JC Rouget : de Jean-Claude à Jockey-Club, de Libourne à Chantilly
Jean-Claude Rouget : le cercle des vainqueurs de Chantilly est son jardin d'Eden. (Photo APRH)
Voilà donc plus de 40 ans que Jean-Claude Rouget a passé pour la 1ère fois le poteau en tête. Présent lors d'un succès dans le Prix de Diane, les figures du sud-ouest, Jean Biraben et Mathieu Daguzan-Garros, rappellent encore avec émotion le souvenir du tout jeune entraineur qui devait faire de la contorsion pour adapter sa grande taille à l'habitacle réduit de la 2 CV de ses débuts.
En 2009, Jean-Claude Rouget remporte enfin son 1e classique avec Le Havre, monté par Christophe-Patrice Lemaire, face à Fuissé monté par Dominique Boeuf
Le fils de Claude Rouget, entraineur de légende dans l'ouest, débarqué à Pau alors qu'il pratiquait personnellement les courses de demi-fond à haut niveau, a gagné sa 1ère course le 8 février 1978 dans un réclamer en haies à Pau avec Bonne Alliance, une femelle de 4 ans appartenant à Mme Georges Wegliszewski, montée par Philippe Boisgontier. Il sellait alors... son 1e partant ! Surnommé "le grand", Jean-Claude Rouget a rapidement dominé la discipline de l'obstacle dans le Sud-Ouest, gagnant 3 Grand Prix de Pau, le dernier avec Jemirkhan en 1987 pour Jean-Pierre Rios. Courant très peu à Auteuil (4 succès dont le 1er avec Bourfion en 1981 pour Jean-Pierre May), il a eu son dernier gagnant en obstacle en 1992, avec Brilaurel toujours pour Jean-Pierre Rios.
Une ambiance chaleureuse façon sud-ouest pour le retour de Le Havre.
Car très rapidement, Jean-Claude Rouget fait du plat. Lauréat pour la 1ère fois dès le 8 mai 1978 à Eauze avec Fleur du Soleil, monté par Laurent Pinaud, il remporte sa 1ère course à Paris avec Glawit le 24 février 1979 à Saint-Cloud avec le même jockey. Il monte les marches de la discpline, avec des jockeys très fidèles comme Guy Daubas, Patrice Julien, Philippe Dumortier, Jean-René Dubosc, Ioritz Mendizabal ou Jean-Bernard Eyquem, qui est d'ailleurs toujours là.
Almanzor remporte le Prix du Jockey-Club 2016, monté par Jean-Bernard Eyquem
En effet, à 45 ans, l'éternel adolescent sera associé à Saiydabad avec qui il tentera de répéter l'exploit réalisé en selle sur Almanzor, vainqueur alors qu'il se présentait en tant qu'outsider en 2016. C'est donc en octobre 91 que JCR gagne son 1er Gr.3 avec Flanaghan Coktail dans le Prix André Babouin. Il grimpe encore d'un étage avec ses 2 premiers Gr.1, à Paris grâce à Millkom dans le Grand Prix de Paris et le Prix Jean Prat en 1994, monté par Jean-René Dubosc. Ce Millkom lui offrira ensuite son 1er Gr.1 à l'étranger dans les Man O'War Stakes aux Etats-Unis, monté par Gary Stevens.
Almanzor abordait le Jockey-Club en tant qu'outsider. Il sera sacré meilleur 3 ans européen à la fin de l'année 2016.
Mais Millkom n'a pas lui offrir une première victoire dans un "classique", car n'ayant pas participé au Prix du Jockey-Club 1994. Tout comme ses conscrits féminins et masculins de l'époque d'ailleurs, qui n'ont pu faire mieux tant dans le Prix de Diane que dans les Poules d'Essai. Dans les milieux autorisés, on dit de cet entraineur palois qu'on ne peux pas préparer un classique à la campagne, que ses jockeys sont trop provinciaux, que ses chevaux sont trop "grattés" en début de saison car ils gagnent les préparatoires mais pas les belles... Lui rétorque que ses 3 ans, tout simplement, ne sont pas encore assez bons et que c'est déjà très beau qu'ils arrivent à s'imposer dans les filières préparatoires !
Brametot après le défilé du Prix du Jockey-Club 2018, à la suite de son succès dans la Poule d'Essai des Poulains.
Tous les ans, Jean-Claude Rouget remet l'ouvrage sur le métier mais il continue d'attendre. Après tout, même André Fabre, leader des entraineurs de plat a dû attendre Peintre Célèbre pour gagner son 1er Jockey-Club en 1997 alors qu'il dominait le plat français outrageusement depuis plus de 10 ans. En 2007, JCR se rapproche du but avec Literato, 2e en finissant en trombe tout près de Lawman qui s'est imposé de bout en bout. En 2008, c'est son jockey Ioritz Mendizabal qui s'impose... mais pour son rival Eric Libaud, qui devient le 1er entraineur provincial à gagner la course grâce à Vision d'Etat.
Monté par Christian Demuro, Brametot arrache la victoire dans la dernière foulée à Waldgeist, monté par Pierre-Charles Boudot.
Jean-Claude Rouget connaît donc un bonheur incommensurable quand il brise le plafond de verre en 2009 avec Le Havre, un poulain qu'il avait acquis dans sa gamme de prix habituelle, c'est à dire 100.000 €, pour Gérard Augustin-Normand. Et comme un bonheur ne vient jamais seul, il enchaîne juste après avec Stacelita dans le Prix de Diane, où il signe même le jumelé gagnant grâce à Tamazirte. Le doublé Jockey Club / Diane n’avait pas été réalisé la même année depuis 1956 et Charles Elliot. Seller la première et la deuxième du Diane nous ramène à Geoffrey Watson en 1961 et Henry Cecil en 1990 (Rafha et Moon Cactus). En cet an de grâce, Jean-Claude Rouget avait aussi gagné la Poule d'Essai des Pouliches avec Elusive Wave devant la même Tamazirte, sachant qu'il avait aussi pris la 2e place de la Poule d'Essai des Poulains avec Le Havre.
Triomphe de Sottssas en 2019, monté par Christian Demuro.
Devenu étalon, Le Havre lui offrira 2 succès de Prix de Diane avec ses filles Avenir Certain (2014) et La Cressonnière (2016). Aujourd'hui, JCR compte 4 Prix de Diane en ajoutant le succès de Valyra, pour l'Aga Khan, en 2012. Non seulement Jean-Claude Rouget a brisé le plafond de verre dans les classiques de Chantilly, mais il en est devenu le champion.
En plus de ses 4 Prix de Diane, il a engrangé 4 Prix du Jockey-Club . Après Le Havre, sont arrivés Almanzor en 2016, imité l'année suivante par Brametot puis en 2019 par Sottsass, le fils de Siyouni qui lui a offert son 1er Arc de Triomphe en 2020. Désormais, le must du must du classicisme serait de faire briller la casaque princière dans le Jockey-Club avec Makaloun (Bated Breath) ou Saiydabad (Blame) en 2021. L'Aga Khan est devenu propriétaire chez Jean-Claude Rouget à Pau en 2005. Le 1er succès du nouveau duo est survenu dans la foulée, le 1e mai 2005, à Libourne avec Rafana (Linamix). Leur 1e champion commun, Bekhabad, a gagné le Grand Prix de Paris en 2010, monté par Gérald Mossé. Leur star de référence reste Ervedya, la 1ère gagnante de Gr.1 de Siyouni dans la Poule d'Essai des Pouliches en 2012 avant d'apporter son 1er sacre lors du meeting de Royal Ascot à son entraineur dans les Coronation Stakes.