Grand Glory, la patience récompensée de Gianluca Bietolini
Réaction de Gianluca Bietolini après la 3ème place de Grand Glory dans le prix de Diane 2019.
Elle n'est pas forcément bien née par rapport à d'autres, et pas extraordinairement belle, mais pourtant, elle a un drôle de pétrole ! Elle a fendu le peloton du prix de Diane 2019, un peu tard pour gagner, mais à la manière d'une grande championne cette Grand Glory, rendant son entourage fou de joie, à commencer par Gianluca Bietolini, son entraîneur. Il faisait partie des 4 entraîneurs qui courait pour la première fois l'épreuve reine cantilienne, aux côtés de Nicolas Caullery, Christophe Ferland, et Frédéric Rossi, et quelle première ! Cette 3ème place, sonnait comme un succès, car Gianluca Bietolini avait tout misé sur la course, avec une pouliche qui avait emprunté des chemins de traverse pour s'aligner au départ du Diane. Le flair à l'italienne a encore fait mouche ! En effet, les propriétaires de Grand Glory voulaient absolument courir un Groupe avant de tenter le Diane, pourquoi pas le Cléopâtre en mai à Saint-Cloud. Ils ne comprenaient pas non plus le choix de Gérald Mossé en selle, digne remplaçant de Stéphane Pasquier, en selle pour Nicolas Clément dans le classique. Et pourtant, alors qu'elle n'avait pas couru depuis quasiment 2 mois, Grand Glory a prouvé qu'elle avait la pointure des Gr.1. Une étape importante dans une belle histoire.
Grand Glory s'élance vers le départ, ne se doutant pas qu'elle va finir 3ème comme une excellente pouliche. (APRH)
Passer d'une classe 2 au prix de Diane, le pari était osé, mais réfléchi et pas fou, quand on sait l'estime que porte l'entraîneur à cette Grand Glory. Pour cela, il lui a construit un parcours sur mesure, loin des préparatoires habituelles, qui peuvent parfois user pour le jour J. L'histoire avait commencé aux ventes de yearlings d'octobre ARQANA 2017, quand se présentait cette petite pouliche, issue de la première génération d'Olympic Glory. Elevée par le Haras de Bourgeauville, elle ne présente pas un pedigree de folie, en tous cas pour une prétendante classique. Sa 2ème mère est placée de Listed, et sa mère est la soeur d'une gagnante de Groupe au Canada, et de Marble Garden, gagnant de Listed par 2 fois, mais en obstacle. Ca tient la route, mais pas de quoi provoquer la folie des acheteurs. 18 000 euros, c'est le prix déboursé à l'amiable par Marco Bozzi pour acheter Grand Glory, pour le compte de Bartolo Faraci. La jument débutera plus d'un an après, en décembre à Deauville, par une très belle victoire. Elle est ensuite achetée par ses propriétaires actuels, Albert Frassetto, homme d'affaires dans l'immobilier, basé au New Jersey, John d'Amato et Mike Pietrangelo, un groupe de franco-italiens, venus encourager dimanche leur protégée. A 3 ans, elle avait seulement couru 2 fois, terminant 2ème du prix Rose De Mai, puis gagnant une classe 2 avec style à Saint-Cloud.
Grand Glory après ses débuts deauvillais en décembre dernier. (APRH)
Gianluca Bietolini a des chevaux à Maisons-Laffitte depuis 2013, a passé sa licence française en 2015 seulement. En l'espace de 4 ans, il a touché plusieurs très bons chevaux, même s'il ne travaille qu'avec un effectif d'une petite trentaine de chevaux. En 2014 il remporte le prix des Sablonnets avec Jolly Good Kitten, un des premiers Kitten's Joy vu en France. En 2015, il achète à réclamer Dicton, et ce cheval va lui faire connaître ses premiers émois du haut niveau en France, remportant le prix de Fontainebleau (Gr.3) et se classant 3ème de la Poule d'Essai des Poulains et du prix du Jockey-Club. Cette année, il peut compter sur Pure Zen, récente 2ème du prix de Sandringham (Gr.2), et achetée aujourd'hui 500 000 £ par Federico Barberini à la Goffs London Sale, et bien sûr Grand Glory, et le prometteur Alkaid. La majorité de ses propriétaires sont italiens. Bien avant la France, Gianluca avait déjà connu le haut niveau en Italie que ce soit en obstacle ou en plat, depuis tout jeune, avec un père entraîneur, un frère jockey, et lui gentleman-rider. Mais les courses en Italie sont maintenant bien moins attractives qu'avant, et on voit de plus en plus d'italiens quitter leurs terres avec succès qui plus est !
Andrea Marcialis, un autre italien qui fait feu de tout bois en France. (APRH)
Il y en a quelques uns en France, comme Davide Satalia, Daniele Zarroli, Mauricio Guarnieri ou encore Attilio Giorgi. Celui qui fait le plus parler de lui en ce moment est Andrea Marcialis, qui réalise une saison incroyable. Il a récemment intégré le top 10 français pour la 1ère fois, et compte 28 victoires et 80 placés en 154 courses. Des statistiques incroyables pour un homme qui ne monte pas au dessus de 40 chevaux à la maison ! Il commence en plus à remporter de très belles épreuves, s'étant offert un 1er Gr.3 en France avec Sestilio Jet dans le prix de Saint-Georges, et pouvant aussi compter sur l'ultra-régulier Way To Paris, stayer en devenir, qui avait offert à Andrea son 1er partant dans l'Arc en 2018. Dans le genre "histoire folle", il a ce dimanche gagné un Gr.3 en Allemagne avec Brian Ryan, cheval qu'il avait acheté pour moins de 10 000 euros en début d'année, et qui a enchaîné les succès depuis. C'est çà la classe à l'italienne ! De plus, il compte désormais dans ses rangs des grosses casaques comme celles de Gérard-Augustin Normand ou encore l'Ecurie Normandie Pur-Sang. Les italiens, élevés à la dure, ne sont donc pas prêts de s'arrêter, et le Gr.1 semble de plus en plus proche grâce avec Grand Glory...
Sestilio Jet, le fer de lance de Andrea Marcialis, après sa victoire de Gr.3.