So You Think ou les australiens et néo-zélandais de Coolmore
Grand coursier vainqueur du Derby anglais et du Derby irlandais, High Chaparral, a eu une carrière internationale couronnée par 2 victoires de Breeder'Cup Turf. Il s’est également classé à deux reprises 3e de l’Arc, de Marienbard en 2002 et de Dalakhani en 2003. So You Think, une des coqueluches australiennes, double vainqueur de la Cox Plate, a été acheté, en partie, cet hiver par le team de Coolmore. Auréolé de 5 victoires de Gr.1 et d’une 3e place dans la Melbourne Cup, celle de Americain en novembre dernier, il est arrivé de chez le maître Bart Cummings. Sa mère, gagnante d’un Gr.2 en NZ, est une fille de Tights, un fils de Nijinsky. Il vient de faire une rentrée victorieuse le 2 mai, dans son nouveau pays d’adoption, le High Chaparral (le bien nommé) Mooresbridge St. sur les 2.000 m. du Curragh (Gr.3), laissant son plus proche poursuivant à 10 longueurs.
L'avantage du champion : il est bien accompagné, ici de Jesinta Campbell, une Miss Univers !
Les références australiennes dans l'Arc de Triomphe
Il y a 25 ans, les engagements des chevaux provenant d’Australie ou de Nouvelle-Zélande restaient une exception. Les Balmerino (NZ) et Strawberry Road (AUS) ne s’étaient pas déplacés pour rien. Balmerino, monté par Ron Hutchinson et entraîné par l'anglais John Dunlop dans l’Arc 1977, tenait bien la route, puisqu’il ne s’avoue vaincu que par Alleged. En provenance d’Australie, il avait transité par l’Angleterre et s’était imposé, en guise de préparation à l’Arc 1977, dans les Valdoe St. à Goodwood en septembre.
Strawberry Road, engagé par John A. Nicholls, s’était imposé dans le Grosser Preis von Baden devant Esprit du Nord pour R.F. Stehr avant de terminer 5e de l’Arc 1984, celui de Sagace. Acheté ensuite par Daniel Wildenstein, il avait enlevé, l’année suivante, le Prix d’Harcourt puis le Grand Prix de Saint-Cloud, entraîné par Patrick-Louis Biancone.
En plus de son talent, So You Think présente un modèle très flatteur
L’édition 1997 a vu la participation d’un autre australien, en pension chez John Hammond, mais en provenance de chez Mme Gai Waterhouse, Nothin’Leica Dane (fils de Danehill et d’une mère néo-zéalandaise par la tête de liste, Sir Tristam). Chez lui, il était également monté sur le podium de la Melbourne Cup, mais n'a rien pu faire dans l'Arc.
En marge de la distance dite classique, Longchamp a découvert, en 2005, un fils de Soviet Star (Nureyev-Fabre) né en NZ, Starcraft, en transit chez Luca Cumani, vainqueur du Prix du Moulin de Longchamp piloté par Christophe Lemaire. Le poulain s’est bien adapté à l’hémisphère nord, puisqu’il s’impose ensuite dans le Queen Elizabeth II Stakes, une édition courue à Newmarket, Ascot étant en réfection.
Pour une future carrière d’étalon ? Oui forcément
Coolmore possède une antenne en Australie et on peut se poser la question à savoir si cet achat est destiné à une future carrière d’étalon comme l’ont été les sprinters ou milers, Haradasun, Choisir et son fils Starspangledbanner, ce dernier entré au haras cette année après avoir dominé le circuit de la vitesse pure.
Une nouvelle politique du team irlandais consiste à importer sur le Vieux Continent, l’espace de quelques mois, certains champions de l’hémisphère sud et de les renvoyer ensuite au haras, auréolé de victoires sur le sprint ou le mile anglais. So You Think, pour sa part, n'est pas dans ce registre car il aurait plutôt tendance à tenir la distance puisqu’il est engagé à Longchamp le 1er dimanche d’octobre.
Haradasun (fils de Fusaichi Pegasus) a fait toute sa carrière au sud, puis a remporté à Royal Ascot, les Queen Anne Stakes 2008 (Gr.1), sur 1600 m. Cinq ans plus tôt, Choisir, un fils de Danehill Dancer, a fait de même remportant les Golden Jubilee (1200 m.), les King’s Stand St. (1000 m.) et s’est classé second de la July Cup (1200 m.). Son fils, Starspangledbanner, l’a imité, l’an passé, enlevant les Golden Jubilee Stakes, la July Cup et terminant 2e des Nunthorpe St. (1000 m.).
Pourquoi faut-il vaincre à Ascot ou en Angleterre avant d’aller une carrière d’étalon dans l’hémisphère sud ?
Il n'a y rien de mieux pour convaincre les futurs clients éleveurs que de leur avoir montré l'animal chez eux, devant leurs yeux, sur leur terrain. Or, en Europe, et sans doute surtout en France où les gens n'ont pas oublié les échecs de tous les exotiques du style Octagonal ou Baryshnivov, il s'agit de fournir un crédit nécessaire au futur étalon venu des antipodes qui pourrait sans cela être considéré avec circonspection sinon méfiance. Vu de l'autre côté du monde, un cheval qui revient au pays avec un succès dans le vieux monde possède automatiquement un prestige décuplé. Bref, comme la plupart des d’étalons de Coolmore fonctionnent dans les 2 hémisphères, parvenir à importer un cheval du sud pour le faire gagner dans le nord permet de gagner sur les 2 tableaux et donc de multiplier les espoirs de gains d'exploitation du futur étalon. Enfin, pour des raisons historiques évidentes, l'Asutralie et l'Angleterre conservent des liens très proches.
Coolmore a lancé cette politique sur les bases les plus solides possibles, puisque les sprinters australiens sont désormais reconnus pour leurs grands succès internationaux. La vrai nouveauté est d'ouvrir avec So You Think le champ d'investigation aux distances classiques, qui tiennent un sport beaucoup plus typique de l'Europe.