Réformes de l'obstacle : la grande interview de Jacques Détré
Le séminaire du 30 et 31 mai a fait se pencher des socioprofessionnels sur une étude du PMU sur les courses à obstacles. En effet, l'obstacle souffre d'un déficit d'enjeux à cause d'un nombre de partants souvent trop faible, de la perception d'un côté trop technique aléatoire du point de vue du parieur. Enfin, l'obstacle est considéré comme dangereux par une partie des clients du PMU, ce qui pose bien sûr des soucis grandissant dans le contexte du bien-être animal. 3 thèmes ont été l'objet des réflexions : les Propriétaires, les programmes et partants, le marketing de l'offre et des paris.
1 - Propriétaires :
Le constat est que le propriétariat se professionnalise. A la base par défaut de clients, et conséquemment pour bénéficier de la manne financière des achats des jeunes sauteurs par les riches anglais, les entraineurs sont devenus (souvent de force) eux-mêmes actionnaires de leurs pensionnaires. Pendant ce temps-là, de nombreux propriétaires, petits ou grands, ont disparu. Afin d'améliorer l'accompagnement des nouveaux propriétaires et leur donner les clés de la compréhension de la discipline de l'obstacle, les participants au séminaire souhaitent que le département acteurs des courses devienne un guichet unique, qu'il y ait des journées de parrainage à Auteuil, que la multipropriété continue de se développer, que les propriétaires ayant un partant soient mieux valorisés sur place, que la victoire soit mieux célébrée sur l'hippodrome. Enfin, les entraineurs bénéficieront d'une formation commerciale pour leur donner les moyens de mieux prospecter, et seront accomagnés pour l'adoption des outils numériques afin de mieux satisfaire les attentes d'infos de la part des propriétaires.
2 - Programmes et partants :
Voici un vaste sujet, objet de débats éternels et de guerres picrocholines. Désormais, ce sujet doit s'inscrire dans le contexte du bien-être animal, car pour des raisons évidentes, l'obstacle est dans le viseur. Il va donc y avoir une rigueur plus importante dans la cahier des charges des hippodromes (bâches, vans, ambulances, vétérinaires spécialisés, pénétromètres, arrosage) notamment ceux qui courent tradionnellement l'été pendant une saison qui devient de plus en plus sèche et caniculaire en raison des changements climatiques. Dans le même esprit, il s'agira de priviléger les réunions de courses sur les hippodromes courant en bord de mer, y compris en premium, pour des raisons tout autant climatiques que d'attractivité du public.
Plus généralement, il est sorti du séminaire le souhait de mieux harmoniser les programmes afin d'éviter les concurrences, éviter que les réunions PMH ne prennent des partants au premium, toutes régions confondues, tout en protégeant ces petits hippodromes qui sont l'ADN des courses françaises. D'ailleurs, sur les petits hippodromes comme les grands, France Galop cherchera a augmenter le nombre de courses de haies. De façon générale, France Galop cherchera a proposer des programmes d'obstacles au plus près géographiquement des effectifs disponibles. Toujours sur le sujet des hippodromes, il a été constaté une forme de concurrence entre Auteuil et Compiègne. Il s'agit donc de réfléchir à un calendrier plus différenciant, par exemple par le biais des distances de courses. Enfin, France Galop souhaite identifier un 3e hippodrome phare qui proposera un autre profil pour les éléments ayant des aptitudes différentes de celle d'Auteuil et Compiègne. (NDLR : peut-être un hippodrome plat et corde à droite).
Enfin, suivant une demande qui fait de plus en plus consensus, il a été décidé d'augmenter le nombre de handicaps de façon très généralisée, pour les petites, moyennes et grandes catégories. La province sera enrichie en handicaps de petites catégories. Par ailleurs, seront privilégiés les handicaps avec une référence affichée (par exemple, supérieur ou inférieur à 56). Dans ce contexte, les handicapeurs auront pour instruction d'être plus souples et réactifs avec les variations de valeur. En effet, il est trop dangereux de demander à un sauteur de courir 3 fois sans résultat avant de baisser de valeur, comme en plat. Le risque est en effet de le casser avant la 4e chance...
3 - Marketing de l'offre et paris :
Bien que composé essentiellement de socio-professionnels, dont le quotidien est plus rempli de la gestion des chevaux et du personnel que du marketing général des courses et des enjeux, le séminaire s'est beaucoup beaucoup penché sur le sujet. Il en a été conclu qu'il fallait accompagner Equidia via plusieurs pistes : les prises de vues en travelling (NDLR : souvent utilisées sur France Sire lors des Facebook Live, avec des images sensationnelles), une meilleure interaction avec les commissaires pour l'explication de leur décision. Il est aussi demandé une question qui reste très difficile à traiter : les interview d'après-courses sur les contre-performances, car les personnes concernées sont rarement locaques dans ce cas... Enfin, les jockeys d'obstacle, qui sont des héros du quotidien, devront être mieux valorisés, d'autant plus qu'il y a une grave crise des vocations. Dans ce contexte, les socio-professionnels eux-mêmes devront mieux participer à la communication en amont et en aval des courses, surtout des quintés qui sont le poumon financier de la discipline.
Pour motiver les enjeux, le séminaire souhaite la création d'une plate-forme centralisant les infos et commentaires sur les partants des temps forts de l'obstacle annuel, soit une bonne centaine de courses dans l'année. Les 2 plus gros handicaps de l'année, le Président de la République et la Grande Course de Haies de Printemps, qui doivent impérativement redevenir des quintés très rémunérateurs pour la filière, seront déplacés pour s'installer en début de mois. En effet, et c'est une évidence sauf pour les nantis n'ayant pas besoin de salaire, les finances sont toujours plus larges le 5 du mois, jour de paye.
Enfin, il sera bientôt différenciés dans les résultats officielles les chutes des chevaux ou des jockeys, comme c'est déjà la cas en Angleterre (Fell / Unseated Rider). Des conférences de presse seront organisées en amont des 2 grands week-end de l'obstacle. Et les publicités du PMU seront réalisés avec de vrais jockeys d'obstacle et non des acteurs toujours ridicules avec leur déguisement en couleurs...