"Un jour, une Casaque, racontez vos couleurs" - Episode 5 : Pierre Pilarski
Pierre Pilarski, notre propriétaire du jour
Attribution officielle des couleurs au galop : décembre 2017… Cela fait donc à peine 4 ans que cette casaque est apparue sur les pistes de galop. Pourtant, tous les turfistes et les gens de chevaux ont l’impression, voire la certitude, de la connaître depuis… toujours !. Tiens, c’est étrange. Un indice ? Trot, Vincennes, champion. Allez, joker : Pierre Pilarski est l’heureux propriétaire du crack Bold Eagle, 70 courses, 46 victoires et 20 fois dans les 3 premiers avec une casaque qui brille au trot depuis 1992. Comment, dans ces conditions, a-t-il pu un jour détourner son regard de la cendrée pour lorgner vers le gazon ?. “J’ai eu la chance d’avoir Bold Eagle qui m’a apporté beaucoup de joie et beaucoup de moyens”. Certes, cela aide mais Pierre Pilarski, intrigué par les courses de galop qu’il regardait machinalement sur Equidia entre deux courses de trot, a voulu comprendre ce monde bien différent : “et la seule façon de comprendre, c’est d’investir [...] J’aime explorer des terres inconnues sans aller au Pôle Sud”.
La casaque Pilarski sur Feu Follet, espoir pour le Grand Steeple 2021 (APRH)
La motivation des futurs propriétaires pour choisir les coloris d’une casaque sont définitivement diverses et variées. On va donc parler d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître ! Qui se rappelle que les couleurs de la chaîne Mc Do étaient initialement rouges et jaunes? C’est ainsi que Pierre Pilarski, franchisé McDo, a choisi sa casaque…. Ne lui proposez cependant pas de mettre de la pub sur sa casaque (c’est autorisé dans les pays scandinaves - ndlr), il refuserait net : “la casaque est très importante. Elle a un côté un peu sacré... Elle constitue au départ une démarche administrative, puis est une façon de se différencier, et elle devient de plus en plus importante, à tel point que j’aimerais qu’elle soit reprise par l’un de mes enfants, car elle se charge d’histoire…”
Paré d’une casaque qui avait fait ses preuves au trot, Pierre Pilarski admet volontiers que son entrée dans le monde du galop n’a pas été compliquée : “Je n’ai pas eu besoin de faire ma place, tout le monde me connaissait”. Et le succès ne tarde pas. Il faut dire que Pierre Pilarski, novice dans le galop mais chevronné dans l’aventure cheval et très certainement homme d’affaires avisé, a su s’entourer de “collaborateurs” de confiance. Il a donc remis son destin de “jeune” galopeur entre des mains expertes et de confiance : Didier Guillemin :“un entraineur compétent, exemplaire et honnête” et Guillaume Macaire, grand professionnel connu et reconnu. Il y a des choix “plus pires”, comme on dit à la campagne !.
Pierre Pilarski avec Didier Guillemin au Grand Show Anglo
Première course donc en Avril 2018 avec Fiumicino, et soyons fous, quitte à débuter, autant gagner ! Et puis, quitte à gagner, autant que cela soit une belle course, donc, in the pocket le prix Wild Monarch !… Pourtant, la pauvre casaque s’était retrouvée piétinée par son propriétaire avant la course, sur les recommandations de l'entraineur Guillaume Macaire. Selon la coutume, une casaque doit connaître la chute afin de lui porter chance dans le futur. Bien vu ! Pourtant, Pierre Pilarski n’est pas superstitieux, alors qu’il avoue “ne jamais avoir connu un milieu aussi superstitieux, au trot comme au galop, un truc de fou et pas de la superstition d’opérette”.
En tous cas, cette casaque toute neuve, toute jeune au galop a brillé au passage du poteau à… 81 reprises en moins de 4 ans, dans les 3 disciplines du plat, des anglos et de l’obstacle pour une moyenne d’une dizaine de chevaux à l’entrainement ! Si ses couleurs sont très éclectiques, le coeur de Pierre Pilarski penche cependant pour l’obstacle : “c’est ce que je comprends le mieux. Le plat, c’est trop fin pour moi, trop précis. A l’obstacle, c’est la main de l’homme qui agit. Je suis tellement admiratif des jockeys et des chevaux et les carrières durent longtemps”. Et si parfois, la défaite est au bout de la ligne d’arrivée, Pierre Pilarski se reconnaît “décu mais pas mauvais joueur. C’est quelque chose que j’ai appris car j’ai fait beaucoup de sport et je n’étais pas bon, alors j’ai appris à perdre… Avec les chevaux, on travaille sur du vivant et si on veut durer et ne pas être aigri, il faut vraiment accepter la défaite. Elle est inhérente à la victoire”.
Guillaume Macaire, homme de confiance de Pierre Pilarski à l'obstacle (APRH)
Et ne demandez surtout pas à Pierre Pilarski de troquer sa casaque contre une autre tenue de sport ! Le vélo, le footing ? Bof ! Les mots croisés, le golf, Bof, bof !. Ce n’est pas de la compétiton ça Madame ! Alors, c’est grâce aux chevaux qu’il “a l’impression d’être un sportif de haut niveau à 60 ans“. S’il avait définitivement préféré le vélo comme hobby, il aurait inscrit sur son agenda un inévitable rendez vous avec une… portière de voiture ! Il a choisi le cheval, en quête “d’expériences nouvelles qui [lui] donnent des rendez-vous avec la vie”. Son prochain rendez-vous est noté en rouge et jaune sur son calepin. Ce sera le Grand Steeple Chase de Paris. Pas d’inquiétude, il a dejà piétiné sa casaque !
Pierre Pilarski écrira peut-être une nouvelle page de son histoire hippique le 23 mai prochain à Auteuil (APRH)