Décès de la Marquise de Moratalla à 87 ans

29/11/2017 - Grand Destin
Célèbre propriétaire espagnole, la Marquise Soledad de Moratalla s'est éteinte à Bayonne, révèle le quotidien Sud-Ouest, des suites d'une longue maladie, à l'âge de 87 ans, dans la matinée du mercredi 29 novembre. Lauréate des plus grandes courses en plat, en obstacle et au trot, cette dame très fortunée laisse un héritage que se disputent ses 2 fils devant la justice depuis 20 ans, et avec encore plus de déchirement ces derniers mois.

 

Les Mousquetaires de François Doumen, c'était elle ! Dans les années 90, la casaque rouge toque vert clair a ainsi dominé l'obstacle français mais aussi européen avec les cracks Ucello II, The Fellow (Gold Cup de Cheltenham), Ubu III, puis First Gold. Ces 4 AQPS ayant remporté le Grand Steeple-Chase de Paris un total de 5 fois ! Elle avait aussi gagné le Prix du Jockey-Club avec Hours After, le Jacques Le Marois avec The Wonder, le Morny avec Chargé d'Affaires, le Ganay avec Corre Caminos ou encore la Poule d'Essai des Poulains avec Tin HorsePassionnée de chevaux de courses de toutes les races, de PS, d'AQPS, d'Anglo-arabes, d'arabes et de trotteurs (elle a eu des cracks à Vincennes comme Remington Crown), la Marquise était à la tête d'une fortune estimée immense, bien que son montant détaillé soit méconnu.

La Marquise a beaucoup monté à cheval. Elle était viscéralement passionnée de chevaux en tant qu'animaux avant même d'être des compétiteurs. D'ailleurs, elle entretenait encore aujourd'hui plus de 50 chevaux à la retraite dans ses propriétés du Sud-Ouest. Le bien-être animal, elle savait ce que c'était et mérite aujourd'hui le plus vibrant des hommages. 

 


Le dernier champion de la Marquise de Moratalla : Tin Horse, lauréat de la Poule d'Essai des Poulains chez Philippe Sogorb et aujourd'hui étalon au Haras des Granges.

 

Issue de la très haute aristocratie espagnole qui remonte en lignée directe à l'époque des conquistadors, elle tenait sa fortune du 1e mari de sa mère, un financier américain nommé Leighton, fondateur de la banque HSBC. Son nom entier était d'ailleurs Soledad Cabeza de Vaca Y Leighton, Marquise de Moratalla. Son père (Antonio Cabeza de Vaca, 10ème marquis de Portago)  est un héros de la guerre civile espagnole, côté franquiste. Plongeur de combat, il a fait sauter deux sous-marins républicains en plaçant lui-même les mines. Il est surtout connu pour avoir été un sportif accompli : un des plus grands golfeurs espagnols, un yatchman de premier ordre et évidemment cavalier de polo émérite. Il est décédé en mai 1941 après une partie de polo. La marquise était grande sportive dans l'âme, tout comme son défunt frère aîné. Ce dernier, le 11ème Marquis Alfonso de Portago, (né en 1928) fut un grand gentleman-rider et aussi un pilote automobile, victime d'un accident mortel aux mille Milles de Brescia le 12 mai 1957 au volant d'une ferrari 315 S.

Femme discrète, humble mais aussi charismatique, persévérante et audacieuse, cette championne de bridge, née en 1930, la Marquise avait 1 fils naturel et un fils adoptif, de 28 ans son cadet. Les 2 hommes se déchirent devant la justice depuis 20 ans. Depuis quelques années, la Marquise, également éleveur, et notamment de Capivari, avait réduit son effectif. Mais elle conserve une 20aine de poulinières confiées actuellement à Alban Chevalier du Fau en Anjou, avec qui elle échangeait beaucoup et qui nous a livré des informations précieuses sur sa personnalité pour la rédaction de cet article.
 
Fine connaisseuse de la chose hippique, et donc particulièrement humble, elle savait apprécier à sa juste valeur chaque victoire, sachant bien la difficulté d'atteindre celle-ci. La Marquise de Moratalla possédait des chevaux de course depuis près de 70 ans ! Elle a eu son 1e cheval de course nommé Beau Rêve en 1949. Elle avait reçu sa 1e jument poulinière nommée Cassandre en cadeau de la part de son frère aîné juste avant sa mort, il y a tout juste 60 ans. Un produit de cette poulinière nommé Blacklock, né en 1958, lui avait offert sa 1e grande victoire à l'occasion du Prix du Président de la République à Auteuil en 1965.
 
Les juges vont maintenant poursuivre une mission funèbre, pour tenter de clôturer la succession.

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