère, fut 2e du Prix de Diane, tandis que la 3e mère Moonlight Dance a gagné le St Alary. Quant à la 4e mère Madelia, elle a bien sur remporté le Diane, une course qui a souri à 5 reprises aux "Wildenstein". La pouliche tentait à l'époque de devenir la deuxième à remporter la « Triple Couronne », à savoir la Poule, le Saint Alary et le Diane. A 150 mètres du poteau, elle a versé sur sa gauche, avant de se jeter sur sa droite. Yves Saint-Martin aura eu toutes les peines du monde à empêcher sa partenaire de rentrer en collision avec la rivale Trillon. Par chance, Madelia parvint à conserver une courte tête d’avance sur Trillon. Une troisième couronne dans le Diane à l’émotion particulière pour Daniel Wildenstein. La jument, victime d’une fêlure du boulet ne sera plus revue en piste. Paddington lui, est facile comme un nounours, mais dur comme un roc...une fierté bien française dans ces Sussex Stakes 2023 !