Quels sont les secrets de Mark Johnston, l'entraîneur le plus victorieux de l'histoire en Angleterre ?

Écossais de naissance, Mark Johnston a su dès l’âge de 14 ans qu’il serait entraîneur de chevaux de course. Cependant il entreprendra dans un premier temps des études de vétérinaire, dont il exercera la profession durant 3 ans. Malgré tout, en 1987, il obtient sa licence d’entraîneur public et se lance dans l’aventure avec sa femme Deirdre. L’année suivante, le couple Johnston déménage vers le Nord du pays, se rapprochant de l’Ecosse. La machine est en marche. Au bout de sa 6^e saison comme entraîneur Mark Johnston dépasse pour la première fois le cap symbolique des 100 succès en une année. Une marque qui sera atteinte lors des 28 saisons suivantes, un record en Angleterre, avec un pic à 249 en 2019. En 2018, grâce à Poet’s Society et la monte de Frankie Dettori, Johnston remporte sa 4 194^e victoire et devient l’entraîneur le plus titré de l’histoire anglaise. Désormais âgé de 62 ans, Mark Johnston est désormais associé à son fils aîné Charlie. Pour leur première saison commune, le duo compte déjà 95 succès, et devrait sans suspense signer une 29^e saison avec plus de 100 victoires.

 

 

 

 

Réputé pour son franc parler et son sens de la formule, Mark Johnston est une figure à part des courses anglaises. Avec lui, est souvent mise en avant la quantité de victoires, mais il ne faut pas oublier leur qualité. L’écossais compte 25 sacres au niveau Gr.1 dont les 2000 et 1000 Guinées de Newmarket avec respectivement Mister Baileys et la championne Attraction. Johnson a été également l’entraîneur de Shamardal, selon lui le meilleur cheval qu’il ait eu entre ses mains. Ce champion quadruple lauréat de Groupe est un exemple parfait pour illustrer la clé de la méthode Johnston. Né aux États-Unis, ce fils de Giant’s Causeway avait été racheté 485 000$ foal. Après ce passage aux ventes, le poulain est diagnostiqué comme porteur de la « maladie du chien » (Wobbler Syndrome), un désordre neurologique causé par une compression de la moelle épinière. Un an plus tard il est présenté yearling à Tattersalls étant depuis rétabli. Mark Johnston décida de tenter le pari, et acquiert le cheval pour 50 000 Gns.

 

  Shamardal dans les Dewhurst Stakes (Gr.1) ©Racing Post

 

 

Une folie pour beaucoup présents à la vente, mais un coup de poker qui s’avéra payant tant Shamardal va éclabousser de sa classe en piste. Ce coup de maître illustre parfaitement la devise de Mark Johnston : « Always trying » ("toujours essayer"). Une grande partie de la réputation et du succès de l’entraîneur démarre aux ventes. Dans un entretien avec le journaliste Brian Sheerin, Johnston détaille sa méthode pour les ventes. Premièrement, pour dénicher des bonnes affaires sur les rings, Jonhston dispose d’une équipe dédiée qui analyse tous les pedigrees des jeunes éléments inscrits dans toutes les ventes européennes mais aussi américaines. Ensuite avec son fils, ils font leur sélection chacun de leur côté, et comparent leurs choix. Leurs critères sont stricts : la mère doit avoir été en 38 de valeur minimum, et le père doit être confirmé, ou lauréat de Gr.1 pour les jeunes étalons.

 

 

 Mark Johnston studieux à Tattersalls

 

 

Malgré le fait que Johnston soit vétérinaire, il attache une faible importance aux radios sur les jeunes chevaux. Selon lui « une Ferarri avec des pneus sous gonflés battra toujours une Fiat avec des pneus en parfait état ! » Grâce à cette méthode, Mark Johnston a su dénicher, depuis des années, quantité de bonnes affaires pour des sommes très raisonnables. A contre-courant, il ne suit pas les modes. Avec son fils il est toujours au bord du ring à la recherche de la bonne affaire. Ainsi, si un cheval avec un pedigree et un physique solide ne semble pas faire grimper les enchères, Johnston sera là pour remporter la mise. En 2021, ils ont mis la main sur pas moins de 72 yearlings, la plupart acquis pour 50 000 Gns ou moins. La plupart étant acquis pour son propre compte, afin de pouvoir faire de la spéculation et trouver à les revendre, Johnston ne peut s’adjuger des top prices. Cependant la méthode est payante car il est numéro 1 cette année chez les 2 ans, avec 26 succès.

  

 Charlie et Mark, toujours près du ring à la recherche de bonnes affaires ©Tattersalls

 

 

L’autre partie de la « patte » Johnston demeure incontestablement l’entraînement. Outil de rêve, son centre d’entraînement de Kingsley Park dispose d’équipement de pointe. Sur 300 hectares vallonnés, on retrouve 3 pistes en gazon, une en tapeta, une piscine, un marcheur aquatique, des paddocks à perte de vue et 2 vétérinaires embauchés à temps plein pour s’occuper des quelques 220 pensionnaires. S’il y a bien une qualité que l’on peut imputer à tous les chevaux entraînés par Johnston, c’est la dureté. Ces derniers sont souvent vus aux avant-postes, mais ne tirent jamais, courent plus que la moyenne, mais en étant réguliers, et en étant capable de faire des carrières longues. Au total c’est une équipe de plus de 110 personnes : assistants, responsables de cour, vétérinaires, maréchaux, secrétaires, chauffeurs, garçons de voyage, cavaliers, garçons de cour, cuisiniers, jardiniers qui composent cette gigantesque opération, dont la plupart sont logés sur place dans pas moins de 20 maisons prévues à cet effet.