Saint-Alary : We Are, à la gloire de Freddy

28/05/2014 - Grand Destin
Son nom claque comme un slogan. We Are. La lauréate du Prix Saint-Alary 2014 porte le sceau de Monsieur Freddy Head, la classe internationale et, ce, depuis quelques décennies. Mais, chut, ne le lui rappelez pas trop…

Magnifique We Are, la pensionnaire de Freddy Head qui s'envole dans le Prix Saint-Alary 2014 sous la selle de Thierry Jarnet. (PHOTO APRH)

 

Un nom qui en jette

En fonction de son humeur, de son inspiration ou du manque de celle-ci, de sa proportion à vouloir apporter sa touche perso, on se prend facilement à compléter le nom de cette nouvelle championne. Pourtant We Are semble suffire bien assez. We Are. Un point c'est tout. Na. Et puis n’est-ce pas c'est incontestable ? Nous pensons donc we are. Mais pour mieux comprendre le nom de cette fille de Dansili et In Clover, il faut en fait bien regarder le nom de son propriétaire : Strawbridge. George Strawbridge. Comme tous les foals de l'élevage du propriétaire américain, fan de timber races (voir le reportage de France Sire TV sur le Virginia Gold Cup), la pouliche a été nommée par la compagne du propriétaire à la casaque blanche ceinture verte. Cette ancienne cavalière de haut niveau porte une attention toute particulière à trouver des patronymes classieux à ses chevaux comme elle le fit pour Moonlight Cloud dont les deux mots trouvés dans un poème de Pablo Nerida avaient été réunis pour donner le nom de la jument aux 6 Groupes 1 et au fantastique doublé Prix Maurice de Gheest-Prix Jacques Le Marois.

 

George Strawbridge était représenté par James Wigan, son manager, pour voir celle qui pourrait remplacer Moonlight Cloud.

 

 

Et le poète, diplomate, penseur, homme politique chilien du début du 20e est décidément une belle source d’inspiration pour la famille Strawbridge puisqu’un de ses poèmes se nomme We Are Many. Il ne fait donc aucun doute que la lauréate du Saint-Alary et future co-favorite du Prix de Diane Longines 2014 a été nommée en hommage à l’œuvre de l’écrivain Sud-Américain. We Are Many, donc. Nous sommes plusieurs, il y a plusieurs sois en nous. Bon choix pour cette pouliche entraînée par Freddy Head, l’homme aux deux vies, minimum.

 
Freddy le magnifique
 
Toujours souriant, un brin charmeur, ouvert sur les autres pour peu que vous lui montriez un peu de respect et que vous suscitiez un minimum d’intérêt, Freddy Head est de ces personnages avec qui on aimerait tout comprendre des courses et des chevaux. Lui qui aurait pu profiter confortablement des subsides d’une carrière extraordinaire de jockey a décidé depuis 1997 de faire l’entraîneur. Les chevaux sont toute sa vie et après une période de blues intégral, le quadruple lauréat de l’Arc, l’homme aux 2937 victoires a donc raccroché les bottes sans jamais laissé sa passion aux vestiaires.
 
 
Depuis les succès s’enchaînent au grand galop, de Marchand d’Or à Moonlight Cloud, en passant par Naaqoos et Galikova ou encore et bien sûr, la grande, l’unique, Goldikova. Le succès lui colle à la peau. Pourtant, en janvier dernier, quand il s’agit de faire un au-revoir à Moonlight Cloud qu’il aurait bien aimé garder encore un peu dans son écurie après une vie commune quotidienne de 4 ans, faite de victoire, de records et d’aventures en tout genre (comme finir 2e de Black Caviar à Ascot  (voir notre vidéo sur France Sire TV), Freddy ne cachait une forme de scepticisme sur la qualité de sa saison 2014 : « Ca m’étonnerait que vous reveniez tant me voir cette année. J’ai des chevaux honnêtes mais pas de champions, je crois bien. Enfin, nous verrons, mais non... » Le blues du gentleman en plein de janvier. Et pourtant, We Are surgit !
 
We Are Many… en effet
 
Se plonger dans le pedigree de We Are, c’est comme feuilleter les pages de la longue carrière de Freddy Head. Il n’aimera certainement pas trop mais Freddy connait en fait toute la famille de We Are, issue d’une souche Wertheimer, puisqu’il monta son… arrière-arrière-grand-mère ! Aïe, aïe, aïe. N’allez pas trop le lui dire, il préfère rester et est un éternel jeune homme. Pourtant, force est de constater que le fils d’Alec Head a bien monté Lalika en 1970, avec qui il gagna d’ailleurs le Prix Saint-Alary, SA course, puisqu’il l’emporta à neuf reprises en tant que jockey et pour la première fois en tant qu’entraîneur dimanche dernier. Notons au passage que Lalika était une sœur de Roi Lear, avec qui Freddy remporta le Prix du Jockey-Club en 1973. Mariée à Riverman, vainqueur du Prix d’Isphan 1972 avec Freddy, Lalika donna Lerida, grand-mère de We Are, et qui se plaça sous la selle du crack-jockey.
 
Devenue poulinière, cette Lerida, qui comme tous les membres de cette souche représentaient les intérêts de la famille Wertheimer, remporta avec… Freddy Head le Prix de Royaumont 1989, avant d’échouer dans le Prix de Diane. Partie aux Etats-Unis en 1991 avant de revenir en France en 1996, Bellarida donna de nombreux gagnants parmi lesquels les black-types Fumarelli, Bayourida, Bellona (par Bering et lauréate du Prix Rose de Mai déjà sous les couleurs Strawbridge) et donc In Clover, la mère de We Are. Bonne jument de course, entraînée par Freddy Head, cette fille de Inchinor remporta quatre courses dont le Prix de Flore 2005 avant de prendre des places au meilleur niveau et notamment dans le Prix d’Astarté de Mandesha en 2006. Avec We Are, l’histoire fantastique entre cette famille et Freddy Head se perpétue de façon extraordinaire. Et, qui sait, pour de nombreuses années encore ?
 
En 1973, Freddy Head et son père Alec ramène Roi Lear aux balances après sa victoire dans le Prix du Jockey-Club.
 

Voir aussi...