Guy Henrot, de retour au 1er plan sur le cross palois

10/02/2021 - Actualités
Dimanche, l’hippodrome du Pont-Long organisait son avant-dernière réunion du meeting, mettant à l’honneur la discipline du cross. Outre le Grand Cross, la plus belle épreuve de la discipline, réservée aux Cavalières et Gentlemen-Riders, a permis de faire briller les couleurs d’un homme particulièrement attaché à cette discipline, Guy Henrot. Retour sur le passé et sur ce succès, tout aussi remarqué par la 1ère victoire sur le cross palois de son GR, Thomas Guineheux. 

Guy Henrot, en compagnie de Criquette Head ©aprh

 

Depuis le 8 décembre 2009, les couleurs beige manches oranges n’ont eu que peu d’opportunités de briller en course. Portée une douzaine de fois, essentiellement en cross, excepté un cheval de plat confié à son ami Alain de Royer Dupré, la casaque Henrot revient sur le devant de la scène sur un hippodrome et dans une spécialité chers à son détenteur. Effectivement, Pau et le cross ont toujours été dans le cœur de Guy Henrot.
 
Non issu du sérail, ses parents étaient musiciens professionnels, comme sa sœur, Eve Ruggiéri (qui a fait carrière à la radio et à la télévision), Guy a obtenu un 1er Prix au Conservatoire de Nice. Mais, « piqué » par le cheval au détour d’un après-midi aux courses de Pompadour, son avenir devait se dessiner, coûte que coûte, non pas sur les tablatures, mais bien sur les pistes. Jouissant de la proximité de l’hippodrome de Cagnes en habitant dans le Sud-Est, Guy fréquente alors l’ecurie de M. Fricotelle et bénéficie de l’expérience de grands jockeys d’obstacles venant chez ce dernier. Poursuivant ses études en préparant un professorat de dessin à Paris, Guy se trouve éloigné des chevaux. Mais qu’à cela ne tienne, l’homme n’est pourtant breton, mais il est têtu et déterminé. C'est auprès des chevaux que son avenir doit "se dessiner". Il lâche donc ses études et intègre une écurie à Maisons-Laffitte, avant de travailler, à Chantilly, chez Mike Bartholomew, puis devenir entraîneur, et se faire un nom dans le microcosme, colonne entraîneur, avec 2370 succès à son actif, et un triple titre de tête de liste des entraîneurs, et recordman du nombre de victoires pour un entraîneur de l’Ouest, avec 169 succès en une année.
 
 
Guy Henrot embrassant Baraka de Ver après sa victoire dans le Grand Cross de Pau 1974
 
 
Mais avant cela, Guy Henrot a usé ses fonds de culottes en course. Gentleman-Rider durant 9 ans, il franchira le pas en prenant sa licence de jockey, pendant 5 ans. Ayant un goût prononcé pour la discipline de l’obstacle, et plus particulièrement, le cross-country, Guy peut se targuer d’avoir épinglé, à son palmarès, le Grand Cross de Pau. C’était en 1974, en selle sur Baraka de Ver, sous l'entrainement de Roger Chaignon. A cette époque, le parcours était de 5000m, et les tombés avaient le droit de remonter à cheval. Toujours vu en 4-5ème position, d’un peloton composait de 8 partants, Baraka de Ver prenait l’avantage dans le dernier tournant et se détachait irrémédiablement pour rallier le poteau. Guy Henrot obtenait le graal tant, convoité : une victoire dans le Grand Cross Palois. Comme nombre de ses collègues, la difficulté de stabiliser son poids se faisant sentir, il prendra la décision, quelques années plus tard, d’arrêter sa carrière et devenir entraîneur. Avec ce nouveau statut, il obtiendra quelques victoires en obstacles, mais se focalisera plus sur l’entraînement de plat, ayant une clientèle plus axée sur cette discipline, exerçant à Luché-Pringé, dans la Sarthe. Depuis, l’heure de la retraite a sonné. Dominique Sépulchre fut, un temps, entraîneur sur ce centre privé, et aujourd’hui, la jeune garde a pris possession des lieux, Mathieu Brasme et Edouard Monfort y entraînant à leur tour, tandis que Guy Henrot, homme d'Art, est devenu marchand spécialisé dans l'art animalier, et plus spécialement, dans le sport équestre. Vous pouvez consulter les objets en vente sur le site dédié :  Equestrart
 
 

Vif Ardent, sur le steeple d'Auteuil, en septembre 2019, sous les couleurs de Jacques Liscia ©aprh
 
Aujourd’hui, Guy Henrot rêve encore de remporter, à nouveau, le Grand Cross de Pau tout en s’y donnant les moyens, et pour preuve. Comme évoqué plus haut, c’est en décembre 2009 que la casaque Henrot passait, pour la dernière fois, le poteau en tête. Cette victoire était obtenue en cross, dans le Hubert de Navailles, une des préparatoires au Grand Cross, par Notez Le, entraîné par Philippe Peltier et monté par Sébastien Zuliani. Le rêve était permis, mais, malheureusement, ne se réalisera pas. Dans la belle, le Prix Gaston de Bataille, Notez Le chute. Tous les espoirs étaient donc perdus. Mais comme l’on dit, la bataille est perdue mais pas la guerre ! Comme l’explique Guy Henrot, à juste titre, un cheval de cross est long à fabriquer. Et lorsque que ce dernier est fabriqué, les propriétaires ne sont, généralement, pas très vendeurs. Il est compliqué de trouver un cheval, clé en main, ou quasiment. Mais l’homme, toujours à la quête d’un cheval pouvant briller à ce niveau, observe… C’est ainsi que son œil se porte sur Vif Ardent (Network). Alors entraîné par Patricia Butel et Jean-Luc Beaunez, le cheval, perdant, semble-t-il, un peu de moral en haies et en steeple, est dirigé sur le cross. 4ème pour ses débuts, au Touquet, début septembre 2020, il retournera courir en steeple, à Auteuil, avant de reprendre le chemin des cross, courant à Fontainebleau à 2 reprises (Tbé puis 3ème). Patrica Butel décide de placer Vif Ardent chez Jean-Luc Guillochon pour disputer les cross palois. Toujours dans l’œil de Guy Henrot, le cheval confirme ce qu’il pense de lui, obtenant une 6ème place puis, terminant 2ème de Netcam, la veille de Noël, le cheval semble se faire au cross. 4ème par la suite, et sous l’insistance de Guy Henrot, Jacques Liscia accepte de lui vendre Vif Ardent.
 
 
Guy Henrot, à gauche, pose aux côtés de Jean-Luc Guillochon, Vif Ardent, Thomas Guineheux et sa compagne ©Facebook de l'hippodrome de Pau
 
 
La suite, vous la connaissez ou vous la devinez, Vif Ardent dispute le Guy Lefrant, cross réservé aux Cavalières et Gentlemen-Riders, et le remporte, sous la monte de Thomas Guineheux, qui gagne ainsi son 1er cross en terre paloise (il n’avait, jusque là, participé qu’à 2 reprises à un cross sur l’hippodrome du Pont-Long). Présent sur l’hippodrome, Guy Henrot était extrêmement ravi de la prestation de son représentant, cheval franc, agile, appliqué et courant à l’économie, nous confiera Thomas Guineheux. Pour sa part, Guy Henrot ne nous cache pas que la suite de sa carrière sera axée sur le prochain meeting de Pau. Ah, ce Grand Cross !  Il trotte dans la tête de bon nombre de professionnels et de passionnés, et, à juste titre, ce Vif Ardent semble avoir les moyens d’offrir à Guy Henrot, la victoire tant attendue. Nous prenons donc rendez-vous avec le meeting prochain, d’autant plus que Jean-Luc Guillochon sait préparer un cheval pour ce Grand Cross, preuve en est, sa victoire, en 2008, avec Monsieur Levicomte
 
Pour la petite histoire, Notez Le remportait ce Prix Guy Lefrant, en 2008, sous la selle du Dr Patrick Pailhès. 1 an plus tard, il terminait 4ème du Grand Cross...
 
 
Thomas Guineheux, portant les couleurs de Vif Ardent ©aprh

 

Grâce à Vif Ardent, Thomas Guineheux, Champion du Monde des Gentlemen-Riders, inscrit à son palmarès la 35ème victoire (la 25ème en obstacles) de sa carrière, la 1ère sur le cross palois. Tout heureux de cette victoire, il nous a confié que le cheval avait changé depuis qu’il avait pu lui être associé, en juillet 2019, sur le steeple de Clairefontaine : « Il a repris du moral depuis qu’il court en cross. Il se gère bien, s’économise et est agile. Au second passage de route, il réussit à faire 3 foulées entre le contre-bas et le contre-haut (contre 2 en général), chose assez rare. De ce fait, il franchit le contre-haut avec de la puissance. Encore un peu « vert » sur les obstacles de terre, il va continuer d’apprendre son métier, et semble capable de devenir un cheval de Grand Cross. Je suis heureux, à plusieurs titres, de remporter cette course. Vif Ardent est le premier cheval que ma copine ait monté à l’entraînement, je gagne pour un homme de cheval respecté et qui a marqué l’histoire des courses. Gagner sur le cross de Pau est quelque chose d’important dans une carrière, tant de jockey que de Gentleman-Rider. Maintenant, je souhaite, au moins, participer au Grand Cross de Craon, le remporter, ce sera la cerise sur le gâteau. »

 

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