Zenyatta: l'aristocrate américaine de province
Presque tous les ans, les Etats-Unis fournissent au monde leur belle histoire, celle du champion sorti de nulle part qui va gagner toutes les grandes courses et nourrir l'"american dream". Zenyatta, cela n'a rien à voir. On dirait plutôt le destin d'une aristocrate de province dans l'ancien monde, fidèle à ses valeurs depuis des siècles, mais qui est la 1e à entrer à Versailles avec des habits d'apparats. Pour revoir tous les courses de Zenyatta, dont l’hallucinante performance réalisée dans le Breeders’Cup Classic, cliquer ici. Pour participer à un galop de Zenyatta en se mettant à la place du cavalier, " target="_blank">cliquer ici. Vous pourrez voir au plus près les immenses oreilles de Zenyatta, qu’elle ne tient que rarement droites !
Zenyatta, une machine à galoper
Toute famille en remontant les générations sur 3 siècles est entièrement américaine. Elle fait même partie des tous premiers chevaux de courses débarqués dans le nouveau monde, avant même la guerre d'indépendance des Etats-Unis qui opposa les colons britanniques à leur métropole, la Grande-Bretagne. Une certaine Cub Mare est alors transportée depuis l'Angleterre jusqu'à New York en 1767. Elle part dans New Jersey pour y rencontrer Wildair, petit-fils de Godolphin Arabian, lui aussi un colon. Proches cousins, Wildair et Cub Mare ont donné naissance en 1769 à Maria Slamerkin, la 1e de cette famille née sur le sol américain et qui ne quittera plus jamais ou presque la patrie des yankees.
C'était ça l'Amérique quand l'ancêtre de Zenyatta y a débarquée, en 1767
Trois siècles à travers les soubresauts de l'histoire
Depuis le début, cette famille a donné de grands chevaux de courses aux Etats-Unis et a été croisée aux meilleurs étalons locaux, dont certains avaient été importés de France, comme Rayon d'Or 1884. En 1922, dans la liste des pères s'est inscrit l'étonnant Sweeper II, né en France, gagnant des 2000 Guinées de Newmarket en 1912, puis revenu étalon en France avant de partir finir sa carrière aux Etats-Unis. Il faut dire que pendant longtemps, l'Amérique a été la poubelle équine de l'ancien monde, où l'on envoyait vers l'oubli les anciens champions qui avaient déçu au haras. Le 1e d'entre eux fut Diomed, lauréat du 1e Derby d'Epsom en 1780, puis balancé à 22 ans de l'autre côté de l'océan.
Zenyatta et ses immense oreilles
Des poulinières qui vivent plus de 30 ans
Sans jamais vraiment donner de cracks, Les bons produits permettent à cette famille de survivre aux soubressauts de l'histoire. Ainsi la 5e mère de Zenyatta, nommée Legendra, née en 1944, a-t-elle donné 4 poulains black-type dont Rich Tradition, gagnante de Gr.1. Legendra est morte en 1976, à l'âge canonique de 32 ans! La longévité est d'ailleurs une marque de fabrique familiale. Ainsi la grand-mère de Zenyatta est morte à l'âge de 31 ans...
Tom Fool
Un nouveau départ après une période d'essoufflement
Si la 4e mère, Mrs Peterkin a produit une gagnante des Kentucky Oaks et une lauréate des Californian Oaks, la réussite s'est essoufflée pendant plusieurs années dans les 2 dernières générations. Mais depuis 2005 et l'achat de Zenyatta, c'est reparti de plus belle, et pas seulement avec la crack.
Vertigineux, la mère de Zenyatta
En effet, Vertigineux, la mère de Zenyatta, a également donné naissance à Balance (Thunder Gulch), gagnante de Gr.1 et titulaire de plus d'1 million de dollars, et Where's Bailey (Aljabr), gagnante de listed. Mais ça, les éleveurs vendeurs de Zenyatta, Maverick Productions, ne le savaient pas encore lorsqu'ils ont cédé la pouliche yearling pour 60.000 $ à Jerry Moss, fameux producteur de musique qui avait découvert à l'époque le groupe The Police. D’ailleurs, Zenyatta tire son nom du 3e album du groupe The Police, Zenyatta Mondatta, qui comporte les tubes Don’t Stand So Close To Me et De Do Do Do, De Da Da Da.
Hoist The Flag
De Tom Fool à Street Cry
Dans le même esprit de rigueur et de régularité, les pères de cette famille ont toujours été choisis avec goût. Il n'y a pas une seule tâche dans la succession des géniteurs. En remontant, la famille, on trouve ainsi d'emblée Street Cry, connu du point de vue européen pour avoir gagné le Dubaï World Cup, et qui est un melting pot du monde des courses, issu de Machiavallian et de la vieille souche irlandaise de Lord Weinstock, puis gagnant de Gr.1 sur le dirt américain. Puis il n'y a que des noms célèbres avec Kris S le successeur de Roberto, Forli le génial argentin, Hoist the Flag l'auteur de Mr Prospector, et Tom Fool, crack des pistes puis père de Buckpasser.
Forli, un argentin qui a changé la face de l'Amérique
Les cousins français
Beaucoup moins connu est l'épisode français de ce destin familial. En effet, pour une raison mystérieuse, plusieurs oncles et tantes de Zenyatta se sont retrouvés en France pour faire leur carrière, et y ont pris racine. On trouve ainsi un mâle, Blash, gagnant du Derby Anjou Maine Centre Ouest pour Patrick Biancone et monté par Joël Boisnard en 1990, et une femelle, Restrained, qui a fait fureur dans le sud et l'est (Grand Prix de Lyon, Grand Prix de Vivaux, Le Vase d'Argent) chez Jean-Claude Napoli. Cette dernière est devenue la mère de Resting (La Coupe de Marseille) pour Jean-Claude Séroul, mais aussi d'une petite jument placée du nom de Blue Mary (Fabulous Dancer), recrutée poulinière dans le Finistère chez Bernard Jeffroy.
Kersimon, le cousin breton de Zenyatta
Or, au bout de la Bretagne, bien loin de la Californie de Zenyatta, sont nés les semi-classique Kersimon (Simon du Désert), Millenium Mambo (Dernier Empereur) et Coray (Septième Ciel), sympathique guerrier pour gentleman-riders. Il semble y avoir un monde entre la crack américaine et ces coursiers bretons. Ils sont pourtant cousins et il n'y a qu'un océan entre eux...