Laskalin, le Périgord et l'obstacle dans les veines
Laskalin et Damien Mescam, vainqueurs à Pau du Prix Bernard de Dufau (L.), édition 2020 (© Robert Polin)
Si le Périgord est aujourd'hui mondialement connu, et réputé, pour la beauté de ses paysages, parsemés de châteaux, grottes et villages tous plus charmants les uns que les autres, ainsi que pour la richesse de sa gastronomie, cette région n'est pas non plus en reste en termes d'élevage de chevaux de course, abritant en son sein quelques structures dont les produits qui y sont nés et passés une grande partie de leur enfance ont ensuite porté haut le blason de la région, parfois à haut niveau, sur les différents champs de courses de France et de Navarre. C'est le cas notamment de la famille Cheyrou, dont l'élevage situé sur la commune de Lanouaille, en Dordogne, géré aujourd'hui conjointement par le patriarche, Alain, avec sa fille, Christine, a été mis à maintes reprises sur le devant de la scène ces dernières années grâce aux victoires de plusieurs de leurs protégés issus d'une même fratrie, emmenés notamment par Laskalin, un pensionnaire de Mickaël Mescam, qui a remporté la première Listed de sa carrière hier, sur l'hippodrome de Pau, à l'occasion du Prix Bernard de Dufau, préparatoire au prochain Grand Prix de Pau (Gr.3).
Après avoir évolué à mi-peloton durant la majeure partie du parcours, Laskalin a commencé à faire mouvement au dernier passage en face, abordant le tournant final parmi les chevaux de tête, leur prenant même le meilleur un instant, avant de faire une petite faute au franchissement de la douve, avant-dernière difficulté du parcours. Le représentant de la M.L. Bloodstock Ltd. s'est ensuite très bien ressaisi pour venir sauter la dernière haie dans la même foulée qu'Ediboum (Buck's Boum), avant de le déborder sur le plat, répondant très bien aux sollicitations de son fidèle partenaire, Damien Mescam. Laskalin devance ainsi de deux longueurs et demies Ediboum, qui ne démérite absolument pas dans ce genre de tournoi et prend une excellente deuxième place, juste devant l'animateur de la première heure, Caroubier (Kap Rock), qui se montre courageux pour conserver le second et dernier accessit de cette épreuve.
Bon sauteur sachant s'économiser dans un parcours, Laskalin passe ainsi le poteau en tête pour la quatrième fois de sa carrière à Pau, l'hippodrome du Pont-Long ayant également très bien réussi par le passé à sa propre soeur par le roi Martaline, Laskaline. En effet, cette ancienne pensionnaire de Guy Cherel est restée invaincue en trois tentatives au Pont-Long sous la selle de son partenaire d'alors, Cyrille Gombeau, s'imposant notamment à 4 ans dans le Prix Antoine de Palaminy (L.). Une formidable jument de course, qui a aussi brillé de mille feux sur la Butte Mortemart, à Auteuil, en parvenant, entre autres, à faire sien les Prix Magne et Sagan au niveau Listed, à 3 ans, ainsi que le Prix Duc d'Anjou (Gr.3) au cours de son quatrième printemps.
Laskaline, propre soeur par Martaline de Laskalin, autre sauteuse d'exception élevée elle aussi dans le Périgord (© APRH)
Côté maternel, Laskaline et Laskalin ont pour mère Laskadya, une fille de Lashkari entraînée elle-aussi dans la Sarthe à l'époque, par Guy Henrot, remportant d'ailleurs deux courses plates sous la férule de ce dernier avant d'entrer au haras pour y entamer une nouvelle carrière de poulinière. Et quelle carrière ! Sur neuf produits, huit ont passé le poteau en tête ! Un nouveau métier que Laskadya a tout d'abord exercé au Haras des Sablonnets de la famille de Talhouët-Roy, toujours dans la Sarthe, cette fille d'Akadya (Prix Thiberville, L.) et soeur d'Aka Lady (Prix Petite Étoile, L.) mettant notamment au monde le bon Triple Agent, quintuple lauréat en piste en plus d'une troisième place à Clairefontaine, dans le Grand Steeple-Chase de Deauville (L.). Alors pleine de Samdoun pour la deuxième fois, Laskadya a ensuite quitté les prés sarthois du Haras des Sablonnets pour ceux de la famille Cheyrou, en Dordogne. Un petit élevage périgourdin qui a également vécu de très grands moments grâce à d'autres produits de Laskadya, notamment Kinglaska, vainqueur du Prix Leopold d'Orsetti (Gr.3) à Enghien, ainsi que Laskadoun, une double lauréate sur le steeple de Clairefontaine devenue ensuite la mère de Laskadine, qui avait brillé dans le Finot des Pouliches en 2019, avant d'être exportée outre-Manche.
Kinglaska, l'un des autres frères victorieux de Laskalin, dans ses oeuvres sur les haies d'Enghien (© APRH)
Apparu pour la première fois sur les programmes au deuxième semestre de ses 4 ans, Laskalin a débuté par une honorable quatrième place sur les haies du Touquet, avant de glaner consécutivement deux deuxièmes places sur les "balais" d'Argentan et de Strasbourg, puis de parvenir à débloquer son compteur de victoires, à Fontainebleau, fin novembre 2019. Préparé avec soin pour le meeting de Pau de l'an dernier par son entraîneur, Mickaël Mescam, et toute son équipe de Savigné-l'Évêque, dans la Sarthe, le représentant de la M.L Bloodstock Ltd. est ensuite sorti vainqueur à trois reprises consécutives de ses combats sur l'hippodrome de Pau, ponctuant son meeting d'hiver 2019-2020 par un succès plein d'autorité dans le Prix Gaston Phoebus, le jour du Grand Cross de Pau (L.). Sixième du Prix Robert de Clermont-Tonnerre (Gr.3) à la réouverture d'Auteuil, en février dernier, Laskalin n'avait plus été revu en compétition depuis, jusqu'à sa bonne rentrée sur les haies de Fontainebleau cet automne, terminant troisième du Prix du Debucher, avant de nouveau terminer sur la dernière marche du podium pour sa réapparition sur les gros obstacles du Pont-Long, dans le Prix du Château de Pau, épreuve où il rendait du poids à plusieurs des adversaires qu'il retrouvait ce lundi.
Les frères Mescam, Mickaël et Damien, et une partie de l'équipe du premier nommé, entourant Laskalin après sa victoire d'hier dans le Prix Bernard de Dufau (L.) (© Robert Polin)
Suite à ce beau succès décroché à l'occasion de ce Prix Bernard de Dufau (L.), Laskalin permet ainsi à son jeune metteur au point, Mickaël Mescam, de remporter une deuxième victoire sur l'hippodrome du Pont-Long cet hiver, trois semaines après celle acquise par Pinacloudown en début de meeting, et à son frère Damien Mescam, de franchir de nouveau le poteau en tête après une disette de succès de plus de cinq mois.De quoi redonner le sourire à ce sympathique pilote, pas épargné par les chutes et les coups durS au cours de sa carrière, et que l'on devrait revoir dans trois semaines maintenant (le dimanche 24 janvier, ndlr) en selle sur Laskalin dans la "belle", le Grand Prix de Pau (Gr.3), 134ème du nom, qu'homme et cheval vont tenter de remporter pour la première fois de leur carrière, et ainsi porter haut les couleurs de la Sarthe et du Périgord jusqu'au sommet des Pyrénées. On a hâte d'y être !