Les légendes du cross
Sarako et son jockey Fernand De Oliveira lors de leurs succès dans le Grand Cross de Craon.
Légende du Cross : Sarako, l'Anglo-Arabe Champion de France de Cross
Clément Lefèbvre : la jeunesse au pouvoir
Originaire de l’Ouest, Clément Lefebvre, détenteur de plus de 500 victoires en plat et en obstacle, actuellement accidenté, s’est remémoré ses plus beaux souvenirs du France Sire Anjou-Loire Challenge, une épreuve qu’il a remportée à deux reprises. Elevé avec son frère Fabien et ses deux sœurs dans le monde hippique par leur père Nicolas Lefebvre, permis d’entrainer, Clément débute en courses de poney à l’âge de 7 ans. Après une année de trot, il se dirige ensuite vers les courses de galop, et plus précisément les courses d’obstacle. Quelque peu "casse-cou" comme il le dit lui-même, Clément est animé par les sensations fortes que lui procure l’obstacle. Après plus de 200 victoires glanées sur les différents poneydromes de la région, il décide de passer sa licence de gentleman-rider. Etudiant à la MFR de Craon, en Bac pro CGEA (Conduite et Gestion d’une Exploitation Agricole), Clément s’affirme déjà dans les pelotons, en devenant Cravache d’Or des amateurs.
À 19 ans, il rentre dans la cour des grands en tant que jockey chez Guy Cherel. Après avoir perdu sa décharge, le pilote revient dans son Ouest natal, où il entame une longue et fructueuse collaboration avec son ami Gabriel Leenders. Son amour pour l’Anjou Loire Challenge débute en 2009, alors qu’il est encore un adolescent. Au bord de la piste, il assiste au sacre de Nuit Rochelaise, mais restera marqué par l’attachante Ni Plus Ni Moins, une jument grise de Pascal Journiac.
Six ans plus tard, en 2017, le jeune homme passera de l’autre côté de la barrière, en disputant son premier Anjou-Loire Challenge, en selle sur Uniment. Avec cette jument d’Eric Leray, Clément montera même sur le podium, en étant devancé par Posilox et Kick On. L’année suivante, associé à Bucefal, il réalisera l’un de ses rêves, et deviendra à 22 ans le plus jeune jockey vainqueur de l’Anjou Loire Challenge. Ce représentant de George Lacombe, entraîné par Gabriel Leenders, avait préparé l’Anjou Loire Challenge de la meilleure des manières, en remportant le Prix Bourgeonneau, exceptionnellement disputé cette année-là à Fontainebleau. Cependant, Bucefal alors benjamin de la course du haut de ses 6 ans affrontait un lot très relevé dans la plus longue course du monde, composé notamment du Cottin Kick On. Ce jour-là, Clément a décidé de monter Bucefal de façon sage, dans le but de réaliser un bon dernier kilomètre. Les éléments tourneront en sa faveur, lorsqu’après le passage final des pianos du Lion d’Angers, la jument de Thierry Poché Rinablue va se dérober, laissant le champ libre à Bucefal. Après le saut de la dernière difficulté, le duo avait tellement d’avance sur ses rivaux, que Clément a pu savourer pleinement, haranguant la foule massive durant toute la ligne droite. Trois ans plus tard, en selle sur Emeraude de Kerza Clément remettra le couvert en rejoignant Romain Julliot, David Berra et Wilfried Denuault parmi les doubles lauréats. Pourtant la préparation de la grande course ne fut pas idyllique. En effet, après une rentrée en haies à Fontainebleau, la jument de 7 ans va chuter lors du Prix Bourgeonneau, remettant un temps en cause sa participation à l’Anjou-Loire Challenge. En champion, Clément reviendra le jour J plus concentré et minutieux que jamais. Après avoir bénéficié d’un parcours en or derrière Butterfly Du Mou, la jument va mettre son cœur sur la piste pour venir à bout du pensionnaire de Pascal Journiac. Si les tribunes étaient malheureusement vide ce jour-là à cause de la pandémie, la joie était quant à elle bien présente !
Lourdement tombé fin février sur l’hippodrome de Fontainebleau, Clément soufre actuellement de multiples fractures à la jambe. Le craonnais est actuellement en rééducation au Centre de Capbreton pour accélérer la guérison. Avec son mental de gagneur, Clément aura à cœur de rattraper le temps perdu, avec le France Sire Anjou Loire Challenge 2024 en ligne de mire.
Jonathan et Bipolaire s’adjugent le Prix de la Haye Jousselin (Gr.1)
Jonathan Plouganou : le virtuose :
Devenir jockey a toujours été l’objectif de Jonathan Plouganou. Malgré ses 1m80, et ses difficultés à faire le poids, le Landais de 35 ans s’est accroché, jusqu’à devenir l’un des meilleurs pilotes de sa génération. Bien que grand pour un jockey, il a toujours eu une monte très équilibrée. Ceci, associé au nombre de ses succès, fait de lui un exemple pour bon nombre de jeunes cavaliers.
L’histoire de Jonathan prend sa source dans les Landes, où il travaille les chevaux de son père, lui-même entraineur : François. Très vite, l’adolescent qu’il est se sent plus à l’aise sur les obstacles. C’est donc naturellement qu’il prend sa licence de gentleman à l’âge de 16 ans. Petit-à-petit, le jeune cavalier enchaine les victoires, et devance les professionnels. Plus tard, il rejoint les rangs de ses mêmes pilotes professionnels. Il aura par la suite l’occasion de monter pour des entraineurs de renom à l’image de François-Marie Cottin, Jean-Paul Gallorini ou Jacques Ortet. Se voyant confier les protégés de ces As de l’obstacle, Jonathan continuera d’enchainer les victoires. Cela le conduira même à remporter la tant convoitée cravache d’Or en 2013.
Pour Jonathan, les partants s’enchainent, les premières places aussi. Après des débuts en province, il s’attaque au temple de l’obstacle : Auteuil. Tout se passe à merveille jusqu’à ce jour de 2015 où il est victime d’un grave accident, le contraignant à mettre sa carrière sur pause. Après plus de 10 mois d’arrêt, Jonathan reprend vaillamment le travail chez son père, le matin, comme à ses débuts. Le jockey est finalement revenu plus fort que jamais en octobre 2016. Douze jours seulement après avoir rechaussé les bottes, il s’est imposé à Auteuil grâce à Brut Impérial (Le Fou). C’est justement à Auteuil que Jonathan Plouganou signe son premier Groupe 1 dans le Prix de la Haye Jousselin. Nous sommes en 2018 et le crack-jockey, associé ce jour là à Bipolaire, remplaçant Thomas Gueguen blessé. C’est donc Jonathan qui hérite du beau gris, qui deviendra son cheval de cœur. Après une tentative en 2013, c’est finalement en 2019 que Jonathan parvient à s’imposer Outre-Manche. Lors du prestigieux festival de Cheltenham, le pilote monte pour son ami David Cottin, fait parler son talent et remporte le Glenfarclas Cross Country Chase avec Easysland. Dans cette même course, David Cottin prend le premier accessit avec Amazing Comedy et James Reveley. Joli coup pour les français, pour qui s’illustrer sur les terres britanniques reste assez rare. Rappelons tout de même François Doumen ayant mené The Fellow, Snow Drop ou Baracouda au plus haut niveau et ayant réussi à battre les anglais sur leurs terres.
S’il s’est souvent imposé en haies et en steeple-chase, Jonathan Plouganou sait tout faire, comme en témoignent ses résultats en cross. Parmi les nombreuses épreuves qui jalonnent sa carrière, il peut notamment se targuer d’avoir remporté plusieurs épreuves sur le sol palois avec brio. Sa plus belle victoire, c’est dans le Grand Cross de Pau qu’il la signe, associé une nouvelle fois au bon Easysland. En dehors de cela, il s’est imposé dans le Grand Cross de Compiègne, une Listed au programme de la Crystal Cup ; ce Championnat Européen de Cross-Country existant depuis 2010. En Outre, Jonathan Plouganou a remporté à trois reprises le Grand Cross de Fontainebleau (également une étape de la Crystal Cup), ce qui fait de lui le jockey recordman de victoires dans cette épreuve.
Celui qui a survolé les obstacles de cross en toute humilité durant des années détient toujours sa licence de pilote mais a ajouté une corde à son arc en devenant également entraineur à la suite de son père. Désormais installé à quelques encâblures de Mont-de-Marsan, il détient une double casquette et a sellé son premier gagnant en tant que metteur au point en 2021 à Castéra-Verduzan, avec l’anglo-arabe Zumba du Mazet (Nom de d’La). Plus récemment, Jonathan Plouganou a repris à l’entrainement Uniketat (Vision d’état), un cheval ayant débuté sur les haies sous sa selle en 2018. Après un début en haies, Uniketat bascule vers le cross, et cela semble lui réussir puisqu’il s’est imposé dans le Grand Cross de Pau (L.) en 2021, une consécration. Le jockey aux multiples victoires devenu entraineur a donc pour objectif de mener au plus haut niveau ses pensionnaires et la jeune génération de jockeys qu’il va entrainer.
Malberaux et David Cottin sur l'hippodrome de Pau
Roger Chaignon accompagné par (de gauche à droite) son fils Gilles et Alain Jouenne
Roger Chaignon : ou celui qui a popularisé la race AQPS
Lily Dancer, championne de France de cross country
LILI DANCER : La championne de France
Archy Bald lors de sa victoire dans le Grand Cross de Craon en 2001
ARCHY BALD : la légende de Craon
Craon se souviendra longtemps de sa légende Archy Bald (Carmont). En effet le représentant de Maryvonne Bolt en Co propriété avec Anne Devy, élevé par René Dugardin, a remporté pas moins de 5 Grand Cross de Craon (L). Le fantastique Archy Bald voit le jour en 1988 et débute sa carrière de courses à l'âge de 4 ans en juin 1992. Le cheval rejoint les boxes de Phillipe Cormier Martin durant l'année 1992 sous les couleurs de Mesdames Bolt et Devy. A l'âge de 10 ans dans la discipline du cross, le phénomène est en marche. Le pensionnaire de Phillipe Cormier Martin sera associé à Phillipe Bréchet durant la majorité de sa carrière. Archy Bald et Phillipe Bréchet formeront un tandem de choc et réaliseront l'exploit de remporter 5 fois le Grand Cross dont 4 fois successivement de 1996 à 1999. Blessé lors de l'édition 2000, Archy Bald empochera son 5° Grand Cross l'année suivante en 2001, un record pour la prestigieuse craonnaise qui n'a toujours pas été égalée depuis.
Fair Play sur le cross palois avec Anthony Blais
Matéa Lambern, monté par Jean-Louis Chasserio, au coté de Lili Dancer (casaque bleue) et Kelrigolo (casaque rouge et jaune) et All Ready (casaque violet et bleue)
MATEA LAMBERN : l'impitoyable
Grand alezan clair, avec une large liste en tête, Matea Lambern a été le crack incontestable du cross à la fin des années 80. Elevé par Jean Hardy, il était né du croisement d'un étalon Selle Français des Haras Nationaux, Haltea II avec une jument anglo-arabe, Hann Lambern, qui avait fait une petite carrière chez Wladimir Hall, le maître de l'obstacle dans les années 70. Confié à Gérard Margogne, installé à Feneu près d'Angers et leader dans l'ouest pendant plus de 20 ans, Matea a remporté 17 victoires en 54 tentatives et plus de 1,2 millions de francs, une véritable fortune à l'époque pour un cheval de cross. Amateur des courses en têtes, sous la selle du redoutable Jean-Louis Chasserio, surnommé "la grande chasse", jockey fin et élancé, Matea Lambern ne laissait aucune chance à ses adversaires en gagnant de bout en bout. Lauréat des Grand Cross du Pertre et de Saumur, il s'est imposé aussi 2 fois à Corlay. Son champ d'action préféré restait Craon, où il a remporté 3 fois le Grand Cross en 1986, 1987 et 1989. Absent en 1988, suite à chute à Corlay, il est revenu plus fort que jamais en 1989 à l'âge de 11 ans, enlevant à Craon son 4e succès consécutif dans l'année !
Barens de la Comte, Jérôme Follain et Luc Bellet, à droite
LUC BELLET : le Viking
Graal de Chalamont enlève le Prix du Président de la République (Gr.3) en 2000 à 82/1, sous la selle de Christophe Provot.
Monté par Alvaro Viera, Ucello du Lac devance Tudor des Salines et Plastered dans le Grand Cross de Craon en 1993.
GERARD MARGOGNE : le tenace
De 1994 à 2002, Xavier Claude deviendra un adversaire redoutable sur les plus grands cross de France, remportant pas moins de 20 cross du circuit du, communément appelé à l’époque, Championnat de France. Xavier était issu du milieu, étant le fils d’Alain Claude, entraîneur, puis 1er garçon chez Jean-Paul Gallorini, puis François-Marie Cottin, avant de prendre sa retraite, et petit-fils de Pierre Cherruau. A 19 ans, il remporte, avec Peau d’Or, celui de Rostrenen, puis celui de Granville, sur ce qui était de venu ses terres, travaillant chez Luc Bellet, à Sartilly, situé à 20 km de l’hippodrome. L’année suivante, le duo en remporte 3, allant du Lion d’Angers à Compiègne, en passant par Granville, avec 3 chevaux différents (V’là Babar, Allez José et Roy de Pique). 1996 sera de même facture. Alza II, Roy de Pique et Allez José le couronnant à Corlay, Granville et Compiègne. Avec cet Allez José, Xavier Claude, remportera les épreuves du Lion d’Angers et de Compiègne, en 1997, et portera son nombre de Grand Cross à 4 avec ce cheval dépendant de l’entraînement Bellet. Bienheureux lui offrira son seul Grand Cross de Fontainebleau, en 1998. Sur les 6 Grand Cross de Granville de son palmarès, 3 seront acquis avec Cyrano de Cuy, 2 avec Roy de Pique et 1 avec Peau d’Or. Xavier n’aura pas connu de victoire dans le Grand Cross de Pau, mais Fujiyama, entraîné par Gilles Chaignon, l’inscrira en 2002, quelques années avant sa fin de carrière, au tableau des lauréats du Grand Cross de Craon. Xavier nous a quitté le 12 décembre 2020, parti rejoindre d’autres étoiles du Cross…
Le Lion Blanc, Chriséti et son fidèle jockey Wilfried Denuault lors de leur victoire de l'Anjou Loire Challenge 2011.