François Bayrou joue Macron : le meilleur "cheval" de la course à l'Elysée ?
Il lui fallait impérativement se prononcer. Soit pour présenter une 4e candidature consécutive à l'élection présidentielle, soit pour...autre chose. Lui qui est allé jusqu'au score de 18,6% au 1e tour de 2007, à la porte du 2e tour et donc de la victoire, le dirigeant du Modem, s'est fait "piquer" sa place de champion du Centre par Emmanuel Macron, ce que n'avait pas réussi à faire Hervé Morin, dissident créateur du Nouveau Centre en 2007 mais contraint d'abandonner la course au Palais en 2012.
Néanmoins, François Bayrou reste une figure toujours très écoutée lors de ses interventions médiatiques, et qui conserve une force morale d'autant plus importante que se probité est restée intacte à 65 ans après 35 ans de carrière politique. Cette fameuse probité baffouée par Fillon qui risque fort de faire perdre à la droite une élection imperdable.
Paradoxalement, les élections présidentielles sont un exercice dans lequel Bayrou a toujours excellé mais après lesquelles il a beaucoup souffert politiquement. Pour rappel, François Bayrou s'est fait remarqué avec sa 4e place lors de sa 1e tentative en 2002, derrière Chirac, Le Pen et Jospin, avec 6,84% des voix. Dans la foulée, certains cadres de son parti, l'UDF, le lâche pour le nouvel UMP au pouvoir... Pour son 2e essai, Bayrou se retrouve comme le 3e homme qui peut faire pencher la balance entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. Il déteste le candidat de droite comme on peut détester le plus haïssable de ses voisins. Il penche pour Royal, ce qui n'empêche par Sarkozy de gagner finalement. En revanche, bon nombre de ses proches, habitués à un centrisme de droite, qui allait très bien notamment quand l'ancien enseignant fut Ministre de la Culture sous Balladur puis Juppé 1 et Juppé 2, se sont étranglés d'un choix " gauchiste." Des proches partent dans la maison du bon dieu Sarko, et sa fondation du nouveau parti MoDem à la fin de l'année 2007 se fera dans la douleur. Il ne retrouve pas la puissance de feu et la crédibilité de l'ancienne UDF.
Sa 3e tentative en 2017 se passe moins bien. Il continue à vouloir dépasser le clivage gauche droite mais ne fait pas sa place entre Hollande et Sarkozy. Après avoir regardé droit dans le yeux Marine le Pen avec 15% d'intention de vote, il plafonne finir et se ne conserve que la 5e place avec 9%. De là, l'homme qui conchie littéralement Sarkozy, annonce qu'il votera Hollande. Les gens de droite qui l'avaient rejoint s'étranglent une 2e fois. Quand au pire président de la 5e République, il ne manquera pas de trahir Bayrou dès son accession pluvieuse au pouvoir. Après course, il pouvait y avoir du regret, vu la valeur du partant Bayrou, face à la nullité du lot, le plus bas de gamme jamais vu depuis la Guerre (Phlippe Poutou, Nathalie, Arthaud, Jean-Luc Mélanchon, Eva Joly, François Hollande, Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen, Jacques Cheminade) le palois aurait quand même pu l'emporter.
Cette fois, les choses étaient plus claires. François Bayrou ne semblait plus avoir une telle envie de se présenter, d'autant plus que son ami Alain Juppé semblait avoir course gagnée. Juppé, homme de droite pondéré, au contraire de Sarkozy auquel il est reprroché sa surexcitation, et de Fillon, auquel il est reproché...le contraire (son côté sombre) était non seulement acceptable mais désirable, et avait l'immense avantage de mettre tout le monde d'accord ou presque parmi le peuple centriste, nombreux en France. De plus, il ne risquait pas de souffrir de casserolite aîgue, car cette maladie ressemble à la varicelle qui ne vous couche à terre que la 1e fois. Donc Bayrou annonce clairement avant la primaire de droite qu'il soutient Juppé sans équivoque, mais qu'il prendra ses responsabilités si pour une raison incroyable, le favori était battu. C'est à dire qu'il se présenterait face à Sarkozy si ce dernier battait Juppé à cette primaire. Sauf que rien ne s'est passé comme prévu ! C'est Fillon qui tire le gros lot, avant de se prendre les pieds dans le tapis des emplois fictifs dont les hommes politiques sont des champions. Bayrou, qui n'aimait déjà guère le sarthois, n'a plus de mots assez durs pour fustiger l'immoralité de l'affaire Pénélope.
Dans ce contexte, il lui est impossible de se rallier au candidat de droite...tout comme au candidat de gauche. Non seulement cela n'a pas porté chance les 2 dernières fois, mais pire encore, la gauche retombe dans ses délires post soixante huitards Le PS choisit Hamon, le psychédélique à costume noir, qui se lance dans le concours de la plus grande dépense publique avec Mélenchon, dont le programme économique est si peu crédible que même les pires communistes n'oseraient plus sortir des âneries pareilles. Et même si le Revenu Universel, magnifique supercherie qui a permis aux faux innocents Hamonistes de broyer du Valls, a été déjà mis au placard par Thomas Piketty, célèbre économiste conseiller du nouveau leader du PS, Bayrou se retrouvent aux antipodes de ces gens-là, lui qui prône l'équilibre budgétaire !
Or, Macron est là, et même bien là. Lui qui ne cherche pas du tout les soutiens d'encombrants repentis du socialisme de gouvernement, rejetés par leur camp pour excès de réalisme, Macron a mis moins d'une heure pour accepter le ralliement de Bayrou. Malgré sa déclaration débile sur la colonisation, pour lequel Bayrou lui a d'ailleurs signalé son incompréhension, cet Emmanuel Macron qui ne peut vraiment déplaire à personne, surtout aux gens de droite qui s'éloignent forcément un peu de Fillon, et aussi aux gens de gauche dont ma tante syndicaliste, qui m'a officiellement annoncé vouloir voter pour lui plutôt que pour les autres fous (SIC). Il pourrait bien réussir à dépasser ce fameux clivage gauche droite contre lequel Bayrou s'est battu en vain toute sa vie. Alors, l'éleveur mise sur le meilleur cheval a priori. Le plus important, ce sera surtout de bien se concentrer sur la dernière haie, la tant attendue présentation du programme, pour pouvoir ensuite filer au poteau sans mettre un sabot dans le trou.