Soumillon gagne la Dubaï World Cup avec Thunder Snow....sans faire de rodéo
Christophe Soumillon en selle sur Thunder Snow
Maintenant, dans les courses raisonnablement abordables pour un jockey européen, il ne lui manque plus guère que la Melbourne Cup, le Derby d'Epsom et le Kentucky Derby. Ces 2 dernières courses sont, avec l'Arc de Triomphe que Soumillon a gagné 2 fois (Dalakhani et Zarkava) les épreuves les plus rêvées du monde par tous les sportmen et les professionnels. Le Derby anglais est déjà très difficile d'accès pour les jockeys français, qui ne l'ont emporté que 3 fois (Yves Saint-Martin avec Relko en 1963, Olivier Peslier avec High Rise en 1998 et Mickaël Barzalona en 2011 avec Pour Moi.
Cheikh Mohammed Al Maktoum (avec des lunettes) accueille Thunder Snow et Christophe Soumillon.
Mais le Kentucky Derby, de loin la course la plus importante des Etats-Unis à Churchill Downs, semble inaccessible pour un jockey non seulement français mais européen. En selle du Seattle Slew, Jean Cruguet est le seul non américain à l'avoir emporté, au moins depuis la guerre, mais il était installé de longue date de l'autre côté de l'Atlantique, à l'image de Flavien Prat ou Julien Leparoux, qui évoluent aujourd'hui à un niveau tel qu'il peuvent prétendre à monter une 1ère chance dans le "Run for The Roses". Pour les autres, c'est une autre paire de manche. D'ailleurs, dans toute l'histoire, une seule et unique étape de la Triple Couronne américaine, dont le Kentucky Derby est la 1ère étape, a été remportée par une équipe européene, en l'occurrence l'irlandais Go And Go dans les Belmont Stakes 1990 avec Mick Kinane en selle pour Dermot Weld.
Aujourd'hui, seul Ryan Moore, le 1er jockey de Coolmore, est en position de gagner le Kentucky Derby, et pourquoi pas cette année avec Medelhsson, ce frère de Beholder, déjà vainqueur de la Breeders'Cup Juvenile Turf et si impressionnant lauréat des UAE Derby par 18 longueurs. Pour être plus précis, il faudrait dire Ryan Moore ET Christophe Soumillon, tant aucun défi n'est impossible pour ce pilote de génie, reconnu comme tel non seulement par ses compatriotes mais par certains des meilleurs entraîneurs internationaux. Et aussi incroyable que cela puisse paraître, Christophe Soumillon a déjà monté le Kentucky Derby avec une chance, mais n'y a pas fait 100 m de course !
Thuner Snow, peu après le départ du Kentucky Derby, part en plongeant à l'arrière-garde.
C'était l'an dernier, en selle sur...Thunder Snow, son fidèle destrier avec lequel il vient de s'envoler dans la Dubaï World Cup mais qui, ce jour-là, lui avait fait un très mauvais coup. Parti du 2 dans les stalles, il est parti en faisant des bonds comme un cheval de rodéo. Le cavalier est parvenu à rester en selle mais a dû l'arrêter immédiatement pour ne pas que l'affaire se finisse par un cheval en liberté sur la piste. Pourtant, il connaissait son cheval par coeur, ayant déjà gagné avec lui le Critérium International à Saint-Cloud (Gr.1) et le UAE Derby (Gr.1) devant la foule de Meydan qui avait déjà dû l'habituer à des tribunes combles. Seule la piste boueuse avec des flaques pouvait être une première pour lui. Le mystère reste entier d'autant plus que Thunder Snow n'a jamais recommencé cette fâcheuse facétie, gagnant toujours avec Soumillon le Jean Prat ensuite à Chantilly et aujourd'hui la Dubaï World Cup avec un mode opératoire aussi simple qu'agressif : devant et méchant.
Fils de l'australien Helmet (Exceed and Excel), qui fait la monte chez Cheikh Mohammed à Kildangan Stud, Thunder Snow est surtout le neveu de l'inoubliable West Wind, petite alezane considérée comme un 3ème couteau par les sélectionneurs de Maktoum à l'époque, donc envoyée par Alex Pantall pour tenter quelque chose en petite province, puis lauréate du Prix de Diane ! Rappelons qu'après Golden Horn, Thunder Snow est le 2ème champion dont le père de mère est Dubaï Destination, qui pourtant l'un des plus fameux désastres au haras des 15 dernières années.
En tout cas, son entraîneur Saeed Bin Suroor, qui se fait tailler des croupières actuellement par l'encombrant car talentueux Charlie Appleby, autre entraîneur de Godophin, tient une belle revanche en ayant touché le gros lot. Rappelons que Soumillon est né en Belgique, à Bruxelles. Comme on dit chez nous, il est français quand il gagne et belge quand il perd. Mais vu son rythme de victoires, il est français très souvent !