Kalmonto dans le Grand Prix de Pau : l'interview de Yannick-Alain Briand
21/01/2014 - Actualités
Vainqueur surprise du 127e Grand Prix de Pau ce dimanche, Kalmonto a permis au trotteur Yannick-Alain Briand de remporter sa plus belle victoire dans une discipline du galop qu’il fréquente depuis plusieurs années mais « en total amateur ». Le propriétaire raconte toute l'histoire.
Kalmonto et l'explosion de joie de David Cottin au passage du poteau. Son pari se révèle gagnant.
Histoire de copains
En remportant le Grand Prix de Pau au nez et à la barbe des favoris, ou presque puisqu’il s’est imposé avec 6 longueurs d’avance sur l’outsider Vent Sombre, Kalmonto a créé la sensation dans cette véritable institution béarnaise : les couleurs d’une « trotteur » brillent au Pont-Long ! Le vaillant 8 ans est en effet propriété de Yannick-Alain Briand, le grand entraineur du Sud-Est, dont il représente les couleurs jaune et rouge, lui-même associé avec des amis parmi lesquels Yannick Fouin, Marc Nardone ou encore Eric Prudhon. Des hommes liés d’amitié et bien décidés à vivre leur passion des courses en commun.
Laissant aux vestiaires leurs compétences respectives d’hommes de chevaux et en particulier de chevaux de course, les compères s’associent donc il y a quatre ans sur ce fils de Kalanisi, « pour le fun », comme le précise Yannick-Alain Briand. Il se rappelle : « Nous l’avions repéré alors qu’il avait que 4 ans. A réclamer sur l’hippodrome d’Enghien, on l’avait alors acquis un peu plus de 15 000 € avec l’idée de bien s’amuser avec lui à Cagnes-sur-Mer. On n’avait pas été déçu puisqu’il avait fini bon 2e dès sa première sortie sous mes couleurs. A la rentrée, il avait gagné à Enghien (NDLR : le Prix de l’Ile-de-Ré) avant de ’’bouger’’. Et là, il a fallu être patients… »
Seize mois en l’occurrence avant que Kalmonto ne revoit un hippodrome. Une rentrée en plat sur la PSF de Deauville avant de gagner directement à Enghien en septembre 2012 puis de réitérer à Cagnes-sur-Mer, dans le Prix de la Vendée, sous les yeux de la bande d’amis, aux anges. Moins heureux lui, le handicapeur se fâche et lui inflige une valeur de 63 : « on a tenté notre chance dans la belle (NDLR : le Grand Prix de la Ville de Nice) et on a fini 5e. Mais dès lors, Kalmonto est devenu difficile à placer dans les handicaps et les engagements n’étaient pas légion. C’est pourquoi on s’est dirigé vers les courses à réclamer. De là à dire que c’est ’’un réclamer’’ … » précise justement l’homme aux 211 victoires au trot en 2013. Ah cette bonne vieille tradition française à mettre hâtivement des étiquettes…
Grande vedette du trot, Yannick-Alain Briand se retrouve désormais gagnant de Gr.3 en obstacle.
Exploit ou miracle ?
Les faits restent tout de même les faits. Et il est vrai que Kalmonto a couru sept fois à réclamer en 2013 : « mais on l’a défendu à chaque fois ! »
« Tu appelleras ça comme tu voudras : miracle ou exploit ? En tout cas, il a gagné le Grand Prix ! Mais je n’y suis pas pour grand-chose... » Adepte du contre-pied, avec sa voix abyssale inimitable, Yannick-Alain Briand se régale encore 24 heures après du succès de son protégé. « Tout le mérite revient à David (Cottin). Cet hiver, il l’a remonté en course, et alors qu’on passait du bon temps tous ensemble en fin de journée (…), il lança à qui voulait bien l’entendre que le cheval serait parfait pour Pau. L’idée est prise au mot et on donne unanimement notre accord. » Alors un l’instar d’un Philippe Allaire qui laisse Ready Cash à Thierry Duvaldestin (ou presque…), Yannick Fouin confie Kalmonto à Philippe Cottin, le père de David, histoire de tenter sa chance « dans une Steeple où il aurait un engagement favorable mais on n’avait pas évoqué le Grand Prix ! » concède « YAB ». Mais convaincu jusqu’au bout de ses gants et d’évidence convaincant, David Cottin veut voir de quel bois le duo peut se chauffer. Bluffant ses adversaires qui ne croyaient pas trop en ses chances (comme de nombreux pronostiqueurs et assez logiquement finalement), l’ex-Cravache d’Or et Cravache d’Argent 2013 fait jouer la grande action et la tenue de son partenaire pour finalement s’imposer très nettement. Pour bien faire Pau, il fait bien Pau !
" J'étais bloqué dans ma voiture..."
Depuis son Sud-Est, Yannick-Alain Briand a vibré au rythme des grandes foulées de son sauteur. Il l’a encouragé de la voix et du geste dans…sa voiture ! « Les fortes précipitations de ces derniers jours ont eu des répercussions sur la circulation et j’étais à 5 minutes de la maison quand la course est partie. Je l’ai donc regardée sur mon téléphone portable. J’ai commencé à franchement y croire quand, tout à coup, l’image s’est coupée, le téléphone se mettant à sonner !! Qui peut bien m’appeler à cet instant alors qu’il reste deux obstacles à franchir et qu’on est en tête ? C’était en fait pour me féliciter, on avait gagné… eux ils l’avaient vu en direct, moi j’avais le décalage des ondes. M’enfin bon, ce sont des coups de fil bien agréables à recevoir ! On va devoir fêter ça dignement ! »
NB :
Ce gros sauteur Kalmonto est pourtant né d'une pure souche de plat, par Kalanisi, gagnant des Champion Stakes et la Breeders'Cup, et une mère par Sri Pekan née d'une famille où on retrouve des black-type en GB, USA et aussi au Pérou. Il avait tout de même couté 36.000 € yearling en avril 2007. (voir le pédigrée)