Sir Micheal Stoute : il changeait la vie.
Un an après avoir changer la vie de l’Arc Anglais en sellant les trois premiers de la course (Conduit devant Tartan Bearer et Ask), Sir Michael Stoute voit son protégé Harbinger enregistrer le plus grand écart jamais constaté à l’arrivée du Groupe 1 estival: onze longueurs ! Presqu’aussi loin que la distance qui sépare le château de Sa Majesté la reine d’Angleterre de l’île de La Barbade. C’est là-bas, dans les Petites Antilles, que le jeune Michael grandit. Tout jeune, il officie à la radio locale en tant que commentateur des courses !
Vainqueur 2010 des King George d'Ascot, Harbinger pourrait-il enfin offrir à Sir Micheal Stoute son 1e Arc de Triomphe ?
De La Barbade à Newmarket.
A vingt ans, il change de vie pour se retrouver au cœur de la campagne britannique. Changement d’atmosphère, de climat et de destinée : il devient assistant entraineur et convertit sa passion pour les courses en un métier. Entraineur public et installé à son compte au printemps 1972, M. Stoute n’attend pas longtemps pour ouvrir son palmarès : Sandal gagne à Newmarket sous les couleurs du père de Michael.
Le jeune Micheal Stoute a grandi à la Barbade. L'arrivée à Newmarket a tout de même du être un choc !
De record en honneur.
Si Blue Cashemire fut en 1977 son premier gagnant d’importance en remportant les Nunthorpe Stakes, c’est avec Shergar que la grande histoire du futur anobli par la Reine débute. Champion à 2 ans, vainqueur du derby par 10 longueurs, soit le plus grand écart qui n’ait été jamais constaté (décidément…), Shergar gagne à 3 ans les King George devant ses aînés. Quand le crack de l’Aga Khan disparaît de son haras où il officie comme étalon en 1983, Stoute a déjà conquis le respect des plus exigeants sportsmen anglais. Il le leur rend bien avec une série unique dans l’histoire des courses au 20e siècle outre-manche : Stoute devient le premier entraineur à seller un gagnant classique cinq années consécutives. De Shadeed dans les 2000 Guinées 1985 aux 1000 Guinées de Musical Bliss en 1989.
Sir Micheal Stoute a tout gagné...ou presque
Rien ne lui résiste : 10 titres de champion entraîneur en Grande-Bretagne, tous les Gr.1 de l’île, 2 Japan Cup, 5 Breeders’Cup, 1 Hong Kong Vase, 1 Dubai World Cup, des Grands Prix de Saint-Cloud et de l’Opéra et même, en 1998, l’accès au rang de Sir (le must du must des honneurs) non pas pour ses qualités d’entraîneur mais pour ses services rendus à la promotion du sport et du tourisme à la Barbade ! A la reine cette fois de lui changer la vie.
Seule ombre au tableau
Récemment, Sir Michael a changé la destinée de quelques uns de ses protégés. Entre autres exemples : Notnowcato qui participa à son premier groupe à l’âge de quatre ans avant de gagner quatre mois plus tard le premier de ses 2 Gr.1, les International Stakes à York ; l’honnête Ask qui gagna lui aussi 2 Gr.1 dont le Royal Oak à Longchamp ; ou encore le difficile et exclu de toute compétition anglaise Spanish Moon qui trouva refuge en France et à travers le monde.
Sir Micheal Stoute accumule les triomphes internationaux: ici la Breeders'Cup Turf avec Kalanisi
Cette saison l’exception se nomme Harbinger : de bon cheval de Gr.3, le fils de Dansili et d’une jument qui revendique le label FR et qui est issue de Bering, devient le gagnant le plus large de l’histoire des King George en devançant le vainqueur du Derby d’Irlande (Cape Blanco) et en laissant très loin le vainqueur du Derby d’Epsom le plus rapide de tous les temps (Workforce lui aussi entrainé par Sir Michael Stoute) !
Vainqueur de la Japan Cup, Pilsudski s'est approché de près du sacre de Longchamp: 2 fois 2e en 1996 et 97
La lumière pourrait dès lors venir de lui. Car si le palmarès de l’entraîneur semble parfait, il y manque un trophée et pas des moindres : le Prix de l’Arc de Triomphe. Deux fois 2e avec Pilsudski en 1996 derrière Helissio et en 1997 derrière Peintre Célèbre, 4e avec Conduit l’an dernier, les places se sont succédées sans succès. Harbinger, placé grandissime favori de l’Arc 2010 depuis samedi, a semble-t-il tous les atouts pour, au moins en partie, changer la vie de l’homme de La Barbade.