Motivator au Quesnay : quand le tapis rouge change de sens
Quand on voit que l'augmentation des taxations sur la bière, il y a en effet de quoi s'inquiéter et penser à quitter le zinc pour le pub, mais en matière équine, il est remarquable que de plus en plus de flux financiers prennent le chemin inverse. Cela en raison de l'excellente santé des courses françaises. Car même si tous les français se plaignent (de la naissance à la mort, les français se plaignent), les allocations et primes sont tellement généreuses en France qu'elle attirent des nombreux propriétaires étrangers et notamment anglais qui sont prêts à sacrifier l'ambiance et l'accueil britannique pour des tribunes pleines de fantomes à 11H30 du matin afin de continuer à assouvir leur passion du sport hippique. Les 30% d'augmentation des courses anglaises annoncées dernièrement sont spectaculaires, mais cela part de tellement bas...
Motivator au haras.
Donc, ce qui se sentait depuis quelques années finit par arriver. C'est à dire que comme l'argent va toujours à l'argent, les flux financiers concernant les ventes de yearlings et les chevaux à l'entrainement se sont répandus désormais dans le domaine de l'élevage. Et là où la France était considérée par nos amis britanniques comme leur poubelle de l'étalonnage, voilà que l'hexagone devient un lieu de convoitises.
A la faveur de la victoire de Ridasiyna dans le Prix de l'Opéra à Longchamp, qui est sa 1e gagnante de Gr.1, son père Motivator traverse donc le Channel. Il quitte les Haras de la Reine (Royal Studs) pour rejoindre le Haras du Quesnay, chez la famille Head.
Motivator lors de sa vicoire dans le Derby d'Epsom.
Issu avec Hurricane Run et Scorpion de la fameuse 1e génération de Montjeu qui a porté celui-ci d'emblée au firmament, Motivator a été payé 75.000 Guinées yearling par le courtier John Warren pour le Royal Ascot Racing Club, un syndicat de 260 propriétaires qui ont connu des moments merveilleux avec lui. Non seulement, ils ont rêvé tout l'hiver quand le cheval a été désigné favori du Derby d'Epsom dès l'âge de 2 ans au terme de sa victoire de Gr.1 dans le Racing Post Trophy, ils ont vu la gloire s'approcher quand Motivator a gagné tout aussi facilement pour sa rentrée dans les Dante Stakes (Gr.2), et et ils connu l'idéal émotionnel quand leur champion s'est envolé dans le Derby d'Epsom.
Deux fois 2e ensuite d'Oratorio dans les Eclipse Stakes et les Irish Champion Stakes, sur 2000 m, il a été ramené sur 2400 m dans l'Arc dont il a conclu 5e d'Hurricane Run. C'est resté sa dernière course car il est tombé boiteux une semaine avant ses adieux programmés dans la Breeders'Cup Turf.
Fille de Motivator, Ridasiyna remporte le Prix de l'Opéra (Gr.1)
Motivator a été syndiqué pour la modique somme de 6 millions de livres ! Grand cheval typique de son père Montjeu, celui qui semble un vrai anglais à l'ancienne est en fait né d'une souche maternelle purement américaine, avec une mère par Gone West, une grand-mère par Sharpen Up et une 4e mère par Buckpasser.
Propre frère ainé du très bon Macarthur, gagnant des Hardwicke Stakes (Gr.2) à Ascot, Motivator est entré au haras à 20.000 livres en 2006. Il n'a pas pu saillir du tout en 2010 pour cause d'un accident tendineux, dont il est tout à fait remis désormais. Il fera la monte à 7000 € alors que ses services étaient facturés 5000 livres en 2012. C'est à dire que son prix reste stable. Quand on sait que tout est plus cher en Angleterre, et surtout les prix de saillies, on pourrait presque dire qu'il augmente !