Lequex des Aigles : quand Alain Lequeux revient gagner la der à Longchamp !
Il n'y a pas grand monde pour applaudir Lequex des Aigles à son retour vainqueur. Ni même pour le voir. Seul le lad et son jockey Frédéric Spanu, bien obligés d'être là (!) et Jean-Jacques Poincelet, le 1e garçon. L'entraineur n'est pas là. C'est donc dans le grand effacement que ce cheval noir de 4 ans, qui n'avait jamais rien fait de sa vie en 5 tentatives et réalisait une rentrée après 8 mois d'absence, a rendu un hommage pourtant typique du personnage au grand Alain Lequeux. Jockey de génie de la belle époque, les années 70 et 80, lauréat de 33 Gr.1 en France et à l'étranger, partenaire du seul lauréat français de la Japan Cup (Le Glorieux), homme malicieux, flambeur et attachant, Alain Lequeux a quitté ce monde il y a presque 4 ans, le 26 avril à l'âge de 60 ans, alors qu'il s'était reconverti avec bonheur dans son restaurant de Chantilly "Chez Lequeux ".
L'homme des grandes occasions
Sans revenir sur la longue et très riche carrière d'Alain Lequeux, déjà fils d'un jockey vedette, Guy Lequeux, il était l'homme des grandes occasions, appelé par les plus grands. En fin de carrière, il avait remporté le Prix Jacques le Marois avec Priolo pour François Boutin au nez et à la barbe de son compagnon de boxe et grand favori Linamix. Souriant et généreux, il n'a pas remporté le Prix de l'Arc de Triomphe car son propriétaire était grand prince. Ainsi, en 1989, il termine 2e de l'Arc de Triomphe avec Béhéra mais revient aux balances avec un large sourire, car il s'est fait littéralement "écrasé" par Carroll House, qui a d'ailleurs écrasé tout le peloton, et sait qu'il va s'imposer chez les commissaires, puisqu'il annonce en descendant à son entourage " on a gagné l'Ar c". Mais le propriétaire est l'Aga Khan, un prince, qui lui répond calmement: " on ne réclame pas..."
D'où viens-tu Le Coueix ?
Son fameux surnom " Lequex...ou Le Coueix " lui vient d'un de ses nombreux exploits à l'étranger, très loin, aux Etats-Unis, où il a remporté le Washington DC International, à l'époque la plus grande course américaine sur gazon, en 1981. De plus, il ne montait pas pour un entraineur français mais pour le légendaire professionnel américain Charles Wittingham, dit l'Aigle Chauve, qui finira sa carrière aux commandes de Sunday Silence. Il a été appelé par le propriétaire, l'homme d'affaires suisse Serge Fradkoff, pour monter Providential, un des meilleurs 3 ans de sa génération lorsqu'il était entrainé par François Boutin, avant qu'il poursuivre sa carrière Outre-Atlantique. Or, pendant cette épreuve, le commentateur de Laurel Park dans le Maryland n'a jamais réussi à dire convenablement le nom du jockey. Il s'est résolu à prononcer toute les lettres, ce qui a donné ce résultat surprenant : " Le Coueix..."
Le printemps suivant sa mort, l'éleveur Yvon Lelimousin, très proche de Corine Barande-Barbe puisqu'il est aussi l'éleveur actuellement de Cirrus des Aigles, a donné ce surnom à un fils de Sèvres Rose. Le jeudi 14 avril, Alain Lequeux est revenu du diable (vauvert) pour gagner la der de Longchamp.
