André Fabre prend un nouveau 1e jockey : Bauyrzhan Murzabayev, le crack du Kazakhstan

15/03/2023 - Actualités
Selon l'information révélée par le site allemand Galopponline, la rumeur datant de plusieurs moi s'est confirmée. A 77 ans, l'entraineur de légende André Fabre, qui possède actuellement le palmarès le plus complet du monde, vient de choisir en Allemagne un nouveau 1er jockey : Bauyrzhan Murzabayev. Il y montera tous ses pensionnaires sauf ceux des écuries Godolphin et Wertheimer, qui ont déjà leurs jockeys en contrat . A 30 ans, ce garçon aussi affable qu'efficace poursuit un destin extraordinaire depuis sa naissance au pays des steppes, le Kazakhstan en Asie Centrale.

 
Bauyrzhan Murzabayev, ici avec Peter Schiergen en septembre 2022 à Baden-Baden

 

André Fabre est un génie peu loquace, et donc parfois difficile à saisir, mais qui cultive le goût de l'exotisme. Jamais rassasié à 77 ans, ce fils de diplomate qui a grandi à Berlin Ouest (du bon côté du mur), passionné de culture prussienne, fait depuis toujours confiance à des jockey étrangers. Il a connu certains de ses plus grands succès avec l'américain Cash Asmussen qui alignait les cravaches d'or dans les années 80. Mais pour être tout à fait précis, c'est François Boutin qui avait initialement fait venir en France le jeune génie venu du Texas, en 1982. Il adorait également faire monter le crack Pat Eddery, partenaire en 1987 de Trempolino dans le Prix de l'Arc de Triomphe, pour la 1ère de ses 8 victoires dans la plus grande course du monde. Il a très souvent fait confiance aux jockeys américains lorsqu'il avait des partants aux Etats-Unis, comme Jerry Bailey en 1993 lorsqu'il a gagné le Breeders'Cup Classic avec Arcangues à près de 100/1. Tout en aimant à faire monter Yutaka Take (3e de l'Arc 2009 avec Cavalryman), il était resté beaucoup plus franco-français depuis le désastre en 2004 du séjour de Gary Stevens, pourtant un phénomène aux Etats-Unis, qui avait démarré par une chute à la sortie des stalles pour sa 1ère monte à Maisons-Laffitte, et après une série de massacres et d'erreurs grossières, s'était conclu brutalement en août à Deauville.

 


André Fabre avec sa fille Lavinia (Photo APRH)

 

Voilà que Fabre crée une nouvelle surprise en faisant appel à un homme au nom imprononçable, Bauyrzhan Murzabayev, mais qui réussit partout où il est passé depuis son pays natal, le Kazakhstan, un immense pays désertique d'Asie Centrale de culture nomade très attachée au cheval, anciennement membre de l'Union Soviétique. Devenu 1er jockey de l'écurie leader de Peter Schiergen, il a aligné 3 cravaches d'or en Allemagne. L'été dernier, il est devenu le 1er jockey Kazakhstanais à remporter un Gr.1 international, lorsqu'il a gagné le Derby Allemand à Hambourg en selle sur Sammarco.

A l'automne, il avait déjà monté une fois pour André Fabre, rien de moins que dans le Prix de l'Arc de Triomphe en selle sur Mare Australis, sous la casaque du Baron Georg Von Ullmann, un grand propriétaire allemand. L'année précédente, il avait été question que Murzabayev intègre l'écurie de Francis-Henri Graffard, qui entrainait d'ailleurs In Swoop (Derby Allemand) pour la même casaque.

 


Bauryzan Murzabayev après sa victoire avec Sammarco dans le Derby Allemand 2022.

 

Le jockey explique à Galopponline : " Pour moi, c'est une nouvelle étape dans ma carrière. L'année dernière, quand Henri-Francis Graffard m'a proposé le poste, je suis resté en Allemagne. Je sais ce que je dois à Peter Schiergen. Nous étions une très bonne équipe et je sais que les choses seront différentes en France maintenant. Mais je suis un athlète de compétition, mon temps est court et c'est une énorme opportunité de me développer davantage. Je remercie Peter et Gisela Schiergen pour cette collaboration extraordinaire. Ils étaient comme une famille pour moi et la décision de partir est d'autant plus difficile".

De son côté, Peter Schiergen s'attendait un peu à perdre son jockey. " Il était clair pour nous que Bauyrzhan passerait à autre chose à un moment donné. Ce n'est pas seulement une personne formidable, c'est aussi l'un des meilleurs jockeys au monde et c'est ainsi qu'il a gagné cette opportunité. J'espérais qu'il resterait encore un an mais j'étais aussi jockey donc je peux le comprendre. ".

 


Un jockey fier de son pays !

 

Quel destin extraordinaire poursuivi par ce garçon venu de nulle part, né dans une ferme du fin fond du Kazakhstan, un pays  autant gigantesque, qui mesure 6 fois la France, qu'inconnu. Au sud de la Russie, étendu d'Ouest en Est entre la Mer Caspienne et la Chine et la Mongolie, le Kazakhstan fait partie de l'Asie Centrale. Cette immense région est la zone la plus mystérieuse et la moins visitée du monde, comportant les ex-républiques soviétiques (Georgie, Azerbaïdjan, Ouzbekistan, Tadjikistan). Les vieux habitants conservent la nostalgie de l'époque soviétique. Les jeunes sont traumatisés par les menaces de la Russie poutiniste qui rêvent de reconstruire l'empire. Aujourd'hui, on les comprend mieux... Ici, au nord de l'Iran et de l'Afghanistan, deux états qui n'incitent guère à la balade touristique, on trouve aussi deux pays incroyables, proches et opposés en même temps, le riche Turkménistan sous le joug de la 2e pire dictature du monde (derrière l'indétrônable Corée du Nord), et le pauvre Kirkizistan, unique démocratie de la région.

 

 


Par une chance inouïe, France Sire a pu se rendre dans ces 2 contrées où seuls quelques rares étrangers sont déjà rentrés, pour faire des reportages stupéfiants sur le culte du cheval qui règne ici. Au Turkménistan, il y a même un ministère du cheval et toute la vie tourne autour des courses de chevaux organisées par le "protecteur" Gurganguly Berdymoukhamedov (à vos souhaits !). Ce dernier, en 2014, en notre présence, a organisé une course dotée de 10 millions de dollars... mais en étant propriétaire de tous les partants ! Le chef suprême, dont le culte de la personnalité est celui d'un Staline des temps modernes, était lui-même en selle. Il a gagné évidemment mais s'est écrasé au sol quand son cheval s'est croisé les jambes au passage du poteau !

 



C'est dans ce contexte qu'est né Bauyrzhan Murzabayev. Encore plus doué que les autres, il s'est retrouvé jockey sur les hippodromes principaux du Kazakhstan, Kazanat et Almaty où courent des Akhal Tékké mais aussi beaucoup de pur-sang en provenance d'Europe. Petit génie, Murzabayev fait le chemin inverse. Il quitte son pays à 20 ans pour tenter sa chance en République Tchèque... Il y devient cravache d'or, ce qui lui ouvre les portes de l'Allemagne où il arrive en 2017. Deux saisons plus tard, il y est aussi cravache d'or, un titre qu'il conserve en 2020 et 2021. Mais malgré ses 3 titres et son poste de titulaire chez Peter Schergen, entraineur tête de liste en Allemagne, Bauyrzhan Murzabayev n'avait encore jamais réussi à gagner un Gr.1, dont le nombre est très réduit outre-Rhin (seulement 8 par an). Ce dimanche 4 juillet à Hambourg, il obtient donc un accomplissement personnel. Mais il parvient aussi à mettre en lumière une culture hippique ancestrale aussi formidable qu'inconnue grâce à sa 1ère victoire de Gr.1, qui plus est dans un Derby parmi les plus importants de la planète courses.

 NB : le Kazakhstan est le pays dorigine de Nurlan Bizakov, acheteur du Haras de Montfort & Préaux et du Haras du Mézeray, qu'il a regroupé sous l'entité nommée Sumbe, du nom de son village natal.

 

 

 

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