Haras d'Etreham Prix Jean Prat : Tenebrism, petite reine des acteurs majeurs

Depuis l'an dernier, Le haras d'Etreham est devenu sponsor du Prix Jean Prat, Gr.1 pour 3 ans qui ouvre la saison estivale à Deauville. Fondé dans les années 40 dans le Bessin près de Bayeux, développé par Roland de Chambure, qui a d'ailleurs une Listed à son nom dans cette réunion dominicale, le Haras d'Etreham s'étend aujourd'hui sur 255 hectares sous la direction désormais de Nicolas Chambure, qui représente la 4e génération à la tête de l'entreprise. Depuis quelques années, Etreham, qui était déjà un haras de tête en France tant dans l'étalonnage qu'aux ventes, a pris une nouvelle ampleur.

Le Haras d'Etreham a influé sur l'étalonnage français depuis les années 40 !

Nicolas de Chambure a pris les rênes du haras en amenant un nouvel étalon dans ses bagages : Wootton Bassett. Pas vraiment commercial au début, celui-ci est devenu un améliorateur exceptionnel, acquis pour l'équivalent d'un bras (ou plutôt deux bras) par Coolmore en 2020. Les cours d'étalons ont été rafrachies et sélectionnées tant en plat (Almanzor, City Light, Hello Youmzain, Persian King) qu'en obstacle (Goliath du Berlais, Latrobe, Masked Marvel, Saint des Saints). L'antenne d'obstacle a été rouverte à la Tuilerie, tandis que le haras du Bois a été acquis près de Deauville pour le pré-entrainement. En parallèle, Etreham s'est impliqué dans divers partenariats, engagements et soutiens (Championnat de France Sire Poneys, Crystal Cup, Au Dela des Pistes) ainsi que deux sponsorings majeurs : le circuit des femelles de 3 ans à Auteuil et donc le Prix Jean Prat.

Tenebrism, une petite pouliche très racée ! (photo APRH)

La récompense d'un sponsor réside beaucoup dans le prestige du vainqueur.  Le palmarès de ce Prix Jean Prat comprend ainsi des noms fameux récemment, comme Tamayuz, Havan Gold, Charm Spirit, Zelzal, Thunder Snow, Too Darn Hot, Pinatubo. Le vainqueur de l'an dernier, l'anglais Laws of Indices, est resté de l'ordre de l'ovni.  Cette année, le gagnant s'inscrit dans la lignée des très grands, ou plutôt des très grandes. Tenebrism est même la toute 1ère femelle au palmarès.

Mlonté par le toujours aussi timide Ryan Moore, qui répondait aux félicitations par de petits gestes de la main (en baissant la tête), Tenebrism a placé la même accélération foudroyante qui lui avait permis de passer en 200 m de la dernière à la 1ère place des Cheveley Park Stakes l'an dernier à Newmarket. Sa petite taille ne l'a pas empêchée de gagner avec beaucoup d'autorité devant une ligne de 5 concurrents quasiment tous sur la même ligne !

Derrière la gagnante, 5 chevaux sur la même ligne !

Tenebrism est née de la 1ère génération du jeune étalon Caravaggio, un fils du formidable défunt Scat Daddy qui représente une opportunité de renouveau pour Coolmore (et sortir de la prison dorée des fils de Galileo). Elle porte la casaque de Georg Von Opel (arrière petit-fils du fondateur de la marque). Sous le nom de Westerberg, le milliardaire suisse allemand est associé à Coolmore Stud. C'est une fille de la championne française Immortal Verse, gagnante du Jacques le Marois pour Robert Collet, puis acquise 4,7 millions de Guineas à Tattersalls, avant de décevoir jusque là au haras. D'ailleurs, le passage de ses prétendants à des profils de vitesse lui a fait du bien, puisque sa 2 ans Statuette est invaincue et gagnante de Gr.2. Elle est par Justify, et donc petite fille de Scat Daddy comme Tenebrism. Ultra précoce, la pensionnaire d'Aidan O'Brien avait gagné l'une des 1ères courses de 2 ans du programme, en mars 2021 à Naas en Irlande. Victime d'une blessure qui lui a valu 2 mois d'immobilisation, Tenebrism n'était revenue que 6 mois plus tard, directement dans le Gr.1 des Cheveley Park Stakes !

Mère de Tenebrism, Immortal Verse a gagné le Prix Jacques Le Marois pour Robert Collet, montée par Gérald Mossé, battant alors la reine Goldikova.

Elle avait raté sa rentrée dans les 1000 Guinées avant de montrer du mieux à la 4e place des Coronation Stakes (Gr.1) de Royal Ascot. Et la voilà qui retrouve sa fougue de championne. Sans doute le raccourcissement de la distance y est pour quelque chose...