Amy Murphy entre jeunes sprinters et vieux sauteurs
Amy Murphy, une jeune anglaise qui se distingue par sa polyvalence (aprh)
Du haut de sa trentaine d'années et avec son sourire très communicatif, l'anglaise Amy Murphy est devenue en fort peu de temps un visage connu en France, bien qu'elle soit toujours installée à Newmarket. N'ayons pas peur de le dire, c'est la crise chez les rosbeefs, et à moins d'avoir un cheval de Groupe, on court plus pour la gloire que pour les finances en la Perfide Albion. La sonnette d'alarme est tirée depuis longtemps, ce qui est fort dommage quand on connaît le potentiel des entraîneurs anglais, et leur propension à nous botter le derrière quand ils se déplacent en France. Leurs incursions ont relancé les débats sur notre compétitivité, car même si venir chez nous leur coûte cher, les allocations alléchantes du programme français éveillent l'intérêt de bien des propriétaires.
Amy Murphy entraîne au quotidien sur le site de Newmarket, le "Chantilly anglais"
Elle qui s'est installée à l'âge de 24 ans seulement à Newmarket, Amy Murphy cultive l'audace et la polyvalence, avec un effectif encore loin de pouvoir rivaliser avec les écuries mammouths et classiques. Fille d'un éleveur et propriétaire d'obstacle, elle a connu les deux disciplines dans son apprentissage, chez Nicky Henderson et Richard Newland pour les sauteurs, mais aussi Tom Dascombe et Gai Waterhouse, en Australie, pour le plat. Plutôt que de choisir entre les deux, Amy Murphy a fait le choix de la pluralité... et ça paye !
En 2022, elle a décidé de prendre le taureau par les cornes et de prendre une licence provisoire en France, où elle a amené une quinzaine de chevaux à Lamorlaye. L'idée était de prendre des chevaux ayant droit aux primes, et de viser juste. Mieux que ça, Amy Murphy a fait une excellente saison, notamment avec la bonne 2 ans Manhattan Jungle, lauréate du Prix des Rêves d'Or (Leisted), et qui l'a emmenée jusqu'à la Breeders' Cup. On l'a aussi vu briller en obstacle avec un papy comme Mercian Prince, gagnant sur les haies de Clairefontaine pour la casaque et l'élevage de son père Paul.
Amy Murphy a brillé la semaine dernière dans l'important Prix du Début, grâce à la bombe de vitesse Myconian (aprh)
Si elle est rentrée à Newmarket, Amy Murphy poursuit ses incursions avec réussite en France. La semaine dernière, elle a sellé 2 gagnants diamétralement opposés dans le profil. D'abord, elle a remporté le Prix du Début sur les 900m de Saint-Cloud avec le 2 ans Myconian. Premier partant et premier vainqueur de son père Magna Grecia, cette petite bombe de vitesse l'a fait "à l'anglaise", c'est à dire déjà droit et mécanisé. Bref, un vrai 2 ans, que l'on devrait désormais voir s'essayer au niveau supérieur, sous la même casaque que Manhattan Jungle en début de carrière. Les associés propriétaires Daniel Macauliffe et Anoj Don ont des chevaux en France depuis un certain temps, et en confient un certain nombre désormais à Amy Murphy. S'il n'a pas le droit aux primes, Myconian a payé la moitié de son prix d'achat en une sortie. C'est déjà mieux que s'il avait débuté comme ça en Angleterre...
Dans un tout autre registre mais pour le même entraînement, Kalashnikov s'impose dimanche dernier sur les haies d'Auteuil (aprh)
3 jours après, c'est à Auteuil que Amy Murphy a brillé dans un contexte très différent, avec Kalashnikov. Âgé de 10 ans, et paré des couleurs de son père Paul Murphy, le cheval s'est imposé encore une fois à l'anglaise, semblant battu dans le tournant, mais dur comme un cric pour aller au bout devant des chevaux comme Galleo Conti et Docteur de Ballon. Pur produit irlandais, neveu du crack Kicking King (Gold Cup & King George), Kalashnikov fut la première star de Amy Murphy. Il lui avait notamment permis de seller son premier vainqueur de Gr.1 en 2019 sur le steeple d'Aintree. C'était donc la victoire de l'émotion avec ce papy qui a connu de longues absences, et n'avait plus gagné justement depuis son triomphe de Gr.1. Samedi, Amy Murphy reviendra à Saint-Cloud avec un autre débutant de 2 ans, et on pourra sans doute compter sur elle... Polyvalence et audace font de la jeune anglaise une femme à suivre en France, même si elle est rentrée sur ses terres natales.
Cheval de coeur de l'écurie du haut de ses 10 ans, l'ancien lauréat de Gr.1 sur le steeple met en avant la polyvalence de sa mentor, dont on a pas fini d'entendre parler !
