En hommage à Mme Sylvia Wildenstein, N'Oublie Jamais

12/01/2012 - Grand Destin
Mme Daniel Wildenstein est partie sous d’autres cieux et pourtant son souvenir reste ancré dans les mémoires grâce à ses enfants, des enfants à quatre pattes entraînés par le maître de Maisons-Laffitte, Jean-Paul Gallorini. N’Oublie Jamais, a fait l’actualité ce dimanche à Cagnes en remportant la Grande Course de Haies de Cagnes.

L’actualité de Jean-Paul Gallorini

 

La journée du dimanche 8 janvier 2012, n’aura pas été un jour comme les autres pour Jean-Paul, le mansonnien,. En cette belle journée de printemps, deux mois avant l’heure, l’hippodrome de Cagnes nous offrait, en guise de clôture dominicale (il reste une réunion), un repas pantagruélique. Au menu, les quatre plus belles épreuves du meeting nous étaient proposées. Le patron ou le maître avait un, sinon deux, plats (partants) dans chaque épreuve.
A l’issue du service, l’addition était salée. Notre expatrié d’Allauch (proche banlieue de Marseille), réalisait un score des plus honorables. A l’exception de Yannick Fertillet en 2004 (Stodoun, Gde Course de Haies et Gd Prix de la Ville de Nice et Raintrix, Prix André Masséna), jamais, depuis 30 ans, un entraîneur n’avait remporté trois des quatre plus belles épreuves de la réunion. Jean-Paul l’a fait avec 3 chevaux différents.
 
 
 
 
Jean-Paul Gallorini
 
 
 
Trois sur quatre également pour Gaëtan Masure
 
Dans l’ordre du programme, les élèves de Jean-Paul Gallorini montés par Gaëtan Masure (un belge de naissance) se distinguent : Magneli (Ad Valorem) dans la Grande Course de Haies des 4 ans (Prix André Masséna), N’Oublie Jamais (Loup Solitaire) dans la Grande Course de Haies de Cagnes qui devance son compagnon d’écurie, Œil du Maître (Robin des Champs), Roi du Val (Astarabad) dans le Grand Prix de la Ville de Nice (le Grand-Steeple, catégorisé Gr.3). Seul Cenon (Montjeu) n’a pu résister à Défi d’Anjou dans le Grand Steeple-Chase des 4 ans (Prix Christian de l’Hermite). Dommage, cela aurait pu constituer un record historique !
 
 
 

Gaetan Masure en compagnie de Jean-Paul Gallorini
 
 
 
N’Oublie jamais Newness et Nickname
 
Propriété de Jean-Paul Gallorini, N’Oublie Jamais a donc devancé son compagnon d’écurie, Œil du Maitre (vainqueur de la Grande Course de Haies d’Auteuil 2008) propriété d’Alexandrine Berger, la compagne de Jean-Paul. Fille de Loup Solitaire (lauréat du Grand Critérium pour les couleurs de Daniel Wildenstein), N’Oublie Jamais est issue d’une famille maternelle digne de celle de Kotkie (pour le Cte de Montesson) dont nous avons relaté l’histoire, il y a peu.
 
 
 
 
N'Oublie Jamais
 
 
Petite-fille de Newness, elle vient donc de rendre un triple hommage : le premier à son éleveur, Mme Daniel Wildenstein, décédée en novembre 2010, le second à Nickname, son oncle (frère de sa mère, N’Avoue Jamais), décédé pour sa part le 16 août dernier après seulement trois années de monte au Haras de Victot et le troisième à son père, Loup Solitaire, décédé en juin dernier.
 
 
 
 
Nickname
 
 
 
Tout commença suite à un achat surprenant d’une pouliche allemande
 
L’histoire de cette belle famille en bleu commence le jour où Alec Wildenstein (le fils de Daniel et le beau-fils de Sylvia) achète à l’amiable une pouliche de 4 ans de l’entraînement cantilien d’Ernest Fellows, appartenant à Helmut Motzkau, du nom de Nordenburg (Birkhahn) qui venait de s’imposer à Saint-Malo dans le Prix Carcaradec, le 15 août 1969. Elle avait été importée d’Allemagne où elle s’était imposée à 5 reprises et où elle avait pris une 3ème place dans le Nereide Rennen (L.) à 3 ans à Gelsenkirchen pour l’élevage de Mme E. Esch. Elle se classera 3ème en fin d’année d’un « malheureux » handicap à St-Cloud. Restée à l’entraînement à 5 ans sous la coupe de Maurice Zilber, elle finira par s’imposer à Saint-Cloud en avril et à Vichy dans le Prix Louis Desboudet en juillet. Pourquoi, comment, Alec s’était entiché de cette pouliche ? Il avait repris les couleurs de sa mère en 1968 (bleue, manches et toque bleu-clair) et Nordenburg était l’une de ses premières acquisitions, après celui de Facette en 1968, achetée à Alec Head (3e Prix des Jouvencelles).
 
 
 
Les Wildenstein
 
          
Daniel (Le Père)                                                 Sylvia (L'Epouse)
 
 
 
Alec (Le 1er Fils)
 
 
 
 
Guy Wildenstein (Le 2e Fils)
 
 
 
 
 
Neomenie, des hauts et des bas sur la piste
 
Nordenburg sera suitée de 12 foals dont celui de Sword Dancer, né en 1972, du nom de Nord, le meilleur de tous ses produits en plat. Entraînée par Angel Penna, Daniel Wildenstein s’en sépare à réclamer suite à sa victoire à Longchamp en octobre 1975. Acheté 51.111 francs et confié à Léon Flavien, il portera les couleurs de Mme Georges Saget lors de ses 5 autres victoires dont le Grand Prix des Alpes-Maritimes (L.) et ses places dans le Grand Prix de Nantes.
Viendra, 6 ans plus tard, la naissance de celle qui deviendra la meilleure « performeuse » de tous ses produits, Neomenie, née en 1978. Entre temps, Nordenburg sera vendue en Allemagne, pleine de Mount Hagen.
 
Confiée dans un premier temps à Maurice Zilber, Neoménie sera très vite dirigée à Maisons-Laffitte chez Jean-Paul Gallorini, puis, suite à quelques soucis de ce dernier, chez Patrick Rago. Elle restera inédite en plat.
Daniel Wildenstein offre cette pouliche à sa femme, Sylvia. C’est le début de « l’aventure » en vert. Elle débute donc à 3 ans, début août, à Dieppe en haies, loin du podium, puis dès sa seconde sortie, en septembre, s’empare du 1er accessit d’une course à conditions à Enghien.
Le 1er novembre, confiée à Denis Leblond, elle ouvre son palmarès dans le Prix Royal Junior à Auteuil puis confirme 15 jours plus tard sur la piste dans le Prix Dominique Sartini (L.). Elle sera distancée et son entraîneur sera suspendu. C’était l’affaire Gallorini de l’époque……
Confiée donc à Patrick Rago, elle termine 3e du Prix Vanille de Margello (le gagnant du Prix André Masséna, un mois plus tôt) pour sa rentrée, suivie d’un succès dans le Prix de Vaucresson devant As You Do (second à l’automne suivant du Prix Maurice Gillois).
 
Direction le steeple, discipline dans laquelle elle s’impose à deux reprises. Dans le Prix Oiseleur, tout d’abord, dans lequel elle dispose de Nous Aussi (Prix Maurice Gillois à l’automne) et de Brodi Dancer (Grand Steeple de Paris 1984), excusez du peu ! Puis succès dans le Prix La Périchole (Gr.3), disputé fin mai, dont l’arrivée est exclusivement composée de pensionnaires de Patrick Rago pour la famille Wildenstein (Will of Iron et Marathon Dancer complètent donc le podium).
Gravement accidentée, 3 semaines plus tard, dans le Prix Ferdinand Dufaure (Gr.1), sa carrière est écourtée et sa propriétaire décide de la sauver et de la faire entrer au haras.
 
 
Neoménie, une bonne mère
 
Au haras, donc, elle donnera naissance à 5 foals, 3 poulains et 2 pouliches, tous vainqueurs.
-Les mâles
-Nile River (né en 1984 de River River), son premier foal, le seul ayant couru pour les couleurs de Daniel Wildenstein. A débuté en plat chez Patrick Biancone puis chez Jean-Paul Gallorini pour qui il remporte une course de haies à Enghien à 3 ans pour Mme Daniel Wildenstein.
-NILE PRINCE (né en 1986 de Persepolis et castré à 3 ans), 2 victoires, Prix Congress (Gr.2), du Président de la République (Gr.3), 3e Prix Jean Stern (Gr.2), Fleuret (Gr.3), Duc d’Anjou (Gr.3), Finot (L.), Robert Lejeune (L.), Millionnaire II (L.). Entraînement : J.P. Gallorini.
-NILE BLEU (né en 1987 de Valiyar et castré à 4 ans), 3 victoires en plat, Prix Berteux (Gr.3), Derby du Languedoc (L.), 2 victoires en obstacles, Prix de Pépinvast (Gr.3) Rohan (L.), 2e Prix de Longchamp (Gr.3). Entraînement : J.P. Gallorini.
 
-Les femelles
 
-Nile Palace (née en 1985 de Crystal Palace) a débuté pour Sylvia Wildenstein au Croisé-Laroche à la fin de son année de 3 ans, entraînée par Mme Myriam Bollack. Elle est vendue l’hiver suivant et son nouvel entourage lui fait gagner 3 courses en plat et une en obstacles, le Prix John Cunnington à Auteuil.
-Elle donnera au haras :
a) Nile Bonheur (f. Turgeon) Prix de Triquerville (L.), 2e Prix de Chambly (L.), 3e Prix Sagan (L.) pour l’entraînement de Patrick Rago.
b) Nile Glorieuse (Le Glorieux) qui deviendra la mère de SCARLET ROW (f. 2002 Turgeon), victorieuse à 10 reprises pour la famille Devin et l’entraînement Macaire : Prix Gérald de Rochefort (L.), 2e Prix Maurice Gillois (Gr.1) de Or Noir de Somoza, Edmond Barrachin (Gr.3). Son premier foal, née en 2008, est déjà vainqueur en plat (Scarlett du Mesnil)
c) Nile Princesse (Acteur Français) grand-mère par son seul produit, Princesse Turgeon de :
Prince Pretender (m. 2007 Great Pretender), Prix Finot (L.), 4e Prix Cambacérès (Gr.1) pour Mlle Alexandrine Berger et Jean-Paul Gallorini, élevé par Pascal Noue.
Princesse Kap (f. 2008 Kapgarde), même entourage pour la gagnante du Prix Bournosienne (Gr.3) montée par Paola Beacco.
-NEWNESS (née en 1988 de Simply Great), son père est un fils de Mill Reef et de Seneca, qui a fait carrière en Angleterre chez Henry Cecil pour Daniel Wildenstein. Il est lauréat des Dante St. (Gr.2), une épreuve préparatoire au Derby qu’il n’a pas couru. C’est donc tout simplement le frère utérin de Sagace, une origine maternelle classique en provenance d’Allemagne. Il est décédé en septembre 2004 à 25 ans.
 
Néoménie décéde suite à la naissance de Newness
 
 
Newness, contemporaine d’Al Capone
 
Comme sa mère, Newness n’a pas couru en plat et sera dirigé directement sur l’épreuve phare pour inédit de 3 ans, le Prix Finot dont elle prend le premier accessit en septembre 1991. Elle terminera sa saison à la clôture d’Auteuil en remportant le Prix Chalet toujours pour les couleurs de Sylvia Wildenstein (casaque verte, toque vert-clair) et dorlotée par Jean-Paul Gallorini.
Sa saison de 4 ans ne sera pas de tout repos avec 11 sorties de mars à novembre. L’automne lui sera profitable alignant les bonnes performances dans sa nouvelle discipline, le steeple : 3 victoires consécutives en septembre dont le Prix Edmond Barrachin (Gr.3), montée par Philippe Chevalier. Elle montera sur la 3ème marche du podium du Prix Orcada (Gr.3) juste derrière un certain Al Capone (qui n’avait débuté qu’à l’âge de 4 ans). Le Prix Maurice Gillois (Gr.1) est donc l’objectif de fin de saison dont elle prendra le second accessit du duo cantilien, celui de Bernard Sécly et de son futur champion, Al Capone suivi de Nimrouz (fils de Sadler’s Wells, il n’a pas véritablement confirmé au plus haut niveau).
 
Newness, la matrone des verts
 
La carrière de Newness s’arrête là où celle d’Al Capone commence. Newness rentre donc au haras, celui de Victot, le plus ancien haras français, fondé en 1820 par Pierre Aumont. Il accueille les poulinières Wildenstein depuis 1959.
Comme sa grand-mère, Newness sera suitée de 12 foals, (7 mâles et 5 pouliches), 10 auront couru et 8 seront vainqueurs.
Ses prétendants auront été au nombre de 7 : Cadoudal, Marignan, Linamix, Lost World, Highest Honor, Sagamix, My Risk.
Ses rejetons auront gagné 31 victoires en obstacles et 9 en plat.
 
- les mâles
-Nagid (1994), son premier produit s’est imposé à Enghien.
 
-NOM D’UNE PIPE (1997), 5 victoires en obstacles dont les Prix de Longchamp (Gr.3) et Carmarthen (Gr.3). A 3 et 4 ans, il sera second de Katiki dans le Prix Cambacérès (Gr.1) et 3ème de Vic Toto dans le Prix Alain du Breil (Gr.1).
 
-Narkis (1998), Prix Wild Monarch en débutant, puis n’a pas confirmé au plus haut niveau.
 
-NICKNAME (1999), le cador de la famille, vainqueur de 14 victoires de groupes dont le doublé à 4 ans, Prix Alain du Breil (Gr.1) et Renaud du Vivier (Gr.1). Il termine sa carrière en France par une seconde place dans le Prix La Barka (Gr..2) et une place au pied du podium dans la Grande Course de Haies d’Auteuil de Rule Supreme. Il n’a couru qu’en course de haies en France contrairement à sa carrière en Irlande où il n’a affronté que le parcours de steeple. Il s’adjuge, pour ses nouvelles couleurs, le Paddy Power Chase 2006 (Gr.1) à Leopardstown. Et de retour au pays sur ses terres natales, il commence une carrière de reproducteur au Haras de Victot où malheureusement il terminera sa vie par un accident fatal dans son box.
 
-NO RISK AT ALL (2007) est son dernier poulain. N’est ce pas le meilleur de tous en plat. Vainqueur du Prix Isonomy (L.) à 2 ans, il confirme pour sa rentrée en s’adjugeant l’Omnium II devant un certain Behkabad.qui le devancera dans le Prix de Guiche (Gr.3), une épreuve préparatoire au Prix du Jockey-Club où il n’a rien pu faire dans le trafic (22 partants) et face à Lope de Vega et Planteur (un bleu de l’écurie Wildenstein managée par Guy). Pour des raisons administratives, fiscales et juridiques (qui nous dépassent), suite au décès de Mme Sylvia Wildenstein, No Risk At All ne pourra pas recourir de sitôt. Aux bons soins de Jean-Paul Gallorini, il reparaîtra en course publique que 18 mois plus tard. A cette occasion, il enlève le Prix Tantième (L.) le 17 novembre dernier à Saint-Cloud, paré des couleurs Gallorini.
 
 
 
 
No Risk At All
 
 
-les femelles
-N’AVOUE JAMAIS (1996) est la toute première pouliche de sa production. C’est elle qui nous intéresse puisqu’elle sera la mère de N’Oublie Jamais. Elle décroche son groupe 1, le Prix Alain du Breil à 4 ans. Entrée au haras, elle met au monde :
a) NICKELLE, (2003) gagnante du Prix Wild Monarch (L.) à 3 ans. De retour en plat à 4 ans, elle s’adjuge le Prix de la Pépinière (L.) et se classe 3eme de Macleya et Satwa Queen dans le Prix Allez France (Gr.3). N’oublions pas qu’elle avait gagné lors de ses débuts en steeple à Enghien. Elle est poulinière
b) N’OUBLIE JAMAIS (2005) s’est imposée pour la 4ème fois de sa carrière ce dimanche après le Prix Wild Monarch (L.) pour ses débuts et ses 2 succès à Cagnes. Elle peut partir au haras la tête haute après avoir rempli son contrat sur la piste. Propriété dorénavant de Jean-Paul Gallorini (qui s’est battu bec et ongles), elle est destinée aux services de Kapgarde.
Ce qui n’est pas le cas de sa sœur et de sa mère, lesquelles sont toujours au pré en Normandie
dans l’attente d’un règlement judiciaire et successorale.
-NEW SAGA (2002) est la pouliche de plat. Après avoir été 3e de Montare à 2 ans, elle est gagnante d’une « B » à Chantilly à 3 ans, qui lui ouvre les portes du Prix de Diane dans lequel elle termine tout prêt du podium constitué de Divine Proportions, d’Argentina (une bleue) et de Paita. Comme toute la famille, elle a goûté aussi à la piste d’Auteuil où elle termine seconde du Prix Achille Fould (L.). Elle aussi goûte aux joies de la maternité.
-Not Lost (2008) est le dernier foal de Newness, âgée de 20 ans. Née tardivement et avant terme, elle se trouve être petite et ne verra pas la piste. Elle aussi fait les frais de cette querelle familiale puisqu’elle serait apte à devenir poulinière. Elle gambade auprès de ses sœurs et de ses nièces (elles seraient plus d’une dizaine dans ce cas).
 
 
 
 
New Saga
 
 
Dorénavant, Newness coule une retraite bien méritée et souhaitons lui, à elle et à ses proches (le haras de Victot) de garder le moral en ces temps délicats.
 
Un PDF (la descendance de Newness en tableau)
 

Voir aussi...