Avec Algolia, les frères Wertheimer poursuivent leurs affinités avec l'Amérique du Sud
La belle et bonne Algolia, une nouvelle réussite pour les "achats Wertheimer" en Amérique du Sud (aprh)
En 2012, suite à la victoire dans l'Arc de Solemia, notre cher et regretté Xavier Bougon s'était intéressé à 100 ans d'achats et de ventes de la part de la famille Wertheimer. Il y aurait eu de quoi écrire un livre, tant cette grande dynastie des courses mondiales a investi dans la jumenterie, que ce soit par l'achat de foals ou yearlings, ou la conquête de nouvaux marchés comme les vacations d'élevage américaines, où les Wertheimer ont beaucoup dépensé pour rentrer dans de grandes familles. L'intérêt est multiple, car il permet d'accéder à une génétique rare et efficace, mais aussi de diversifier les courants de sang à apporter aux tops étalons européens, ou bien de laisser les juments sur place aux Etats-Unis.
Alain et Gérard Wertheimer aux côtés de leur célèbre conseiller Pierre-Yves Bureau
Les frères Wertheimer ont encore beaucoup d'affinités avec les Etats-Unis, où ils ont couru les très belles courses du dirt l'an dernier avec leur élève et représentant Happy Saver. Sa mère Happy Week avait été achetée yearling 600 000 $ à Keeneland, et leur a donné avec le local Super Saver le fameux Happy Saver. Il débute cette année au haras et sera soutenu par ses propriétaires. Le tout nous montre que les frères Wertheimer continuent de diversifier leurs intérêts hippiques, et l'histoire leur a donné raison. Aux Etats-Unis, la famille Wertheimer a acheté plusieurs excellentes juments, dont Partygoer, devenue la mère du champion Dare And Go, tombeur du fameux Cigar dans la Pacific Classic en 1996. De grandes familles désormais estampillées Wertheimer sont parties d'achats américains, comme Blushing Away, mère de Gold Away et grand-mère d'un certain Galiway, qui est aujourd'hui un top étalon en Europe. On peut penser aussi aux achats de Soundings (Gold Away, Pas de Réponse, Dicton, Arecibo, Sonnerie...), ou encore de Featherhill, acquise 1,3M $ à Keeneland (souche de Plumania, Left Hand, Falco...).
En 1996, le "Wertheimer" Dare And Go faisait l'actualité en empêchant le phénoménal Cigar de signer une 17e victoire consécutive à l'occasion de la Pacific Classic
Bref, vous pouvez retrouver tout le détail des achats marquants de la famille Wertheimer dans les archives France Sire de notre cher Xavier Bougon. Aujourd'hui, il est intéressant de constater les affinités qu'ont aussi les Wertheimer avec les juments sud-américaines, qu'elles soient achetées directement là-bas ou aux Etats-Unis. Acquise 425 000 $ à Keeneland en 2010, pleine d' Elusive Quality, Safari Queen a réussi à donner d'emblée aux Wertheimer la lauréate de Listed Royalmania, puis la gagnante de Gr.1 Queen's Jewel (Saint Alary) avec l'apport de l'Européen Pivotal. Safari Queen, petite fille de Mr Prospector et née d'une souche Argentine, a été une championne à 2 ans dans son pays natal, avant de réussir à gagner plusieurs Groupes aux Etats-Unis. Un signe de qualité, retranscrit au haras avec une facilité de croisement qui a permis de ramener la crème européenne. Plus récemment, les frères Wertheimer ont acheté dans le même pays Fiesta Dorada, petite fille de AP Indy et lauréate de Gr.3, qui a été ramenée en Europe et présentée à l'élève maison Shaman, stationné en Irlande à Yeomanstown Stud. Jument de groupe au Brésil, petite fille de Sunday Silence, Love Story est aussi une recrue récente, actuellement aux Etats-Unis pour être saillie par Justify.
Gagnante du St Alary, Queen's Jewel est une fille de la Sud-Américaine Safari Queen (aprh)
Cet après-midi à Saint-Cloud, l'envolée d' Algolia dans le convoité Prix Kizil Kourgan est une nouvelle illustration de la réussite des investissements sud-américains des frères Wertheimer. Entraînée par André Fabre, la pouliche est invaincue en 2 sorties, laissant à chaque fois une grosse impression de vitesse dans les derniers hectomètres. Engagée dans le Prix de Diane, Algolia est la 5e gagnante en autant de partants en Europe de sa mère Viva Rafaela, qui a donné notamment la lauréate de Listed en 2022 Babala. Viva Rafaela avait été achetée 500 000$ à Fasig Tipton au lendemain des Breeders' Cup en 2015, pleine de Elusive Quality. Petite fille de Shirley Heights, née au Brésil où elle a gagné les Oaks locales, elle a ensuite fait carrière aux Etats-Unis chez Todd Pletcher, se plaçant de Gr.1. Elle est un exemple parfait de ce type d'opération, puisque sa lignée maternelle est sud-américaine depuis la fin du XIXe siècle et l'arrivée d'une jument anglaise en Argentine, où la souche s'est développée gentiment avant d'arriver au Brésil dans les années 70.
Viva Rafaela, la mère de Algolia
Algolia est ensuite née du croisement entre sa mère brésilienne et un pur européen, Lope de Vega, l'un des étalons favoris des frères Wertheimer. La lignée de Shamardal est globalement très appréciée par la casaque bleue et blanche, et Lope de Vega reste un vrai vecteur de vitesse et de solidité. Ce savant mélange donne une jument au potentiel black type clairement avéré, mais également complètement indemne du courant de sang Galileo/Sadlers' Wells/Northern Dancer. Algolia sera donc, à la fin de sa carrière de course, très facile à croiser en Europe, voire aux Etats-Unis. C'est ce qu'on appelle s'ouvrir des portes, même si cela a un certain coût !
RELIRE LA "SAGA WERTHEIMER" DE XAVIER BOUGON :
Episode 1 : Mélodique, Sortilège, un achat et une vente
Episode 2 : Les années 60 des Wertheimer
Episode 3 : les achats des années 70 des Wertheimer
Episode 4 : les achats des années 80
Episode 5 : le grand dossier, les ventes...
Episode 6 : 100 ans d'achats et de ventes, le dernier épisode