Sharjah et Willie Mullins aiment danser le Matheson à Leopardstown !
Patrick Mullins peut lever le poing: il remporte son troisième Matheson Hurdle (Gr.1) d'affilée en selle sur le "FR" Sharjah (© Patrick McCann)
"Il est comme le Père Noël: il apparaît chaque année pour distribuer les cadeaux !". Tels ont été les mots, relatés par nos confrères journalistes hippiques d'outre-Manche, employés par le jockey Patrick Mullins pour décrire son fidèle partenaire, Sharjah, avec qui il a réalisé l'exploit de remporter le Matheson Hurdle (Gr.1) de Leopardstown pour la troisième année consécutive. Un joli cadeau de Noël pour ce top jockey amateur, sacré champion à 12 reprises (!) dans cette catégorie en Irlande, et qui a eu la joie de remporter hier le seizième Gr.1 de sa carrière, au prix d'une monte des plus inspirées, et en selle sur un cheval qu'il connait mieux que personne.
Sharjah et Patrick Mullins, au passage du poteau d'arrivée de Leopardstown... (© Patrick McCann)
Après avoir longtemps musardé à l'arrière-garde, tout en étant relativement proche des animateurs, le représentant de la casaque rose à pois verts de Rich Ricci s'est progressivement rapproché de la tête, sautant la dernière haie en troisième position, juste dans leur dos, avant d'être empoigné par son jockey et de très bien accélérer pour prendre définitivement le meilleur sur le plat, s'imposant de deux franches longueurs devant Aspire Tower (Born To Sea), tandis que Petit Mouchoir (Al Namix), l'un des autres "FR" de la course, se montre courageux pour préserver la troisième place, en léger retrait des deux premiers.
Un succès mettant de nouveau sur le devant de la scène Doctor Dino, le père de Sharjah, auteur d'un deuxième semestre de toute beauté par le truchement de ses produits, notamment grâce au champion de Louisa Carberry et des époux Gasche-Luc, Docteur de Ballon, qui a réalisé l'historique doublé Grand Steeple-Chase de Paris (Gr.1) - Prix La Haye-Jousselin (Gr.1) au cours de l'automne. Auteur d'une carrière de courses absolument remarquable sous la férule de Richard Gibson, ponctuée par huit victoires de 2 à 6 ans, sur des distances allant de 1.200 à 2.400 mètres, remportant notamment le Hong-Kong Vase (Gr.1) à deux reprises ainsi que les Man O War Stakes (Gr.1) de Belmont Park, aux États-Unis, Doctor Dino s'est ensuite pleinement révélé en tant qu'étalon. Dans les deux disciplines du galop qui plus est, puisque ce fils du grand Muhtathir peut aujourd'hui se targuer d'être le père de nombreux gagnants en plat, comme Villa Rosa et Golden Legend, lauréate toutes deux de La Coupe (Gr.3) de Maisons-Laffitte ainsi que du Prix Bertrand de Tarrgon (Gr.3) pour la seconde nommée, mais également en obstacle. Outre Sharjah et Docteur de Ballon, Doctor Dino a également engendré les excellents Master Dino, vainqueur à Auteuil des Prix Cambacérès (Gr.1) et Renaud du Vivier (Gr.1) à 3 et 4 ans, La Bague Au Roi, double gagnant de Gr.1 outre-Manche, Sceau Royal, victorieux du Henry VIII Novices' Chase (Gr.1) de Sandown, en 2017, ou encore Ladyville, lauréate du Prix Sagan (Gr.3) sur la Butte Mortemart au début de l'été. Une descendance des plus flatteuses pour l'étalon du Haras du Mesnil de la famille Devin, qui fera la monte la saison prochaine au prix de 18.000€ la saillie.
Âgé de 7 ans aujourd'hui, Sharjah est né et a grandi en Vendée, au Haras de Beauvoir, étant le quatrième produit de Saaryeh, une fille de Royal Academy gagnante en plat, à 3 ans, devenue ensuite la mère de trois autres vainqueurs en plus de Sharjah, et parmi eux figure Sahawar, ancien protégé de Christophe Ferland comptant six accessits au niveau Listed. La grand-mère, Belle Argentine, avait elle-aussi montré des moyens en compétition, remportant notamment le Prix La Camargo (L.) à Saint-Cloud, juste avant de terminer troisième de la Poule d'Essai des Pouliches (Gr.1) puis quatrième du Prix de Diane (Gr.1) en 1994. Devenue poulinière, cette dernière a ensuite donné au haras les non moins doués Matloob, troisième des Solario Stakes (Gr.3) de Sandown, ainsi qu'une certaine Alzeera, lauréate des Cornwallis St. (Gr.3) à Ascot notamment avant d'engendrer une gagnante "black-type" en l'espèce de la "Godolphin" et "girl in blue" Majeyda.
Philippe Michenot (tout à gauche), l'homme à la tête du Haras de Beauvoir et éleveur de Sharjah (© APRH)
Présenté par le Haras de Beauvoir à Arqana, lors de la vente de yearlings d'octobre, en 2014, Sharjah avait fait tomber le marteau en faveur de Norris Bloodstock & Huntingdon, qui étaient montés jusqu'à 30.000€ pour pouvoir se porter acquéreur du poulain. Un poulain qui a tout d'abord débuté sa carrière en plat, dans l'Hexagone, chez Jonathan Pease, avant de rejoindre les boxes d'Henri-François Devin pour qui il s'est notamment imposé à 3 ans, sur la fibrée deauvillaise. Exporté ensuite outre-Manche, Sharjah a intégré l'effectif de Willie Mullins pour qui il compte à ce jour sept victoires. Trois ont donc eu lieu dans le Matheson Hurdle (Gr.1) de Leopardstown mais également dans le Morgiana Hurdle (Gr.1) de Punchestown, en 2018, où il devançait, avec la manière, son compagnon de casaque et grande légende de l'obstacle irlandais, Faugheen. Fort également d'un autre succès dans le très populaire et convoité Galway Handicap Hurdle, ainsi que d'une deuxième place à Cheltenham, dans le Champion Hurdle (Gr.1) de cette année, Sharjah s'apprête à peaufiner sa préparation en vue d'un nouveau raid vers la Mecque de l'obstacle mondial, le représentant de Rich Ricci étant d'ores et déjà engagé dans l'Arkle Trophy (Gr.1) ainsi que dans le Champion Hurdle (Gr.1) du festival de Cheltenham 2021.
Sharjah, défaisant le crack Faugheen dans le Morgiana Hurdle de Punchestown, en 2018 (© Patrick McCann)
Ce dernier marche ainsi dans les traces d'authentiques champions d'obstacle de l'île d'Émeraude, que sont Istabraq et Hurricane Fly, co-détenteurs du record de victoires dans ce Matheson Hurdle (Gr.1) avec quatre succès chacun. Si Sharjah remporte pour la troisième fois d'affilée cette épreuve, son metteur au point, Willie Mullins, la remporte quant à lui pour la huitième fois de sa carrière car, outre Hurricane Fly et Sharjah, le génial metteur au point du comté de Carlow a également préparé et sellé Nichols Canyon, vainqueur de cette course en 2015 sous la selle de Ruby Walsh. Pour la petite histoire, il faut savoir qu'hormis les trois victoires du fils de Doctro Dino obtenues en 2018, 2019 et donc 2020, il faut remonter à la fin des années 1980 pour retrouver le nom d'un autre triple lauréat de cette course de manière successive, en l'espèce de Grabel, vainqueur des éditions 1987, 1988 et 1989 de ce Matheson Hurdle (Gr.1). Ce dernier n'était autre qu'un pensionnaire d'un certain Paddy Mullins, une légende parmi les légendes chez les entraîneurs de chevaux de courses en Irlande, et dont le partenaire de sa première victoire en 1987 était l'un des enfants de son metteur au point... Willie Mullins !
Willie Mullins, signifiant avec ses doigts la troisième victoire d'affilée de Sharjah dans le Matheson Hurdle (Gr.1) (© Morgan Treacy)
Une victoire de Gr.1 résulte bien souvent d'un long et gros travail d'équipe (© Patrick McCann)
En effet, avant d'être le metteur au point mondialement renommé que l'on connaît, le grand Willie a pendant quelques années lui-même endossé l'habit de lumière, terminant même tête de liste chez les jockeys amateurs pendant six saisons en Irlande. Mais c'est bel et bien Willie l'entraîneur que l'on a vu exceller lors de ces "Christmas Festival" de Leopardstown et Limerick, voyant 16 de ses 49 partants passer le poteau en tête, avec en prime six victoires de Gr.1, acquises par le truchement de deux "IRE", Monkfish et Colreevy, et de quatre "FR", Appreciate It, Franco de Port, Chacun Pour Soi et Sharjah. Tant de victoires et de trophées accumulés à tel point que le coffre de la Titine n'est pas assez grand pour y caser tous ces derniers ! Une bonne raison pour, pourquoi pas, en demander une avec un coffre plus grand l'an prochain, car nul doute que tous les chevaux cités précédemment sauront de nouveau se mettre en évidence, tant du côté de Cheltenham que de Punchestown... et de Leopardstown, Sharjah aimant particulièrement s'y rendre chaque année, à la Noël, afin de célébrer la Nativité avec toute l'écurie Mullins !
">https://twitter.com/LeopardstownRC/status/1343954824392531968?ref_src=twsrc%5Etfw">December 29, 2020The one thing @WillieMullinsNH needs for Christmas ????....
— Leopardstown RC (@LeopardstownRC) December 29, 2020
A car ????with a bigger boot! #LRCChristmas pic.twitter.com/9GYmQ6OTpb