Claude-Yves Pelsy: Lorraine Coeur d'Acier
"C'est à 2 heures de Paris par autoroute directe, à 1 heure seulement en TGV". Les clichés sont robustes. Claude-Yves Pelsy a beau expliquer que sa région, son département de la Meuse, n'est pas au bout du monde, la Lorraine semble éloignée de tout aux yeux des amateurs de courses de chevaux. Et Verdun, là où sont élevés les "Airy", garde une image assez peu réjouissante à travers l'histoire. Et pas un réalisateur local n'a eu l'idée de faire un film à très grand succès comme les "ch'tis" pour redorer l'image du coin.
Mais la Lorraine a du coeur, un coeur d'acier venant sans doute de l'extraction du minerai qui a fait sa richesse puis sa dépression.
"En Lorraine, nous les éleveurs, nous ne sommes que très peu nombreux. Mais nous avons un taux de réussite supérieur à la moyenne! Citons actuellement Michel Contignon, qui a sa championne Pomme Tiepy en Irlande"
L'atmosphère, le climat est rude. Pour visiter, la période actuelle est déconseillée aux néophytes. "J'élève rustique, les poulains ne sont pas rentrés tous les soirs au boxe!" L'inverse de la Normandie ? Oui et non. "Nous sommes sur l'autre versant du bassin parisien, par rapport à la Normandie. Ce sont les mêmes couches. D'ailleurs, nous aussi, nous avons des terres laitières." Claude Pesly utilise 60 des 370 hectares de la ferme de l'Epina, entité familliale, pour les chevaux. Par ailleurs, il exerce la profession d'ostéopathe humain en cabinet.
Avec ses Airy, Claude Pesly a été sacré deux fois meilleur éleveur d'AQPS en obstacle, en 2004 et en 2007. Paradoxalement, ses chevaux sont entraînés dans le sud-ouest, tous chez Jacques Ortet. "C'est une chance immense pour un éleveur. Tous mes produits sont réservés et essayés par un grand entraîneur. C'est René Cherruau, avec qui je travaillais à l'époque, qui m'a présenté Jacques. Voilà 20 ans que nous sommes associés."
Entre 1973 et 1988, Claude Pesly a lui même été entraîneur. Il était le maître de l'Est, l'équivalent d'un Philippe Lefevre actuel, qui était d'ailleurs son jockey d'obstacle. Contraint de cesser son activité, il n'en a pas perdu la foi pour autant et s'est lancé dans l'élevage avec 8 juments, toutes AQPS, recrutées dans son effectif d'entraînement. "Elles m'ont toutes donné un gros numéro! Je me suis basé sur trois souches du père Jean Couétil, à qui j'avais acheté l'étalon Bamako III. Il y avait Aigleville, Vatosca et Fricani, d'où descendent respectivement à la 2e génération Kilefou d'Airy, Pasco d'Airy et Pirak d'Airy."
Loin des coeurs de l'élevage du Grand Ouest et du Sud-OUest, Claude Pelsy se débrouille localement pour ses étalons, chez lui ou aux Haras Nationaux de Rosières aux Salines, dans la Meurthe et Moselle. "Alors que personne n'en voulait avant, Marasali a été une grande chance pour moi. Malheureusement, il n'a pas été remplacé. En 2003, le directeur m'avait demandé quel cheval il valait mieux recruter entre Dom Alco et Lute Antique. J'ai choisi Lute Antique. A peine arrivé, il est mort."
Pas de chance...Personnellement, Claude Pelsy a actuellement recruté le jeune étalon allemand Anzillero, après avoir fait découvrir le talent caché de Cachet Noir, fils de Theatrical aujourd'hui reparti en Normandie chez Jean-Luc Henry.
C'est d'ailleurs avec un fils de Cachet Noir que les d'"Airy" sont entrés dans le Guinness des records le 15 décembre 2007 à Pau. Ce jour là, Quino d'Airy gagnait en débutant en plat, mais surtout, il devançait quatre autres d'Airy. C'était la 1e fois de l'histoire qu'un quinté était composé de chevaux ayant le même propriétaire (Ecurie Formen), le même entraîneur (Jacques Ortet), et le même éleveur (Claude-Yves Pelsy).