Vers quelle reprise progressive des courses en mai ?
Mdracafeu reste le dernier vainqueur d'une course en France avant la fermeture, lors de la 8e course de la réunion du 16 mars à Compiègne, sous la selle d'Hugo Besnier et l'entrainement de Mickaël Seror. (photo APRH)
Les dirigeants des courses sont confrontés à un scénario catastrophe qui se traduit par un épouvantable casse-tête. Bien qu'en état de marche, l'outil de production est ainsi empêché de fonctionner et tous les scenaris de reprise avec les programmes élaborés peuvent devenir caduques à chaque instant des suites d'une nouvelle annonce gouvernementale.
Directeur de France Galop, Olivier Delloye passe ses journées au téléphone. Il nous avait décrit la situation dans les grandes lignes en fin de semaine dernière. Voici le résumé qu'on peut fournir à la lumière des annonces faites par le Président de la République, et suite au communiqué livré par France Galop et le Trot le 14 avril. Pour faire simple, les courses premium devraient pouvoir reprendre, à huis-clos, sans doute pas le 4 mai comme envisagé lors de la fermeture, mais probablement le 11 mai. Ce sera un grand bol d'air pour les professionnels. Néanmoins, à cette période, les cafés ne seront toujours pas ouverts sauf les tabacs, donc les points de vente seront pour la plupart inaccessibles. Il faudra alors s'attendre à des enjeux trop faibles pour assurer la rentabilité de l'entreprise. Notons que cela pointe le doigt sur le retard numérique accumulé par le PMU depuis tant d'années.
Directeur de France Galop, Olivier Delloye remet le trophée à Félix de Giles après sa victoire dans le Prix Troytown (Gr.3) le 14 mars à Auteuil en selle sur Ebonite.
Mais une reprise du programme dans ces conditions de huis-clos a déjà été prévue par les organisateurs, qui ont adopté une politique volontariste. Les Grands Prix et classiques comme le Jockey-Club, le Diane ou le Grand Steeple-Chase de Paris seront reculés jusqu'au début de l'été, le circuit préparatoire pourrant donc avec lieu de façon décalée mais cohérente. En effet, une génération de 3 ans ne peut pas être privée de son programme de sélection, car c'est, à la base, la raison d'être des sociétés mères. Dans la mesure du possible, les Grands Prix se disputerons sur l'hippodrome prévu. Quant à une reprise régionalisée, la question reste posée. Toutefois, la France n'est pas l'Allemagne avec ses landers. Jacobine par culture profonde, la nation applique toujours les décisions régaliennes de façon uniforme sur tout le territoire.
De façon générale, les réunions premium seront gonflées pour monter à 10 ou 12 courses selon les cas. Le point positif est qu'à cette période de l'année, le nuit tombe très tard,donc la luminosité ne pose pas tant de problèmes mais il faut aussi préserver les pistes en gazon, fragiles par nature. De nombreuses courses seront dédoublées, des handicaps reprogrammés à la chaine et des courses d'inédits ajoutées pour que les jeunes puissent débuter dans de bonnes conditions. Côté professionnel, il est entendu que les chevaux courront sans doute à un rythme plus rapproché qu'à l'habitude, puisqu'après tout ils auront tous pris 2 mois de vacances.
Remporté par Channel l'an dernier, le Prix de Diane Longines aura lieu plus tard qu'à l'habitude. La question reste de savoir s'il sera disputé à huis clos ou en public.
Mais tout pendant ce temps là, les courses hors PMH ne pourront pas avoir lieu à cause des mesures limitant le nombre de personnes sur un même lieu et ce jusqu'à la mi-juillet. Il est évident que le nombre de 100 personnes, voire même 1000 personnes est très vite atteint en province, surtout en comptant sur tous les acteurs socioprofessionnels et les bénévoles. Il est fort peu probable que ces réunions, non-rentables financièrement pour l'institution, soient reprogrammées, en tout cas pas dans leur intégralité. On peut tout de même espérer que le 2e semestre sera densifié par tout ce qui pourrait se courir dans des conditions raisonnables, avec pourquoi pas, des réunions de province pendant les jours de semaine au cours d'un été qui sera de toute façon bouleversé et devant un public qui partira forcément moins longtemps et moins loin en vacances.
Les courses PMH ne pourront toujours pas redémarrer le 11 mai,
La piste allemande, consistant à faire recourir des épreuves avec des allocations diminuées de 50%, pourrait s'entendre pour les courses de plat françaises, même si cela ferait lobjet d'un débat certainement houleux. Mais pour l'obstacle, avec tous les risques encourus à chaque sortie, on imagine que beaucoup de propriétaires et d'entraineurs préfèreront attendre l'automne pour ressortir les chevaux, qui de toute façon ont des perspectives de carrière plus étalées dans le temps.
Et la facture de la perte ? Evidemment, les sociétés-mères doivent négocier avec l'Etat sur le montant du prélèvement, afin qu'il soit suffisamment diminué pour que les courses conservent leur budget de fonctionnement. Les montants permettent cette marge de manoeuvre, si l'Etat bien sûr accepte de s'assoir sur plusieurs dizaines de millions d'euros de revenus afin de sauver la filière et ses acteurs de la banqueroute.
Cette perspective n'est pas impossible a priori, car la direction de France Galop note comme bon point le fait que le gouvernement se montre très réactif sur le traitement du sujet des courses et ne botte pas en touche. Croisons les doigts et les sabots !