King George pour Danedream : Un peu de respect Monsieur !

Seule ombre au tableau : l’absence notoire des 3 Ans classiques du printemps. La raison ? Aidan O’Brien place ses champions comme des pions sur l’échiquier hippique européen et avait choisi cette course pour son gagnant de Breeders’ Cup St Nicholas Abbey, laissant donc de côté ses 3 ans. Quant à Saônois, son entourage avait sagement évité d’imaginer une participation à la course, suppléé par son prédécesseur au palmarès du Jockey-Club : Reliable Man, « bien mieux qu’à Ascot dans les Prince of Wales » dixit Alain de Royer Dupré. Résultat : un seul 3 ans jouait les kamikazes. Le japonais Deep Brillante (fils de Deep Impact), vainqueur d’un poil de nez nippon du Derby à Tokyo, avait souscrit un engagement, prouvant une nouvelle fois, et s’il en était encore besoin, le formidable esprit de conquête de nos amis japonais.

 

 

 

Et au milieu de le mêlée donc, celle qu’on s’est plu à comparer à Cendrillon l’automne dernier. Elle qui aurait égaré son soulier au beau milieu de Longchamp et que Dame-Chance lui eut retrouvé en l’espace de 2 minutes et demi un beau dimanche d’octobre. Dame-chance qui aurait en revanche manqué son rendez-vous le 24 juin dernier, Danedream finissant 4e sur 4 du Grand Prix de Saint-Cloud !! Les contes de fée ont toujours une fin…

 

NB : il est vrai que sur les images ci-dessus, on voit un contraste saisissant entre les petites foulées répétitives de la minuscules Dandream, qui a bien maigri depuis sa rentrée à Baden-Baden, et les grandes actions des massifs "pépères" Nathaniel, Reliable Man et St Nicholas Abbey. Mais à la fin c'est pourtant bien la biquette qui terrasse les ours.

 

 

Que de questions sont en effet restées en suspens après le Grand Prix de Saint-Cloud ! Peter Schiergen aurait-il subi la pression des co-propriétaires de la pouliche, dont M. Yoshida (arrivé dans la danse seulement en septembre 2011) pour qu’elle courre encore en 2012 alors que sa place au haras était toute trouvée ? La lauréate de l’Arc 2011 aurait-elle une aversion totale à la piste du Val d’Or (pourtant une des meilleures, voire la meilleure de Paris) ? Andrasch Starke ne serait-il que le jockey d’un coup ? Autant de questions que l’auteur de ces lignes, comme la majeure partie de ses confrères (appelez-les comme bon vous semble -journalistes, analystes, bonimenteurs, raconteurs d’histoire, gratte-papier, etc…), se sont posées, peu convaincus, in fine, des talents immenses de la championne allemande. Oui, il s’agit bien là d’une auto-critique et d’une critique plus générale à tous ceux qui ont douté de la classe de cette authentique crack qu’est Danedream. Mais au fait, pourquoi a-t-on plus parlé de conte de fée que de sacre depuis des mois ?

 

 

 

 

 

Débuter à Wissembourg. Pour vous, chers habitués de France Sire, c’est presque un compliment, une marque de bon goût que de débuter son 2 ans sur un hippodrome bien de chez nous avec ces coutumes, sa piste irréprochable, son Président dévoué, ses bénévoles qui le sont tout autant, son ambiance unique. Oui mais voilà, ce genre d’anecdote croustillante retient d’autant plus l’attention que le palmarès de l’auto-proclamé championnat du monde des pur-sang n’est pas habitué à ce que son vainqueur ne débute pas à Chantilly, Longchamp, Newmarket, voire, pour les plus exotiques…Newbury. Voilà donc de quoi coller une bien belle étiquette de « roturière » à une pouliche entraînée par un professionnel dont le talent n’a d’égal que sa politesse et sa disponibilité. Peter Schiergen (multiple Cravache d’Or) a gagné les plus grandes courses germaniques et n’est pas peu fier de son pays l’Allemagne. Un pays dont la santé économique est diamétralement opposée à celle de ses courses. Pourtant, l’ex-jockey de Lomitas et Lando a choisi de s’installer à quelques kilomètres de Cologne, alors que des propriétaires l’auraient certainement suivi dans un des « grands » centres d’entraînement en Europe.

 

 

 

 Danedream a débuté à Wissembourg. Voir des photos de l'événement et un reportage sur cet hippodrome alsacien

 

 

 

Pour Danedream, l’entraîneur a choisi tout d’abord un jockey français, David Breux puis Filip Minarik, Maxime Guyon, le méconnu Andreas Goritz avant de confier définitivement les clés à l’atypique Andrasch Starke. Ce grand (au moins par la taille) jockey allemand a roulé sa bosse un peu partout dans le monde et compte à son palmarès les plus belles courses d’Allemagne (avec Samum, Schiaparelli ou encore Kamsin), les plus prestigieuses du calendrier italien (Premio Roma, Gran Premio di Milano, Oaks), la Singapoure Cup avec Epalo et des kilomètres au compteur avec son fidèle Quijano..

 

Inspiré, opportuniste et dur à la lutte (il l’a prouvé samedi, en abusant d’ailleurs de la cravache ce qui lui a valu deux jours de suspensions quand huit ont été infligé à William Buick), Andreas Starke, lui aussi, mérite mieux dans les « chats » de la célébrité. En fait, Peter Schiergen et son jockey représentent à eux deux la renaissance hippique allemande…à moins de ce ne soit qu’un retour de flamme.

 

 

 

 

 

Quoi qu’il en soit, ils ont offert samedi la première victoire à leur pays dans les King George, course mythique que seules 6 juments pour 7 succès au total avaient su remporter avant elle. Mais Danedream, au terme d’une lutte plus de boxeurs que de fées, est bien la 1e à enchaîner Arc-KG ! Ca se respecte ça, Monsieur.