Le Haras en pleine jungle sauvage de Malaisie : la Spelling Station de Cameron Highlands
Fleurs géantes et multicolores, végétation luxuriante qui semble pousser à vue d'oeil, verdure "flashy" qui tourne au fluo dès qu'un rayon de soleil perce l'humidité permanente de l'air et réchauffe un peu plus une température déjà harassante. Petite route sinueuse souvent inondée. Tout y est pour le décor de la jungle "comme dans les films". Au nord ouest de la Malaisie, en pleine zone équatoriale, Cameron Highlands est une région montagneuse dont l'altitude moyenne est de 1600 m, difficile d'acccès mais devenu célèbre dans le monde depuis l'époque coloniale. En effet, les aventuriers anglais ont découvert sa propension à donner du thé et ont créer un décor surréaliste et plein de quiétude en même temps : des champs de thé qui montent et descendent les collines à perte de vue, et des planteurs voutés sous des sacs remplis de feuilles précieuses qui marchent lentement vers des destinations restant inconnus car on se demande où tout ce beau monde habite tant les villages et les maisons accrochés à la route unique, sont rares et minuscules.
Depuis moins de 10 ans, beaucoup de choses changent. La consommation de fruits et légumes recommandée dans le monde entier, et exigé en toute saison, font que les flancs de montagne de Cameron Highlands se sont recouvertes de plantations de fruits mais aussi de fleurs en quantité pharaonique. Des serres tellement penchés qu'on se demande comment elles tiennent debout. Les villes poussent de façon un peu anarchique tout en restant assez propres et sereines comme un nouveau far west, moderne et non violent. D'autant plus que le tourisme de masse se mêle à l'industrie maraîchère. En effet, des hôtels poussent entre les baobabs sur chaque promontoire doté d'une belle vue. Car même si l'accès par la route reste pénible, tout ceux qui le peuvent se précipitent ici au plus fort de la saison chaude dans le pays pour fuire les températures devenues insupportables . Dans la montagne, le fond de l'air est frais, on respire et on peut dormir la nuit.
Dès le 19e siècle, les anglais, toujours en quête de raffinement, avaient déjà bien compris le système et montaient en villégiature estivale dans leur plantation pour y supporter les mois les plus harassants. Et comme tout anglais qui se respect, le colon de Malaise avait des chevaux de courses et soignait tous les détails de son bien-être...donc emmenait son cheval avec lui pour qu'il se repose dans la fraîcheur et la verdure. C'est ainsi que la "spelling station" a été crée dans un vallon de Cameron Highlands, il y a 100 ans, même s'il est difficile de s'imaginer ce que pouvait représenter le voyage à l'époque, sans route ni moteur...Aujourd'hui doté de 70 boxes, le site est équipé de tout ce qu'il faut pour rendre heureux un cheval de compétition : paddocks, piscine, marcheur, douche, ombre des arbres géants, personnel pléthorique qui passe la journée à les masser et à les nourrir (4 repas par jour). Les courses traversant une crise profonde actuellement en Malaisie, les boxes se remplissent plus désormais de chevaux de sport et surtout des chevaux d'endurance et encore plus de polo, une discipline de plus en plus à la mode. Ils viennent de partout, d'Ipoh, de Kuala Lumpur et de Singapour. Le maréchal-ferrand résidant, les vétos et dentistes réguliers transforme le séjour de cure de repos en cure de soins.
Jennifer Jennings, la nouvelle directrice, une écossaise qui a longtemps travaillé aux Emirats, ne manque pas de projets. Ainsi, elle aménage ce qui était l'annexe en élargissant les paddocks et construisant de nouveaux abris. Une piste de trekking est en cours de traçage dans la jungle et surtout, elle est très fère de présenter le "divin enfant" : le 1e foal PS né dans la jungle, un fils d'Al Malsool (Giant's Causeway), qui faisait la monte au National Stud de Malaisie plus bas dans la plaine, près d'Ipoh (voir le reportage). La mère, une jument née et ayant fait carrière en Malaisie, est là pour démontrer qu'il est possible voire judicieux d'élever là-haut, au frais, à 1500 m d'altitude en pleine jungle. En tout, vu le physique massif du jeune animal, ça semble prometteur.