Les préparatoires à l'Arc préparent-ils à l'Arc ? Ben...sans doute !
Cinq épreuves de Groupes préparatoires aux grandes épreuves de la réunion de l'Arc se sont déroulées ce dimanche 12 septembre sur l'hippodrome du Bois de Boulogne. Les 5 vainqueurs venaient de 3 horizons différents : l'Angleterre à 3 reprises, Pau et Maisons-Laffitte.
Swiss Diva, suisse rapide
Le Prix du Petit-Couvert, épreuve sur le sprint, a été comme bien souvent remporté par un représentant d'outre-manche, Swiss Diva (f. Pivotal) entraînée par David Elsworth, qui signe une 2e victoire dans cette épreuve après son succès de 1989 avec Lugana Beach. Ce personnage étonnant fut l’entraîneur de chevaux hautement mythiques, tels Desert Orchid et Persian Punch. C'est également le 20e succès de sujets entraînés à l'étranger, dont 7 pouliches. Après un succès dans le Prix de Meautry (Gr.3) à Deauville, Swiss Diva a été de nouveau confiée à Ioritz Mendizabal. Ce dernier trouve grâce aux yeux des entraîneurs anglais, puisque le dimanche précédent, il montait déjà Allied Powers dans le Grand Prix de Baden Baden pour Micheal Bell.
Swiss Diva, nouvelle fusée anglaise
Gladiateur, Gentoo et Allez Olive
Le Prix Gladiateur, épreuve de fond préparatoire au Prix du Cadran, a été remporté par Gentoo (Loup Solitaire), un élève d'Alain Lyon du centre d'entraînement de Maisons-Laffitte. Le centre des Bords de Seine inscrit un 4e vainqueur au palmarès de l'épreuve (Gr.3 depuis 1977) après les succès de Didier Prod'homme en 2002 (Miraculous), Alain Chelet en 1987 (Yaka) et Pierre Pelat en 1978 (Biliboy). L'Angleterre ne risquait pas de vaincre puisqu'il n'y avait qu'un seul concurrent étranger, le vainqueur du Prix du Cadran 2008, Bannaby, en provenance d'Espagne. Gentoo est un cheval de gros handicap, venant de gagner son quinté à Saint-Cloud, et de loin dotée de la plus basse valeur d’un lot qu’il a pourtant transpercé. C’est le cousin d’un certain Allez Olive, qui avait déjà monté de type de marche au début des années 2000.
En casaque rouge et noire, le quintéiste Gentoo passe en revue le peloton qui se marche dessus à la corde
pour enlever le Prix Gladiateur.
Prix Merveille, sans blague
Longus Marcus (Long champs en romain) nous offrait un beau plateau (vermeil) avec les Arcs Trials en plat de résistance.
Le Prix Vermeille, tout d'abord, qui avait souri aux deux précédentes gagnantes du Prix de Diane, Stacelita et Zarkava. Cette fois, la représentante des vert et rouge, Sarafina (Refuse To Bend), lauréate des French-Oaks, n'a pu rejoindre les Midday (Oasis Dream) et Plumania (Anabaa), parties de bonne heure. A cette occasion, Midday remporte le 5e Gr.1 de sa carrière.
Au palmarès de l'épreuve, 5 gagnantes remporteront, 3 semaines plus tard, le précieux sésame : Pearl Cap (1931), Nikellora (1945), San San (1972), Three Troikas (1979) et Zarkava (2008). Cette année, la gagnante ne risque pas de faire le doublé à Longchamp puisque son entourage préfère une nouvelle traversée de l'Atlantique, pour défendre son titre dans la Breeders'Cup Filly and Mare Turf. Nos voisins, les british, ont remporté 9 Prix Vermeille et le maître Henry Cecil, titulaire de 13 Oaks, signe son 13e succès de Gr.1 en France dont 2 Prix de Diane (Indian Skimmer et Rafha), 1 Jockey-Club (Old Vic) et 1 Grand Prix de Paris (Beat Hollow).
Midday prend foulée après foulée le meilleur sur Plumania, tandis qu'à l'extérieur Sarafina finit bien mais trop tard
Midday harnachée comme une bête féroce
Hautement talentueuse, Midday est aussi doté d’un caractère très affirmé. Non point qu’elle refuse de s’élancer comme sa rivale Sariska, mais elle est présentée au rond harnaché comme une bête féroce. C'est-à-dire qu’elle a encore son licole, serré à fond au niveau de la bouche et tenu très fermement par le lad, accompagné par un compagnon qui lui s’accroche à une longe qui glisse entre la lèvre et la gencive ! On voit parfois chez les mâles méchants, mais jamais chez les femelles.
Midday ne fera pas le même retour triomphal dans l'Arc de Triomphe que dans le Prix Vermeille.
Dans la main, un des 2 lads tient le harnachement qui permet de la maitriser au rond de présentation.
Le duel permanent du Niel
Le Prix Niel a vu la copie conforme, tout du moins l'ordre d'arrivée, du Grand Prix de Paris, malgré la belle résistance de Planteur, une Plante Rare de l'écurie des bleus. Le béarnais aux couleurs vert et rouge, Behkabad (Cape Cross) est venu prendre l'avantage aux abords du poteau. Selon leur entourage, tous les 2 seront les hôtes du Qatar le premier dimanche d'octobre.
Des 3 trials, le Prix Niel est le plus prolifique en vainqueur de la Grande Course. En effet, à 3 ans, il aura donné 9 vainqueurs depuis que la course est labellisé Gr.2 et 12 depuis sa création : Sica Boy, Puissant Chef, Vaguely Noble, Trempolino, Carnegie, Helissio, Sagamix, Montjeu, Sinndar, Dalakhani, Hurricane Run et Rail Link.
Behkabad vient chercher dans les dernières foulées Planteur à la corde. L'Arc sera l'occasion de leur 3e duel
A mi-ligne droite, on a pu croire que le duel en cours sera finalement arbitré par le japonais Victoire Pisa, qui venait comme pour manger tout le monde mais s'est soudainement cassé toutes dents d'un seul coup, et est reparti en arrière.
Il sera assez amusant, et pas du tout impossible, de retrouver les 2 chevaux lors d’un 3e duel pour la victoire dans le Prix de l’Arc de Triomphe. Les as du marketing de l’émotion à l’américain vendraient sûrement l’histoire comme ça. Les puristes français pérorent qu’un cheval qui ne gagne pas de 3 longueurs n’est pas un vrai bon cheval.
Duncan en train de se faire un nom
Duncan en tête de l’armée des vieux
Les vieux ou les plus âgés s'affrontaient dans le Prix Foy qui a donné l'occasion à l'Angleterre de s'imposer pour la 9e fois sur 10 victoires étrangères. La 10e est celle du japonais El Condor Pasa en 1999 qui terminera à la 2e place du Prix de l'Arc de Triomphe à une demi-longueur de Montjeu. Souhaitons à l'entourage de notre nippon, Nakayama Festa, petit-fils de Sunday Silence, de terminer aussi bien. Il n’a été devancé que par Duncan, un fils de Dalakhani (Arc 2003), entraîné par le plus américain des anglais, John Gosden. Rappelons que Duncan avait terminé en juin 2e des Hardwicke St. (Gr.2) à Ascot derrière un certain Harbinger.
Engagé dans l'Arc, l'élève de Normandie Stud Farm pourrait donc être le 3e vainqueur du Foy lauréat début octobre. Le dernier doublé remonte à 1984 avec Sagace et en 1974 avec Allez France, deux bleus montés par Yves Saint-Martin ; ce n'était pas hier ! Duncan est le frère cadet de Samuel (Sakhee), lauréat 2 jours plus tôt de la Doncaster Cup (Gr.2), la course la plus ancienne du monde. Ils ont été élevés par Philippa Cooper, à Normandie Stud dans le Sussex au sud de l’Angleterre.
L'équipe Ninomiya-Ebina, sous l'oeil de Tony Clout, la même équipe déjà présente il y a 11 ans autour d'El Condor Pasa.
Souvenirs de Tokyo
Duncan a repoussé la bonne attaque nippone d'un plaisant Nakayama Festa. On a retrouvé alors l'entourage d'El Condor Pasa, présent ici en 1999, l'entraîneur Ninomiya et le jockey Mayasoshi Ebina, qui avait notoirement bouffé la feuille de match à plusieurs reprises. Cette fois, pas d'invention et au moins, le cheval court avant l'Arc. Manifestement, la leçon cruelle subie par Deep Impact, qui avait fait l'impasse dans le Foy avant de coincer dans les derniers mètres de l'Arc, où il rentrait après 4 mois d'absence, a été bien retenue. Après tout, une course préparatoire, comme son nom l'indique si bien, sert à préparer. Et il ne faut pas se prendre la tête plus que cela.