Arc de Triomphe 2023 : la fusée Ace Impact rentre dans la légende des courses

02/10/2023 - Actualités
Un éclair de classe a ébloui les amoureux de courses ce dimanche à ParisLongchamp. Au terme d’une nouvelle accélération phénoménale, Ace Impact est rentré dans l’histoire en remportant le Qatar Prix de l’Arc de Triomphe en restant invaincu. Avec l’étalon Mendocino. 

    Ace Impact, tout simplement irresistible ©APRH


Les frissons ! Que l’on soit suiveur de courses depuis 40 ans, ou totalement novice, l’émotion ressentie est la même lorsque l’on voit des cracks en actions. Rares sont les chevaux qui peuvent universellement donner la chair de poule. Ace Impact fait partie de ce club très sélect. Comme Zarkava, Sea The Stars ou Trêve, le poulain se présentait invaincu au départ de ce 102e Prix de l’Arc de Triomphe. Le costume de favori et de cheval à battre n’est pas toujours le plus facile à porter. De plus, dans l’histoire récente aucun cheval n’avait remporté l’Arc en découvrant la distance de 2400 mètres. Mais quand on a le talent d’Ace Impact, les statistiques ne sont que des simples chiffres.
 
 
    Ace Impact rentre dans un club très select en restant invaincu dans l'Arc ©APRH
 
 
Impressionnant dans le Prix du Jockey Club en juin, Ace Impact avait confirmé cet été à Deauville dans le Prix Guillaume d’Ornano (Gr.2), une course qui pouvait être un piège. L’entourage du cheval, suivant l’avis de Jean-Claude Rouget a décidé de faire l’impasse à la fois sur le Prix Niel et sur les Irish Champion Stakes afin d’arriver avec de la fraicheur le premier week-end d’octobre. Si l’Arc a longtemps résisté à Jean-Claude Rouget, le metteur au point avait mené Sottsass au succès en 2020. Une consécration qui enlève forcement de la pression pour les années suivantes. Ces derniers jours, celui qui est souvent mesuré dans ses propos concernant ses pensionnaires, a paru parfaitement sûr  de son cheval.
 
 
      Au vu des derniers galops d'Ace Impact, Jean-Claude Rouget était très confiant ©APRH
 
 
S’ils affichaient de larges sourires les heures précédant l’Arc, les visages de l’entourage d’Ace Impact se sont subitement crispés lorsque le poulain se mit subitement à monter en pression dans le rond de présentation. Cette étape d’avant course a toujours été un point délicat à aborder avec le fils de Cracksman. Les secondes séparant la mise en selle du canter d’essai ont paru interminables pour l’équipe d’Ace Impact. A tel point que Jean-Claude Rouget refusa de regarder son cheval trépigner d’impatience durant le défilé. Une fois lâché et parti à galoper, c’est un autre Ace Impact qui est rentré en jeu.
 
 
Après avoir hérité d’un bon numéro à la corde – le 8 – le destin était désormais entre les mains de Cristian Demuro. La team Coolmore n’ayant pas mis ses habituels leaders, peu de chevaux semblaient être des candidats naturels pour animer la course. Un manque de rythme aurait pu s’avérer fatal pour l’attentiste Ace Impact, surtout sur une piste rapide. C’est finalement Mister Hollywood qui a pris ce rôle. Après avoir repris son partenaire en début de course, Cristian Demuro se retrouva dans une position de choix, dans le dernier tier du peloton, sur une deuxième ligne, filant l’un des favoris Fantastic Moon.
 
 
     Les 15 concurrents après l'ouverture des stalles ©APRH
 
 
A 300 mètres du poteau, les aînés Hukum et Westover ont placé une première banderille le long de la corde, s’annonçant pour la victoire. Mais tout à l’extérieur, comme dans le Prix du Jockey Club, la fusée Ace Impact était sur sa rampe de lancement. Lorsque les moteurs se sont mis en route, personne n’a été en mesure d’accrocher le bolide. Un style décoiffant qui n’est pas sans rappeler une certaine Zarkava dans le Prix Vermeille 2008. Dorénavant, Ace Impact pourra s’assoir à la table de celle qui est considérée comme l’une des meilleures de l’histoire, car lui aussi a remporté l’Arc en étant invaincu.
 
 
 
 
Si la formidable Zarkava portait la casaque du Prince Aga Khan, un personnage dont l’investissement pharaonique a permis de devenir le propriétaire/éleveur le plus marquant des dernières décennies, Ace Impact défend lui la casaque d’un autre type de propriétaire. Sans vouloir tomber dans la caricature de David contre Goliath, Serge Stempniak est arrivé il y a une vingtaine d’années dans le monde du galop en achetant des chevaux à réclamer. Cet entrepreneur originaire du nord de la France s’est au fil du temps mis à investir sur des yearlings. En 2021, lors de la vente d’aout Arqana, il a investi 75 000 € sur un yearling élevé par le Haras du Long Champ et présenté par le Domaine de l'Etang, sous les conseils de Jean-Claude Rouget. Ce dernier avait entraîné son frère Alessandro, dès lors il a voulu acheter son petit frère. L’histoire était en marche.
 
 
 Ace Impact yearling ©APRH 
 
 
Après son sacre dans le Prix du Jockey Club, Serge Stempniak a cédé 50% d’Ace Impact à la famille Chehboub. Les marseillais d’origine, récents acquéreurs du Haras de Beaumont en Normandie se sont offert le poulain de trois ans le plus en excitant de sa génération. Si en tant que vainqueur de Jockey Club, Ace Impact avait déjà un profil intéressant, un échec dans l’Arc aurait été une ombre au tableau. Dès lors après le passage du poteau, Kamel et Pauline Chehboub ont célébré leur victoire mais aussi lâché un grand « ouf » de soulagement.
 
 
 Kamel Chehboub, heureux copropriétaire d'Ace Impact ©APRH
 
 
Sauf surprise, Ace Impact rejoindra l’autre champion maison Sealiway, ainsi qu’Intello et Stunning Spirit au Haras de Beaumont. Il deviendra dès lors le premier fils de Cracksman à rentrer étalon. Véritable phénomène en piste, le cheval entraîné par John Gosden portait bien son nom. Quadruple lauréat de Gr.1 de 2000 à 2400 mètres, il avait été en piste le meilleur fils de Frankel. A l’image de Churchill avec Vadeni et Blue Rose Cen, Ace Impact est à l’heure actuelle l’arbre qui cache la forêt pour Cracksman, dont les débuts au haras ne sont pas transcendants. Pas transcendants, mais il a malgré tout été capable de produire un cheval de la trempe d’Ace Impact, et ça peu d’étalons en sont capables ! 
 
 
Cracksman, le père d'Ace Impact ©Darley
 

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