Pierre Fertillet triomphe à Cagnes/Mer, son jardin d'enfance, avec Hasard de Brion

Pierre-Jean Fertillet (photo APRH)

 

« J’ai passé ici tous mes hivers avec mon père, mais seulement les vacances scolaires de Noël, car j'étais un élève studieux ! ".  Cagnes-sur-Mer pour Pierre-Jean Fertillet, c’est le souvenir d’une parenthèse enchantée renouvelée chaque hiver de son enfance en famille, pendant les repos scolaires. Et finalement, cela reste son terrain de jeu préféré à l’autre bout de la France de son centre d’entrainement de Nozay, entre Nantes et Rennes dans la Loire-Atlantique. Pierre-Jean représente la 4e génération d’entraineurs de la famille Fertillet, qui a commencé dans le trot avant que son père Yannick ne bascule dans le galop, en démarrant à 21 ans avec un seul pensionnaire. Il a pris sa retraite l’été dernier, avec une grande carrière, ayant dépassé les 2200 victoires en France et à l’étranger, notamment à Waregem et Mérano. Yannick Fertillet a connu ses plus grands succès à Cagnes-sur-Mer, dont il fut le leader du meeting d’hiver pendant de nombreuses années, justement celles que son fils a connues avec Stodoun puis Wutzeline, tous les deux  triples gagnants du Grand Steeple entre 2002 et 2013.

 

 

 

 

Garçon réfléchi, ayant d’ailleurs réussi un BTS de gestion et management, il a décidé de lancer sa carrière d’entraineur fin 2015 à l’occasion du meeting de Cagnes, en terrain connu donc, où il a décroché sa 1ère victoire. Déjà lauréat de la Grande Course de Haies de Cagnes l’an dernier avec Tenérife Sea, Pierre-Jean Fertillet décroche cette fois la plus grosse timbale avec ce Grand Prix de la Ville de Nice (Gr.3).

 

« On finit très bien un meeting qui a quand même été difficile avec beaucoup de malchance, des chutes à la dernière de courses gagnées, des pépins divers.  Il a fallu garder la tête froide.  J’avais descendu 30 chevaux, soit plus de la moitié de mon effectif de 55 chevaux, avec 8 gars. On complète le personnel avec des gens qu’on trouve sur place pour tenir les chevaux et pour faire les boxes.  Je rentre ce mardi avec tout le monde et on relance la machine ! "

 

 

 

Il s’impose avec Hasard de Brion, un jeune sauteur venant de prendre 5 ans, qu’il a façonné depuis son plus jeune âge. En l’absence du double tenant du titre Berjou, déclaré non-partant des suites d'une atteinte à un boulet, le partenaire d' Adrien Merienne a mis à profit un parcours idéal en 3e position pour dominer après lutte la très courageuse Peggy, devant Manon des Sources et le leader Achour, le lauréat de l’édition 2019 encore très valeureux à 11 ans.

 

Hasard de Brion met à l’honneur son père Axxos, fils allemand de Monsun, ancien dauphin de Zambezi Sun dans le Grand Prix de Paris, entré étalon aux Haras Nationaux en fin de vie puis exporté sans gloire en Irlande après la saison de monte 2018. Jusqu’alors, Axxos n’avait donné que quelques chevaux de valeur, dont Don Axxo, Treizor du Pilori, Regaxos, Epine Noire. Comme son nom l’indique, Hasard de Brion est né au Château de Brion, à Dragey dans la Manche, chez Charles Gauquelin. « Il est arrivé chez moi lorsque je l’ai pris en location chez son débourreur Marin Belloir (NDLR : le fils d’André-Jean Belloir, un éleveur proche de Yannick Fertillet, à l’honneur actuellement avec le champion Hermès Baie, dont la mère Ludmika était d’ailleurs entraineur par l’homme de Nozay). Le cheval était très délicat et Marin a eu des difficultés avec lui. 
Compliqué mais doué, Hasard de Brion a gagné d’emblée en novembre de ses 3 ans sur les haies de Lyon-Parilly.  Après cette victoire, il a été acheté par Robert Aubaud, qui avait été le propriétaire de V’la Paramé (NDLR : Prix La Haye Jousselin 1983 monté par Patrice Lemaire) puis qui avait eu des chevaux chez mon père. Gagnant au printemps au Lion d’Angers et à Bordeaux, Hasard de Brion venait de perdre ses adversaires en route dans le Prix du Cap Bénat, mais disputait son 1e black-type et affrontait pour la 1ère fois ses aînés".

 

 

Nuit de Folie, montée par Alexis Gautron

 

 

 

Avant le Grand Steeple, Pierre Fertillet avait déjà remporté l’épreuve d’ouverture avec Nuit de Folie, une fille de Gemix, puis la Grande Course de Haies des 4 ans avec Norville (Air Chief Marshal). Nuit de Folie porte le nom du célèbrissime tube de Début de Soirée ("et tu chantes chantes chantes ce refrain qui te plaît…") donné par son éleveur Roger-Yves Simon, qui attribue toujours des noms de chansons à ses poulains nés au Haras du Saz. «  Je suivais cette pouliche chez notre ami Roger et j’ai pu l’acheter 7000 € à la vente Osarus 100% obstacle de Maisons-Laffitte en janvier 2021. Nous avons débuté mollement en décembre et on a progressé depuis."  Nuit de Folie porte la casaque de Gemini Stud (Françis Teboul), qui est déjà propriétaire du père Gémix, mais qui avait aussi gagné de grandes épreuves avec Denham Red, qu’on retrouve sous la 5e mère. VOIR LE PEDIGREE DE NUIT DE FOLIE

 

 

Norville, monté par Clément Lefebvre, enlève la Grande Course de Haies des 4 ans.

 

 

Quant à Norville, c’est un cas très différent. « Nous l’avons acheté à la vente d’automne à Arqana chez Yann Barberot. Le timing était très serré car il fallait le dresser pour débuter en obstacle dès le mois de décembre à Cagnes. » Acquis 38.000 € par 6 associés, dont l’ancien jockey Jérôme Guiheneuf, Norville a bien débuté 2e le 3 décembre mais a fait tomber son pilote lors de sa 2e tentative. Retrouvant Clément Lefebvre pour son 3e essai, monté alors très sagement, il a décroché la victoire le 25 décembre et atteint ici son objectif dans la Grande Course de Haies des 4 ans de Cagnes (Listed), en dominant très facilement Inspace (Martinborough) et Imagine Clermont (Tin Horse).