Sarafina, l'anti Zarkava ?
Dépendant du même entrainement, celui d’Alain de Royer Dupré, issues du même élevage, celui du Prince Aga Khan, invaincues avant le Prix Vermeille, Sarafina et Zarkava ont certes des points communs mais aussi beaucoup d’oppositions, résumées en quatre points.
A - Question d’expérience.
Avec seulement trois courses au compteur, Sarafina fait office de jeune écolière face à ses aînées baroudeuses Midday ou Sariska qu’elle va trouver sur sa route mais aussi face à ses contemporaines Lady’s Purse, Dariole (cinq courses chacune) ou Never Forget (six courses). En son temps (pas si lointain), Zarkava était apparue sur scène à cinq reprises avant le Vermeille. Mieux, elle avait accumulé une expérience à l’âge de deux ans en gagnant ses deux courses dont le Groupe 1 Prix Marcel Boussac. A deux ans, Sarafina apprenait encore ses gammes et n’a débuté qu’au mois de mai de ses trois ans, dans ce genre de lots qualifiés pour "gros ou grands tardifs" quand Zarkava préparait activement à pareille époque un troisième sacre dans un Gr.1. Notons que Sarafina n’est d’ailleurs pas née très tôt, le 19 avril 2007, 3 semaines plus tard dans l’année que Zarkava.
La belle Sarafina donne le sourire à Christophe Lemaire.
B - Question de caractère.
Dans le rôle d’écolière, Sarafina serait plutôt placée au premier rang, petite jupe noire plissée et haut blanc parfaitement repassé. Toujours prête à répondre aux colles du professeur, ce serait la parfaite première de la classe. Parfaite dans son comportement, très appliquée, Sarafina a fait le bonheur de son entourage depuis le début, passant sans problème les examens un à un. Etre parfait, juste parfait.
Tout près du radiateur, au fond de la classe, on aurait retrouvé son aînée Zarkava. Rebelle parmi les rebelles, Zarkava, jeans troués et tee-shirt à l’effigie du Che, affirme autant sa classe que son esprit facétieux. Sauter l’ombre du poteau d’arrivée le jour du Marcel Boussac, perdre plus de vingt mètres au départ du Vermeille et se jeter sur sa droite au départ de l’Arc. A quoi bon apprendre par coeur ses leçons quand on sait déjà tout, naturellement, sans forcer, mieux en s’amusant à faire n’importe quoi.
Sarafina, toujours très appliquée, franchit le poteau du Prix de Diane.
C - Question de tenue.
Zarkava déstabilisait, surprenait, laissait perplexe notamment du fait de ses facéties. Mais le test de la distance classique n’a jamais inquiété. Aussi bien sa façon d’atteindre sa vitesse maximale que son pédigrée ne laissaient que peu de place au doute. Dès sa première tentative sur 2400 mètres, l’essai fut transformé pour la nièce de nombreux chevaux de distance. Sarafina est elle par Refuse To Bend (pur miler, une seule tentative sur 2400, un échec mais c’est un fils de Sadler’s Wells) et Sanariya qui a jusque maintenant donné principalement des chevaux de 2000 mètres (seule exception Sanaya, quatrième d’un Prix Minerve). Plus loin dans le pédigrée de Sarafina, les présences de Darshaan (père de mère), de Top Ville (père de grand-mère) rassurent mais le test reste bien ce Prix Vermeille.
D - Question de popularité.
Pour toutes les raisons exposées ci-dessus, Zarkava était déjà à pareille époque une star, une diva. Chacun de ses gestes sous les projecteurs, chacune de ses sorties face aux objectifs. Pour toutes les raisons exposées ci-dessus, Sarafina n’a pas encore le quart de la popularité dont jouissait sa glorieuse aînée. Mais décidée à radicalement se démarquer de Zarkava, Sarafina pourrait bien construire sa propre histoire, à sa manière, en réalisant en véritable exploit celui de gagner un troisième groupe 1 pour sa quatrième sortie publique !
Fabien Cailler