Prix Metatero: en famille, Valfranc fait renaître le passé.

 

Sous l’entraînement du mansonnien Yannick Fouin, neveu de Gérard Margogne, Valfranc (Saint Cyrien), toujours aussi jeune malgré ses 11 printemps, s’est imposé dans le Prix Metatero, lui qui n’avait plus goûté aux joies du succès depuis le 23 novembre 2008 dans ce même Prix Metatero. Sur la touche après sa 3ème place du Prix Ingré 2009 de Mid Dancer et Remember Rose, Valfranc n’avait pu défendre ses chances ensuite dans l’épreuve reine, le Grand Steeple.

 

Valfranc à la haie d'essai du Prix Métatéro: ce qu'on appelle un sauteur

 

Après un an et demi d’absence, le fils de Saint Cyrien est réapparu à deux reprises depuis le 16 octobre dernier dans deux épreuves pour amateurs finissant à la 3ème place du Prix du Duc d’Alburquerque et du Prix de France (de Queen des Places), à chaque fois monté par Jean-Philippe Boisgontier pour l’association Margogne-Fouin dans un premier temps, rejoint ensuite par Jean-Pierre Roussel. Valfranc avait ouvert son palmarès lors de sa seule sortie à 6 ans pour Luc Bellet à Questembert. En 2006, à 7 ans,  il s’impose 4 fois consécutivement pour l’entraînement angevin de Gérard Margogne, y compris sa victoire de 8 longueurs dans le Prix Alain du Breil, Grand Steeple-Chase de Printemps du Lion d’Angers.

 

Gérard Margogne et sa femme, qui entourent leur neveu Yannick Fouin, ne sont pas peu fiers de leur Valfranc

La retraite pour l’oncle, le beau-père, le beau-frère…

A l’aube de ses 70 ans, Gérard Margogne a bien mérité de ce qui fait l’actualité, la retraite. En tant que professionnel, Greenight, appartenant à André Février, aura été son dernier partant, un jour de décembre 2007 à Angers. Il serait trop long de citer ses meilleurs élèves et surtout je risquerai d’en oublier, mais les Matéa Lambern (triple vainqueur du Grand Cross de Craon), et plus récemment Chamberko, Staff (tous deux vainqueurs du Prix Metatero), Eauberdier, Dukeen, Stodoun (associé à sa fille et son gendre, Joël Boisnard), eux, on ne peut que s’en souvenir.

 

Presque 30 ans plus tôt, presque au même endroit, après le succès de Métatéro sous la selle de Bruno Jollivet dans le Grand Steeple-Chase de Paris 1982. Gérard Margogne flatte son champion.

Metatero, un achat et une carrière atypique.

Né en 1973, de Orvilliers et Tipa (La Varende), le futur crack est né au Haras de Firfol, élevé par l’entrepreneur de travaux publics, Alexandre Berger (l’époux de Maria-Félix) connu pour être à l’origine de la construction du métropolitain de Mexico. Pour l’anecdote, Orvilliers, issu d’une famille Meautry, vainqueur de la Grande Course de Haies d’Auteuil 1968 pour les couleurs de Maria-Félix, est également le père de Chinco, lauréat du Grand Steeple 1979 et élevé par Alexandre Berger. Présenté aux ventes de Deauville, fin novembre 1974, Metatero est acheté " une bouchée de pain " 2.600 F. par l’entraîneur angevin André Foucher qui le revend après quelques palabres et papotages dans la demi-heure suivante, 3.200 F. à Gérard Margogne ; ces 600 F. seront le début d’une belle et grande histoire, c’est aussi cela le pinhooking !

 

Métatéro lors de sa victoire dans le Grand Steeple-Chase de Craon 1981, sous la selle de Jean-Claude Fouin, le père de Yannick

Un pinhooking de...600 francs !


Toutefois, avant que le poulain ne soit embarqué dans le camion, André Foucher a quelques remords et propose à Margogne de le lui racheter. Celui-ci n’est pas contre, mais place la barre à 6.000 F. Avec toutefois des regrets, qui ne cesseront de s’amplifier, Foucher laisse finalement le poulain embarqué à destination de Feneu. (sic Gérard Margogne à Guy Thibault).


Métatero: un fou furieux incontrôlable


Le jeune Metatero n’est pas simple : incontrôlable à l’entraînement sur la petite piste longue de seulement 900 m. de Gérard Margogne à Feneu, près d’Angers, il détruit le camion de son entraîneur lors de sa 1e sortie publique à 3 ans. Mais il avance toujours, à fond et droit devant lui sans réfléchir. Il gagne aussitôt sa 1e course à Segré. Puis à 4 ans enchaîne les succès, le 1e sur le tout petit hippodrome de Josselin, dans le but de lui apprendre à tourner, de force, associé au courageux Jean-Claude Fouin, le beau-frère de Gérard Margogne, devenu ensuite le père de l’entraîneur Yannick Fouin. Avec ses méthodes brutales et expéditives qui contraignent tous ses rivaux à l’effondrement, Metatero devient vite le crack des provinces, la terreur des campagnes. Mais à Paris, il fait rire. Il faut dire qu’à l’époque, deux mondes se regardent en chiens de faïence et jamais personne ne traverse le périphérique. Cela ne se fait pas.

 

Article, ou plutôt brulôt de Michel Morice avant la tentative de Metatero dans le Prix Montgomery:

" Penser que nos braves sauteurs de province puissent affronter sans dommage les gros bras parisiens sur les juges de paix de la ligne d'en face à Auteuil, c'est croire qu'un Secretin (champion de ping pong) est de taille à terrasser Borg à Roland Garros. L'idée est généreuse, sympathique, je dirais même "à la mode" (décentralisation), mais, il faut le reconnaître, elle manque un peu de réalisme. Pourquoi vouloir mêler à tout prix deux mondes aussi différents. La province a désormais son Grand Circuit. Bravo ! Laissons à Paris ses grands classiques, dont le Prix Montgomery faisait autrefois partie. "

Il faisait rire les parisiens !


En 1981, Metatero enlève la Coupe d’Or, un challenge national à travers les belles régions de France (le GNT de l’obstacle) " imaginé " par Alain du Breil et créé en 1980 (il sera supprimé en 1990). Déjà vainqueur aux points, il dispute la finale en novembre à Auteuil dans le Prix Montgomery, renommé Prix Le Parisien, c’est amusant, du nom du sponsor. Il glace d’un coup les sourires narquois en pulvérisant ses rivaux de la capitale.
 

Contrairement à ce que bêlait les pédants, hautains et prétentieux, Métatéro remporte le Prix Montgomery 81

Puis il reprend son baluchon au printemps 1982, conduit aux courses par Gérard Margogne, au Lion d’Angers, à Lyon-Parilly, puis à Nancy, début juin. En revenant de la Lorraine, Margogne dépose le cheval à Paris, chez André Fabre. Aujourd’hui, il le garderait chez lui, mais en 82, il a encore ce complexe d’infériorité et se dit que ce sera mieux ainsi, dans la Grande Maison, surtout pour s’assurer la monte de la vedette de l’époque : Alain Chelet. Mais ce dernier s’accidente 8 jours avant le Grand Steeple-Chase de l’avant-dernier dimanche de juin. Alors Gérard Margogne revient aux bases. Il fait appel au meilleur jockey de l’Ouest, même s’il reste inconnu à Auteuil, c’est un génie nommé Jojo le nain cruel : Bruno Jollivet. Comme dans ses campagnes adorées, Metatero part devant, intenable autrement, et va au bout, il entre dans l’histoire des courses.
 

Remise de sa 2e Coupe d'Or à Métatero fin 82, quelques mois après son succès dans le Grand Steeple de Paris

Bruno Jollivet le nain cruel remplace Alain Chelet accidenté


Une seconde Coupe d’Or conquise et une troisième étant exclue par le règlement, Gérard tente une nouvelle fois, en 1983, par l’intermédiaire d’André Fabre, un second Grand Steeple-Chase de Paris dont il finira au 4ème rang, dernière sortie de sa carrière.
L’année suivante, au repos dans un pré, Metatero s’effrondre soudainement, victime d’une crise cardiaque. Son nom reste un symbole, celui du tout premier provincial à avoir croquer du parigot. Malgré sa fougue et son caractère, son bilan comptable, à l’aube de sa 11ème année, est plus que positif après ses 30 victoires en obstacles (dont 9 consécutives de 1982 à 1983) pour 60 courses disputées à travers l’hexagone, mieux qu’un certain Ingré.