Sommerabend: l'efficacité au détriment de la commercialité

01/01/2012 - Zoom Etalon
Considéré comme "pas" ou "plus" commercial par certains, Sommerabend n'en demeure pas moins un étalon on ne peut plus confirmé dans les deux disciplines du galop. Père entre autres de Pistache Dore, dernier lauréat en date du Prix Alain du Breil (Gr.1) à Auteuil, celui qui officie à 3 500€ la saillie au Haras de la Baie en 2025 affiche en effet des statistiques pour le moins flatteuses, avec des produits allant régulièrement, et bien, aux courses.

Sommerabend, un étalon "pas" ou "plus" commercial. Et pourtant d'une efficacité à toute épreuve, en plat comme en obstacle d'ailleurs !

 

On ne peut pas gagner à tous les coups. Surtout lorsque l'on est éleveur de chevaux de courses. D'autant plus par les temps qui courrent, marqués par la folle flambée des coûts de production, des prix de saillies et les effets pervers du "sire power" (CLIQUEZ ICI POUR RELIRE L'ARTICLE). Cela impose donc de prendre des décisions. De choisir non pas entre le "marteau" et "l'enclume". Mais bien entre le "marteau" et le "poteau". Autrement dit, d'envoyer ses juments ou bien à des étalons "commerciaux", "à la mode",  populaires à travers les résultats de leurs produits sur les rings de ventes aux enchères ainsi que sur les pistes. Ou à d'autres, justement caduques commercialement, condamnés par le marché... mais qui demeurent pour autant très confirmés, avec des statistiques on ne peut plus éloquentes, en plat, en obstacle. Parfois les deux !

 

Marin et André-Jean Belloir, du Haras de la Baie, où est stationné Sommerabend en 2025, à 3 500€ HT/PV la saillie

 

Ce genre d'étalons, André-Jean et Marin Belloir en ont justement stationnés quelques-uns au sein de leur Haras de la Baie, implanté non loin du Mont Saint-Michel, sur la commune de Pontorson, dans la Manche. Des sires "hors-mode", pas assez "vendeurs", mais dont la réussite des produits en piste, quasi quotidienne, et à haut-niveau, laissaient rêveurs plus d'un éleveur. Notamment ceux n'ayant pas les moyens d'aller à "THE" étalon du moment... Parmi ceux ci, Crillon (Saumarez) qui, sans être très "bankable", a tout de même engendré de cracks sauteurs comme Alex de Larredya (13 victoires en obstacle dont deux Grand Prix d'Automne, Gr.1), Buveur d'Air (8 victoires de Gr.1 sur les obstacles anglo-irlandais), Hermes Baie (lauréat de la Grande Course de Haies d'Auteuil, Gr.1 et du Prix Alain du Breil, Gr.1), Diamond Cauchois (Boyne Hurdle, Gr.2) et autre Jemy Baie (Prix Troytown, Gr.3). Ou, dans le même registre Tiger Groom qui, du temps de son passage chez la famille Belloir, leur a tout de même donné Jango Baie, vainqueur du Tolworth Hurdle (Gr.1) d'Aintree, en 2023, et engagé dans l'Arkle Chase (Gr.1) et le Brown Advisory Novices' Chase (Gr.1) du prochain festival de Cheltenham, pour l'entraînement de Nicky Henderson.

 

Sommerabend, un coeur à prendre pour la saison de monte 2025, au Haras de la Baie d'André-Jean et Marin Belloir

 

Cette volonté de proposer les services d'étalons confirmés, bien que n'ayant pas ou plus de cote commerciale, André-Jean et Marin Belloir l'ont encore un peu plus affirmé récemment avec l'arrivée au Haras de la Baie de Sommerabend (grâce au concours de Paola Beacco et Richard Venn, ndlr), qui est proposé aux éleveurs à 3 500€ HT/PV la saillie en 2025. Cheval d'1m64 au garrot, à la fois compact et solide, Sommerabend a réalisé une très belle carrière sportive, sous les férules successives d'Uwe Stoltefuss et Miroslav Rulec. Sur les pistes de 3 ans à 7 ans, sans aucun pépin physique d'un bout à l'autre de cette période, il s'est imposé à pas moins de douze reprises, sur des distances allant de 1 400m à 2 200m. Vainqueur du Grosse Europa-Meile (Gr.2), ainsi que des Prix du Muguet (Gr.2), Edmond Blanc (Gr.3) et de la Porte Maillot (Gr.3), en plus de trois autres Listeds, ses principaux faits d'armes résident également dans ses accessits obtenus dans d'autres épreuves de renom comme les Prix Daniel Wildenstein (Gr.2), du Palais-Royal (Gr.3), Perth (Gr.3) et du Pin (Gr.3).

 

Sommerabend, lors de sa victoire dans le Prix du Muguet (Gr.2), à Saint-Cloud, sous la selle de Gérald Mossé (© APRH)

 

Pur produit du Gestüt Schlenderhan, Sommerabend semble puiser cette robustesse de sa famille maternelle. Sa mère, Sommernacht (Monsun), gagnante notamment du Düsseldorfer Stutenpreis (L.) et du Preis der Winterkönigin (L.) au cours de sa carrière sportive, est aussi connue pour avoir engendré beaucoup d'autres vainqueurs en plat, dont certains black type, comme le non moins solide Sommertag (Tiger Hill), lauréat, entre autres, du Würtenberg Trophy (Gr.3). Il est donc un cousin de Sanagas (Lomitas), un ancien gagnant de l'Hollywood Turf Cup (Gr.1), ainsi que des black-type en obstacle Solway (Califet), sorti victorieux des Prix Claude Le Lorrain (L.) et François de Poncins (L.) à Auteuil, et autre Solness (König Turf), lauréat en 2024 du Leopardstown Chase (Gr.1). Sommerabend appartient par ailleurs à la même souche que Calif (Areion) et Sirius (Dashing Blade), eux aussi gagnants au plus haut-niveau en plat, ainsi que de Spillane's Tower (Walk In The Park), qui compte notamment des succès dans le Champion Novice Chase (Gr.1) et la Gold Cup Novice Chase (Gr.1) sur les obstacles irlandais.

 

Le Chef de Race Shamardal, le père de Sommerabend (© Darley)

 

Côté paternel, Sommerabend est un fils du Chef de Race Shamardal (Giant's Causeway). Formidable compétiteur, lauréat de six courses, notamment des Dewhurst Stakes (Gr.1), de la Poule d'Essai des Poulains (Gr.1), du Prix du Jockey-Club (Gr.1) et des St James's Palace Stakes (Gr.1), ce dernier est devenu le père d'une myriade de gagnants au plus haut-niveau, dont certains sont devenus, à leur tour, de top-étalons par la suite, Blue Point et Lope de Vega en tête. Malheureusement décédé en 2020, à l'âge de 18 ans, Shamardal s'est aussi distingué comme père de mères, à travers les prestigieux succès de chevaux comme Awtaad (Cape Cross), Facteur Cheval (Ribchester) Goliath (Adlerflug), Latrobe (Camelot), Pretty Pollyanna (Oasis Dream) ou encore Sosie (Sea The Stars). Certes beaucoup plus populaire, et prolifique, en plat qu'en obstacle, Shamardal s'est tout de même fait remaquer à quelques reprises dans cette discipline. En particulier en tant que grand-père paternel de plusieurs vainqueurs de Gr.1 comme Marine Nationale (French Navy), Mengli Khan (Lope de Vega) et Pistache Dore... qui n'est autre qu'un fils de Sommerabend !

 

Pistache Dore (© APRH)

 

Conçu du temps où il faisait la monte au Haras de Saint-Arnoult de la regrettée Larissa Kneip, avant de prendre ses quartiers au Haras de Gelos puis au Haras de la Baie, Pistache Dore fait en effet partie des principaux porte-étendards de Sommerabend. Dernier vainqueur en date du Prix Alain du Breil (Gr.1), ce représentant de la famille Papot, entraîné para Daniela Mele, était aussi parvenu à épingler avant cela les Prix de Marsan (L.) et Stanley (L.), toujours sur les obstacles de la Butte Mortemart, à Auteuil. Sommerabend est aussi le père de Charme Dore, dont le nom figure au palmarès du Prix Durtain (L.), à Compiègne, ainsi que de Tudo Bem, un ancien vainqueur du Prix de Bonneval (L.) sur le sprint cantilien. Mais outre le fait d'avoir engendré ces performers black type, auxquels il faut également ajouter Zizka et autre Santurin, Sommerabend se distingue également de par ses très bons ratio de gagnant par partant, mais aussi de gains par partant. Et ce alors qu'il n'a sailli en moyenne que 32 juments depuis ses débuts au haras ! Faisant en effet des produits à son image: robustes, solides, et capables de durer dans le temps, aussi bien en plat qu'en obstacle d'ailleurs, Sommerabend a encore fait parler de lui pas plus tard que ce jeudi 30 janvier 2025, avec les succès de Sweet As et Linfasommer sur la piste plate de Cagnes-sur-Mer. Un étalon "pas commercial", peut être. Mais efficace et pas cher, cela semble on ne peut plus clair !

 

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