Enrique, là où on ne l'attend pas
Enrique en 2012 au Hoguenet.
C'est l'histoire d'un cheval qui commence comme pour des milliers d'autres. Enrique naît en 1996, et est élevé par la famille Niarchos. Il est issu de la première génération de Barathea, champion miler de Cheik Mohamed, et sa mère Gwydion est gagnante de Gr.3 à deux ans à Royal Ascot, et placée de Gr.1 sur le sprint. Enrique passe aux ventes de Deauville, et est racheté pour 350 000 francs, soit environ 55 000 euros. Pas cher, quand on pense aux prix actuels. Sous la casaque de ses éleveurs, le cheval va réaliser une bonne carrière chez Henry Cecil. Il gagne Listed à deux ans sur 1400m, puis se place 4ème des Dewhurst Stakes. A 3 ans, il remporte les Greenham Stakes, avant de se placer 2ème des 2000 Guinées anglaises et irlandaises, en battant les futurs étalons Orpen et Mujahid. Sa dernière course aura lieu le 28 juillet 1999 à Goodwood, dans les Sussex Stakes. Si ce n'est pas lui qui créera l'évènement, il rentrera quand même dans l'histoire à sa manière, pour être la dernière monte de Gr.1 de Kieren Fallon pour Sir Henry Cecil.
Kieren Fallon s'en va pour monter Enrique lors des Sussex Stakes, aux côtés d'Henry Cecil. La fin de l'histoire est moins heureuse...
Voilà encore une histoire à faire palir François Hollande et son scooter...Kieren Fallon, grand jockey irlandais aux 80 Groupes 1, est aussi un personnage très controversé. Catégorisé comme jockey de handicap depuis ses débuts en 1988, c'est à la surprise générale Henry Cecil, le maître entraîneur de champions comme Frankel, qui le recrute comme premier jockey. Cette association sera un succès, mais de courte durée. En 1999, alors que Fallon vient de remporter son premier Derby d'Epsom avec Oath, une nouvelle pour le moins problématique sort dans les tabloïds le 28 juillet. Kieran Fallon aurait eu une relation avec la femme d'Henry Cecil, Natalie Payne. Le jockey se met alors en selle sur...Enrique ! Cette histoire de coucherie annoncera la fin du partenariat Cecil/Fallon, mais ce dernier saura rebondir, en devenant freelance pour Michael Stoute puis premier jockey chez Aidan O'Brien, avec qui il gagnera de nombreux Gr.1, dont l'Arc avec Dylan Thomas.
Anne-Marie, Anthony et Yvon Baudoin ont eu l'oeil pour Enrique.
Revenons à notre Enrique, qui entre étalon à Etreham, où il fera la monte jusqu'en 2006, avant de rejoindre le haras du Hoguenet. En effet, Anthony Baudoin apprécie beaucoup le cheval, et celui ci est dans une période un peu creuse. C'est pourtant à cette époque qu'il aura conçu les très bons Binocular, multiple gagnants de Gr.1 en obstacle, Obrigado, gagnant de Gr.2 et 2ème du Florida Derby (Gr.1) aux Etats-Unis, ou encore On Est Bien, son fils désormais étalon au Haras de Limarzel, qui affiche une bonne réussite. Au Hoguenet, il reviendra dans les bonnes grâces des éleveurs, et sortira encore des compétiteurs de tout premier plan comme Kada Rique, gagnante de Listeds à Auteuil, ou Fetan Joa, gagnante de Listed à deux ans. Une sacré polyvalence pour Enrique !
Misterenrique saute à la perfection pour remporter le prix Grandak (APRH).
Enrique est mort en 2015 au terme de la saison de monte, et on verra donc cette année les derniers 3 ans du fils de Barathea. Parmi ceux-là, deux se sont distingués. La première est La Cafe Ine, qui a été élevée au Hoguenet, qui porte leurs couleurs, et qui s'est imposée pour ses débuts dans le prix d'Essai des Pouliches à Compiègne. Elle s'est encore classée deuxième d'une bonne course ce mardi, confirmant ses moyens. Le second, c'est Misterenrique, qui a enlevé le prix Grandak à Auteuil. Cette course est toujours un vivier de bons chevaux, puisque l'an dernier, le champion Beaumec De Houelle triomphait, et un certain Quel Destin courait aussi, lui qui gagnera Gr.1 en Angleterre plus tard dans la saison. Entraîné par l'habile Pierre Raussin, Misterenrique appartient à la famille Papot qui aime faire son shopping au Hoguenet. La famille du poulain est d'ailleurs très connue du Haras de la famille Baudoin, qui exploitait déjà la 4ème mère, nommée Belgraum! Elle a ensuite donnée naissance à Tago Mago, l'arrière grand-mère de Misterenrique, qui est à l'origine de bons chevaux comme Golani (Prix Edmond Blanc Gr.3), ou encore Poetic Dream (Gr.2 en Allemagne). Elle est aussi la mère de Mago Less, elle-même génitrice de Miss Lordy. Cette jument, gagnante de trois courses en obstacle, avait déjà donné naissance à 3 gagnants dont Alix Pretty, deuxième du Grand-Steeple des 4 ans de Cagnes. Misterenrique est donc son 4ème gagnant, et ne devrait pas en rester là...En tous cas on souhaite qu'il fasse encore briller son père pendant de nombreuses années.
Xavier Papot (à droite, à côté de Pierre Raussin) tient peut-être un tout bon cheval, digne représentant de son père Enrique (APRH).