Solémia : 100 ans d'achats et ventes Wertheimer : années 60 - (2/6)
08/10/2012 - Grand Destin
Après 100 ans d'élevage, la casaque bleu et blanc a atteint sa plus grande consécrétion dans l'Arc 2012 gagné par leur pensionnaire Solémia dont les frères Alain et Gérard Wertheimer ont de plus élevé les 2 parents : Poliglote et Brooklyn's Dance. Plongée dans un siècle d'achats et de vente qui ont fait qu'un tel résultat ait pu être atteint. Par Xavier Bougon.
UNE FILLE DE VIEUX
Lire aussi :
- Le Grand Dossier Wertheimer (1/6) : Mélodique, Sortilège, un achat et une vente.
- Les années 70 des Wertheimer (3/6)
- Les années 80 des Wertheimer (4/6)
Nous n’évoquerons ci-après que la seconde période de l’élevage Wertheimer, celle, qui sous l’impulsion d’Alec Head, est dominée par une politique d’achats annuels de yearlings et de poulinières. Cette politique permet d’acquérir des sujets d’exception comme Lyphard, Riverman, Ivanjica, Val de l’Orne, Gay Mecene venus épauler les élèves de Saint Léonard des Parcs tels Roi Lear (fils de Kalila), Green Dancer (fils de Green Valley), Dancing Maid (petite-fille de Moira), Reine de Saba (fille de Sirya) et Gold River (petite-fille de Glamour).
Alain et Gérard Wertheimer.
En fait, c’est un processus d’échanges permanents. Pas d’auto satisfaction, pas de regrets à vendre des sujets haut de gamme tels Lyphard, Riverman, Ivanjica ou Madge (qui deviendra la mère de Ma Biche pour son nouvel acquéreur).
«.Simplement » l’élevage Wertheimer s’appuie sur une jumenterie établie sur des souches solides, sans cesse élaguée de ses rameaux les plus faibles et enrichie d’éléments nouveaux (à l’instar de S.A. Aga Khan), en majorité en provenance d’outre-atlantique.
Pierre Wertheimer (à droite), le fondateur, ici avec son entraineur Eugène Leigh
Un réclamer pour débuter puis un achat mémorable, Epine Blanche
La casaque bleue, coutures, manches et toque blanches a débuté victorieusement le 31 mai 1911 au Tremblay avec Mancini II, un 3 ans acheté à Longchamp à réclamer par Pierre Wertheimer, alors âgé de 23 ans. Puis vient l’acquisition en 1918, six jours avant l’armistice, d’une certaine Epine Blanche, achetée lors de la cessation d’activité en France d’August Belmont, grand éleveur américain. Elle deviendra la mère d’Epinard, né en 1920 à Bessan dans le Médoc, mais mourra au printemps suivant en mettant bas de jumeaux.
Epinard, le champion aventurier
40 ans plus tard, commence les fondations de l’élevage actuel
Bien évidemment, Saint-Léonard des Parcs (depuis 1928) puis Saint-Léonard (installé dans l’ex Haras de la Barberie depuis 1992) n’abrite plus aujourd’hui que quelques descendantes des achats du premier quart du début du siècle dernier. Certaines souches achetées il y a un demi-siècle font toujours l’actualité.
- GREEN VALLEY (1967) : GREEN DANCER, SOLEMIA ET SA PETITE-NIECE SILASOL !
En novembre 1968 est organisée à Deauville une vente de dispersion des effectifs de Mme Peter Widener (née Wetherill, décédée en février 1970). Son élevage était tel, que c’était l’évènement de cette fin d’année. A cette occasion, passe sur le ring une yearling nommée Green Valley, une des filles de Sly Pola (Prix Robert Papin et de l’Abbaye de Longchamp à 2 ans et sœur de Polamia). Robert Giraudon se charge de signer le bon d’achat à 410.000 F pour la casaque bleue et blanc. Restée inédite sur la piste, elle deviendra l’une des juments base de l’élevage de la famille Wertheimer.
Montée par Olivier Peslier, Solemia la brave revient chercher le champion nipppon Orfèvre (C. Soumillon).
Outre son premier produit, Green Dancer (né en 1972 de Nijinsky), elle donnera 5 autres mâles qui deviendront étalons : Ercolano (Sir Ivor), Val Danseur (Nijinsky), Soviet Lad (Nureyev), Sir Raleigh (Sir Ivor), Green Mount (Lyphard). Les femelles ne sont pas en reste puisque Pink Valley (Never Bend), Irish Valley (Irish River) et Vallée Dansante (Lyphard) seront dignes de leur mère. Rappelons que Krissante (Kris et Vallée Dansante) vendue en 2006 pour un prix conséquent, avait produit Okawango (Grand Critérium, puis étalon) et que ses sœurs, Funsie (vendue à l’amiable) n’est autre que la mère d’Authorized. Et Quest of Fire (une Rainbow Quest, vendue à l’amiable également), n’est autre que la grand-mère de Quijano (le champion allemand). Bref, dans cette souche, ca produit...
Green Dancer : grand coursier en France, grand étalon aux Etats-Unis.
La descendance actuelle de Green Valley uniquement portée par la branche Solémia
La souche de Green Valley est une des familles Wertheimer la «plus touchée» par la vente des descendantes. Nous reviendrons plus tard sur les ventes «malheureuses » pour les uns, «miraculeuses» pour les autres.
Green Valley ne peut plus compter donc que sur la descendance de sa fille Vallée Dansante (vendue à 18 ans à Newmarket) : Double Green, Never Green, Soft Ice et Stormina.
La gagnante du Prix de l'Arc de Triomphe, Solemia (Poliglote), est une fille d’une excellente jument de course : Brooklyn’s Dance (Shirley Heights et fille de Vallée Dansante). Née en 1988, gagnante du Prix Cléopâtre et 2e du Prix de Royallieu, à l'époque entrainée par Christiane Head-Maarek et montée par Guy Guignard, Brooklyn's Dance est devenue une matrone au haras, mère de 7 black-type ! Elle a ainsi donné dans cet ordre :
- Gold Dodger (F94 Slew O'Gold)
- Brooklyn's Gold (M95 Seeking the Gold)
- Out of Control (M97 Gulch)
- Prospect Park (M01 Sadler's Wells)
- Never Green (F04 Halling)
- Prospect Wells (M05 Sadler's Wells)
- Soléma (F08 Poliglote).
Silasol repousse héroïquement toutes les attaques sous la poigne d'Olivier Peslier pour remporter le Prix Marcel Boussac.
Des plus grands américains aux petits français
La jument Brooklyn's Dance a commencé à être saillie aux Etats-Unis jusqu'à l'âge 10 ans, aux étalons les plus chers du marché. Parmi les non black-type, il y a eu une fille de Stom Cat nommée Brooklyn's Storm (4e du Robert Papin, Gr.2) qui deviendra la grand-mère de Silasol. Ensuite, elle est revenue en Europe pour continuer à visiter des sires huppés en Angleterre et en Irlande. Puis, devenue vieille, elle fini en France à des chevaux beaucoup moins chers (Gold Away et enfin Poliglote), de très loin moins chers...d'autant plus qu'ils sont des élèves de la maison.
Une fille de vieux
Cette poulinière déjà archi-confirmée avant la naissance de Solémia a donc donné son chef d'oeuvre alors qu'elle avait déjà l'âge avancée de 20 ans. Et elle n'a pas ménagé sa peine puisque la fille de Poliglote est son 13e produit. Tout le monde préfère les produits des jeunes juments...mais le monde est fait d'exceptions nombreuses ! Brooklyn's Dance a été saillie après la naissance de Solémia, jusqu'à l'âge de 22 ans en 2010, mais n'a plus rempli. Solémia est donc ce qu'on appelle une fille de vieux, dans la mesure où son père Poliglote, le remarquable et polyvlant sire d'Etreham, avait 16 ans l'année de sa naissance.
Brooklyn’s Storm a été vendue en décembre dernier à Deauville pleine de Zamindar, alors qu'elle allait sur ses 16 ans. Mère de Stormina (1e Listed aux USA), elle est donc désormais la grand-mère de Silasol (F10 Monsun) qui a remporté très courageusement le Prix Marcel Boussac 2 h avant que sa grand-tante Solémia ne l'imite dans l'Arc.
L'heureux acheteur est Horse France (Robert Nataf) à 70.000 €. Il fallait tout de même oser car la jument était déjà âgée et sa production souffrait de beaucoup de casse avec seulement 2 gagnants, 2 foals morts nés, des vides, des accidentés, etc...
- MAMMEE, MIDGET (née en 1953)
Une branche, toujours présente, celle de Midget (née en 1953). Cette souche débutera 20 ans plus tôt avec l’achat de Mammee, acquise après deux victoires à Deauville en provenance du Haras de Nonant le Pin (Henri et son fils Pierre Corbière).
Mammee deviendra la mère de Mignon (femelle, malgré son nom, par Epinard) et la grand-mère de Mimi dont descendent Vimy (King George VI and Queen Elizabeth) et Midget. Les descendants actuels ne sont plus très nombreux, mais fort est de constater que la famille a été très prolifique en caractères gras : je risquerais d’en oublier donc citons seulement les rameaux :
- Mige, sa fille Minstrel Girl et sa petite-fille Ma Biche.
- Midou et sa descendance, Makarova, Mabrova (vendue à 15 ans, 370.000 Guinées), Majinskaya (vendue à 3 ans, 190.000 Guinées) et Kistena (décédée en 2006).
Mige et Midou sont deux propres sœurs par Saint Crespin.
Notes :
- La famille Corbière avait été bien inspirée en achetant (il y a un siècle) à Newmarket, Marveldt. Elle deviendra la mère de Mackwiller (Poule d’Essai) qui, outre Mammee, engendrera une certaine Mesa, gagnante des 1000 Guinées pour Pierre Wertheimer qui l’avait loué à son éleveur.
- Bien inspiré également, Pierre Wertheimer, qui défendra sa pouliche Mignon à l’issue d’une victoire à Chantilly dans une course à réclamer en 1937.
- Midget, sa fille Mige (en 1968) et sa petite-fille Ma Biche (en 1982) ont toutes les trois gagné les Cheveley Park St. de Newmarket.
- Vimy, petit-fils de Mignon, s’avérera un excellent reproducteur. Il est également un « bon » père de mère dont celles de Busted et High Top.
- Il n’est pas inutile de préciser que notre Derby-winner 2012, Saonois, est un élève du Haras de Nonant le Pin, propriété d’Olivier Corbière, un descendant d’Henri, le fondateur (voir article à l’issue du Prix du Jockey-Club).
La descendance actuelle de Midget
A l’exception des yearlings et des foals, figurent à l’effectif actuel une descendante, la bonne pouliche âgée de 5 ans, Evaporation (qui ne va pas tarder à rejoindre le haras), 2 pouliches de 2 ans encore inédites, Dakatari et Godyra, à l’entraînement chez Freddy Head et un fils de Falco, âgé de 2 ans, Ecologiste (petit-fils de Kistena).
Midget, une très grande matronne.
- PEDEROBA ET VALLEE DES FLEURS
Pierre Wertheimer avait acheté Pedour (née en 1939) à l’issue de sa carrière de courses. Saillie par l’étalon maison, Djébé, elle succombera à la naissance de sa fille Pederoba, gagnante des Irish 1000 Guinées 1956. Si cette souche ne figure plus dans l’effectif de Saint-Leonard des Parcs, elle n’a marqué l’élevage que par sa petite-fille, Vallée des Fleurs (Critérium de Maisons-Laffitte, petite-fille de Val de Loir) et l’un des fleurons de sa descendance, Val des Bois (2e Breeder’s Cup Mile 1991 entre autres) et son propre frère Val des Près (Bellypha). Signalons peut-être, plus près de nous, Bonnet Rouge, Maresca Sorrento et l’utile Zibimix (fils d’Izibi). En marge, signalons que Pederoba avait été saillie à plusieurs reprises par les étalons maison : Diable Bleu (fils de Vimy) et La Brenta(fille de Lavandin)
La descendance actuelle de Pederoba : plus aucun descendant ne figure à l’effectif.
La famille Head a été très influente pendant plusieurs décennies pour l'élevage Wertheimer
- MOIRA (1959)
Achetée yearling à Deauville par Alec Head à son éleveur Mlle M. Fremont-Tousch (l’héritière d’Evremond de Saint-Alary et du Haras de Saint-Pair du Mont) Moira (décédée de bonne heure) ne donnera que deux vainqueurs ou plutôt deux gagnantes, Moqueuse et Morana.
- De Morana descendent Dancing Maid (dont les rejetons ne seront pas à la hauteur de leur mère), Mona Stella (Prix de l’Opéra qui est à l’origine de Special Quest (Critérium de Saint-Cloud), et de Moiava (Bering). Après la vente de Morana à Daniel Wildenstein, elle donnera naissance à Majolique (Irish River et mère de Martiniquais et Marble Falls, 2e Prix Saint-Alary).
- De Moqueuse, descendent Moika (dont descendent Don Mario, Akarlina), Rivermaid (et ses filles Only Star, Movieland, Reine Maid) et Moquerie, d’où Quemora, Fabulous Queen (sans descendance), Kopelman et même Marquina, qui, une fois vendue, aura Mus If (National St. Gr.1) comme petit-fils.
Notes:
- Dancing Maid (Lyphard) est la gagnante de la Poule d’Essai et du Prix Vermeille 1978, la seconde des Oaks de Fair Salinia et la 3e du Prix de l’Arc de Triomphe d’Alleged et Trillion.
La descendance actuelle de Moira
Moiava, vendue en décembre 2009 (Critérium de Maisons-Laffitte et fille de Mona Stella, vendue ele-même en 2000 à Newmarket), est représentée par une 3 ans de Dansili, Influence qui ne va pas tarder à prendre la direction soit du haras soit un ring de ventes et par la production d’une autre toute jeune poulinière, Intolérance (Gold Away).
Red Stella (Prix Panacée et fille également de Mona Stella) est la mère de deux jeunes : une yearling par Gold Away et un foal par Montjeu.
- GLAMOUR (1960, D'OU GOLDIKOVA, UNE RIVIERE D'OR
Elevée par Beaulieu Stud en Angleterre, Glamour (Djébé, un étalon maison) est achetée foal à Newmarket. Elle fera sa carrière chez Alec Head et deviendra la mère de Glaneuse (Snob) en 1966 et la grand-mère de Gracious (Habitat) et surtout celles de Gold River (Riverman).
La descendance de Gold River (décédée en 1986) est exceptionnelle avec entre autres Goldneyev (Nureyev), Rivière d’Argent (par Nijinsky et mère de Silver Fun, de Silver Rain) et surtout Rivière d’Or (Lyphard),la mère de Gold Splash, de Born Something (une Caerleon vendue à 3 ans, 850.000 Guinées), de Born Gold (gagnante à Jallais et maintenant âgée de 21 ans), elle-même mèrede Gold Round (Caerleon), de Gold Sound (Green Tune), et bien sûr de celles que leur entraineur Freddy Head appellent les soeurs kova, c'est à dire Galikova et sa glorieuse aînée Goldikova.
Gracious, la fille de Glaneuse, a donné naissance à Gay Minstrel (Gay Mecene) mais aussi à Gracious Lassie (Kalamoun) qui une fois vendue, a fait les beaux jours de l’élevage d’Edouard de Rothschild avec Oczy Czarnie puis ceux de la famille Wildenstein avec Glaieul entre autres.
Gold River, gagnante de l'Arc de Triomphe, montée par Gary Moore.
Notes
- Rivière d’Or (Prix Saint-Alary, 2e du Prix de Diane de Resless Kara) sera vendue à Newmarket, âgée de 12 ans (1997) et pleine de Nashwan pour 600.000 Guinées et Rivière d’Argent, vendue en 2001 à 17 ans (décédée en 2004) pour 45.000 Guinées.
- Renashaan, une descendante de Glaneuse, a été vendue, pleine de Gold Away (nous aborderons le sujet dans un chapitre appelé, les ventes « malheureuses »
La descendance actuelle de Glamour
Elle repose sur Born Gold et ses filles, Born Again, Gold Round (Prix Cléopâtre) et surtout tout récemment de la championne Goldikova qui vient de rentrer au haras. Rivière d’Argent (une fille de Gold River) a délégué une de ses filles, Silver Rain (Prix Joubert) et une petite-fille, Baahama (Prix Charles Laffitte). Opposite, vainqueur le 18 septembre, est un fils de Silver Rain.
Elle-même très bonne, Rivière d'Or (G. Moore) est une fille de Gold River, et la grand-mère de Goldikova.
- AZIRU (NEE EN 1956)
Elle fut acquise après une carrière de 2 à 4 ans riche de 4 victoires en plat à 3 ans et 5 en obstacles. Elevée par Claude Victor-Thomas, elle est la fille de Zucchero et de Balancelle, elle-même élevée par Robert de Nexon, l’homme qui décidera de l’avenir de l’élevage Wertheimer en leur faisant déménager de Gironde en Normandie.
Aziru donnera naissance à Zilette (Emerson) et à sa descendance, Zirconia. Cette dernière vendue, elle donnera Perlée (3e Prix Marcel Boussac, Saint-Alary) et à sa petite-fille Pearl Bracelet (Poule d’Essai).
Zilette avait une sœur, Azorelle (Sicambre) qui bien que restée inédite sur la piste, n’en a pas moins réussi sa carrière au haras : Zorongo (Chingacgook), Azella, Azorello, Azurella (Prix de Royaumont, Prix de Malleret). Cette dernière donnera naissance à Anitra’s Dance (Green Dancer) (Prix Minerve) et à ses filles Solveig (Gay Mecene) (Prix Fille de l’Air) et Gold’s Dance (mère de Goldamix, Critérium de Saint-Cloud, 3e du Prix de Diane d’Egyptband, sa compagne de couleurs).
Azurella est aussi la mère d’Azyadee, qui, une fois vendue, donnera naissance à Reine Amandine, dont un yearling par Soldier of Fortune est à vendre en octobre à Deauville.
Il faut noter qu’une petite-fille d’Azurella, Sea Ring (née en 1990 par Bering) est vendue à 4 ans à Saint-Cloud pour 200.000 F. puis revendue à 11 ans à Deauville à Mme Francis Montauban qui fera naître la gagnante de la Poule d’Essai des Pouliches 2004, Torrestrella.
La descendance actuelle d’Aziru
Goldamix est toujours présente mais elle a aussi délégué sa fille, Sismix (2e Prix Pénélope, 3e Prix d’Aumale et mère d’une yearling par Hurricane Run)
- KALILA (1961), UNE FILLE DE VALI
Fille de la matrone Vali (la mère de Val de Loir), Kalila est tombée dans l’escarcelle de la casaque bleue à l’issue d’un achat aux ventes de yearlings de Deauville. Elevée par Robert Forget (qui avait élevé également Bagheera, entre autres), Kalila s’imposera à 3 ans dans une course pour apprentis (Robert Jallu en l’occurence) au Touquet. Heureusement qu’elle avait un frère de la trempe de Val de Loir, sinon elle partait dans une course à réclamer. Leur propriétaire a eu la bonne idée d’en faire une poulinière puisqu’elle donnera naissance à Roi Lear (Reform), vainqueur du premier Jockey-Club de la casaque bleue. Avaient précédé ce Derby-winner, Lalika et Princesse Kali.
- Lalika, gagnante du Prix Saint-Alary, est à l’origine de Bellarida (Bellypha) qui, une fois vendue à 11 ans pleine de Bering à George Strawbridge, donnera naissance à Bellona, à In Clover (la mère de Dream Clover pour les couleurs Strawbridge) et à Bayourida, qui, une fois vendue à 5 ans, pleine de Bering, donnera naissance à Telluride.
- Princesse Kali a pour descendance, après sa vente en 1978 pleine de Riverman au Cte Maurice de Lastours, Aspern, mère de Cudas (Prix Lupin pour Allen Paulson et 3e Prix du Jockey Club de Suave Dancer et Subotica, deux futurs vainqueurs d’Arc), et Theoretically.
Son autre descendance par Princesse Kathy : Athyka (Secretariat, Prix de l’Opéra) et son fils Atticus (Nureyev, 2e Poule d’Essai de Vettori)…et tout dernièrement Miss Lago (2e Prix Royal-Oak 2011). Quant à Laquiola, la sœur cadette de Roi Lear, elle est donnera naissance à Saquiace (achetée à Newmarket à 3 ans par MAB Agency pour Bernard Ferrand). Revendue à deux reprises ensuite, cette dernière sera à l’origine de Scalo (Preis von Europa) et de Sexy Lady.
Figurent parmi la famille, par Laquifan (vendue à 3 ans), Tzar Rodney, par Toujours Irish (vendue à 3 ans) Dubai Surprise (Premio Lydia Tesio). Wise Dan, le tour récent gagnant de la Woodbine Mile, est un descendant de Laquiola, par Askmysecretary.
La descendance actuelle de Kalila
Un seul représentant pour cette famille, un frère d’Allybar, un yearling né d’Irika (qui a quitté les effectifs), une fille de Princesse Kathy. Quant à Athyka, elle sera vendue à l’âge de 17 ans.
- OPTIMISTIC (ACHAT DE 1963) ET KOTASHAAN
Née en 1957, l’élève de la Reine d’Angleterre, Optimistic deviendra la propriété de Saint- Leonard des Parcs en 1963. Elle fera souche avec Saint-Léonard (Prix Eugène Adam 1967 puis étalon) et Midshipman (2e Gran Premio del Jockey Club, Grand Prix de Deauville, 3e Grand Prix de Paris puis étalon) et surtout avec Opalia (Prix des Lilas, 2e Prix de la Grotte) dont descendent Première Danseuse (Green Dancer), la grand-mère d’un fils de Darshaan, Kotashaan (vainqueur de 5 Gr.1 aux USA dont la Breeder’s Cup Turf et seconde place dans la Japan Cup et même 3e du Grand Prix de Paris de Subotica. Il sera élu Horse of the year 1993 aux USA).
Ont fait partie de l’effectif, Ma Pavlova (Irish River), Bubbling Danseuse (par Arctic Tern et future grand-mère aux USA de Milleniium Dragon et J’Ray).
La descendance actuelle d’Optimistic : plus aucune descendance ne figure à l’effectif
Voir la vidéo de la victoire de Kotashaan dans la Breeders'Cup Turf 1993
- SIRYA (1967) ET REINE DE SABA
Elevée par le Comte Pierre de Montesson et son associé, Jean de Castilla, elle fera les beaux jours de la casaque bleue puisque Mme Pierre Wertheimer en est l’heureuse acheteuse, pour 140.000 F. aux ventes de yearlings de Deauville. Son mari, décédé, avait fait l’acquisition (300.000 F.), cinq ans plus tôt, de son frère Trictrac (Le Haar), qui marquera plus tard l’élevage de l’hémisphère sud (il est entre autres le père de Balmerino, second de l’Arc de Triomphe 1977, le premier d’Alleged).
Sirya, née de Sicambre et de Carya deviendra la mère de Reine de Saba (Prix de Diane, Prix Saint-Alary 1978), elle-même mère de Never Black (Riverman), de Reine d’Egypte (Val de l’Orne) d’où Egyptown, Egyptband (Prix de Diane 2000, 2ePrix de l’Arc de Triomphe de Sinndar, 3e Prix Vermeille), Northerntown (un champion d’Enghien)…Une autre fille de Reine d’Egypte, Tiyi (Fairy King), est encore présente malgré ses 17 ans, elle est la mère d’un fils d’Acatenango, Tiganello.
Sirya est non seulement mère de Reine de Saba mais aussi de Syrian Star (2e Prix Minerve) et grand-mère de Starshine (Bellypha). Seconde du Prix Soya (L.), elle sera vendue en Australie où quelques descendants ont pris du «caractères gras» y compris dans les Gr.1.
Notes
Carya, la mère de Sirya, de Trictrac et de Homely (par La Varende, vainqueur du Prix Yacowlef et 3e Prix de la Salamandre pour le comte Michel d’Ornano), avait été exportée d’Angleterre en Hollande à 4 ans, puis importée en France à 5 ans.
La descendance actuelle de Sirya :
La production d’Esneh (Sadler’s Wells) (un 2 ans par Cape Cross et une yearling par Dubawi), la seule fille d’Egyptown, puisque la gagnante du Prix de Diane 2000, Egyptband est décédée prématurément des suites de coliques. Tiyi fait encore partie de l’effectif.
Conclusion du 1e chapitre (les décénnies 1950 et 1960)
En septembre, la casaque bleue et blanche s’est distinguée, non seulement avec Mélodique mais aussi avec plusieurs rejetons élevés et issus de souches présentes depuis plusieurs décennies : c’est le cas de Pilote et Houleuse (la souche de Featherhill), d’Intello (la souche d’Only Seule), d’Aribaa (la souche de Partygoer), d’Opposite (la souche de Glamour), d’Oceanliner (vainqueur du Prix de Villebon, la souche de Raise a Beauty), de Silasol (la souche de Green Valley). Une seule exception, Indigo (une 2 ans de Falco), première gagnante en bleue pour Christophe Ferland, a été achetée yearling à Deauville.
Nous verrons dans le prochain épisode, d’où proviennent ces souches.
Bibliographie :
Informations puisées dans « Casaque bleue et blanche » de Guy Thibault , 70 ans de Galop et Un autre regard sur les courses, du même auteur.