Les 5 triomphes les plus légendaires de la casaque Aga Khan

05/02/2025 - Actualités
Disparu à l’âge de 88 ans, le Prince Karim Aga Khan aura vécu avec ses chevaux des émotions extraordinaires. Revenons sur 5 moments d’anthologie où les champions maison ont fait briller la casaque verte épaulettes rouges. 

   Le Prince Aga Khan a nommé son bateau Zarkava en l'hommage de sa championne


Shergar – Derby d’Epsom 1981

Shergar est issu du croisement entre le miler Great Nephew et Sharmeen, une descendante de Mumtaz Mahal, l’une des juments de base de l’élevage Aga Khan, acquise dans les années 1920 par l’Aga Khan III. Confié à l’Anglais Sir Michael Stoute, ce splendide poulain bai avec quatre balzanes blanches sort très nettement du lot à l’entraînement et ne tarde pas à confirmer les attentes en piste. Placé de Gr.1 à 2 ans, Shergar passe un cap à 3 ans en pulvérisant l’opposition dans le Classic Trial (Gr.3), puis le Chester Vase (Gr.2).
 
 
 
 
 
Favori du Derby d’Epsom, le poulain réalise la plus grande performance de l’histoire de la plus célèbre course du monde. Sous la selle de Walter Swinburn, 19 ans, Shergar prend la tête dans le Tattenham Corner et s’envole avec une action dévastatrice pour l’emporter par 10 longueurs, soit la marge la plus importante jamais enregistrée, offrant ainsi un premier Derby au Prince. À la radio, Peter Bromley, commentateur de la BBC, prononce cette phrase qui entre dans la légende : « Il n’y a qu’un cheval, et pour voir les autres, il me faudrait un télescope ! ». À l’issue de sa remarquable carrière de course, Shergar fait la monte durant une saison avant d’être enlevé par l’IRA, qui demande une rançon contre sa libération. Les 35 copropriétaires du cheval refusent, et il ne sera malheureusement jamais retrouvé.
 
 
 
 
Darshaan – Jockey Club 1984

Cheval puissant mais atypique dans sa façon de galoper, avec la tête plus basse que la croupe, Darshaan débute à 2 ans en terminant 5e sur 5, très loin. La fois suivante, il montre cette fois son vrai visage : victoire éclatante avec six longueurs d’avance sur son dauphin. Il est aussitôt testé au niveau supérieur et s’octroie le Critérium de Saint-Cloud (Gr.2 - 2000 m) avec autorité, avant de briller dans le Prix Greffulhe (Gr.2), offrant au passage une 3000e victoire à Yves Saint-Martin. Il devient alors l’un des principaux favoris du Prix du Jockey Club.
 
 
 
 
 
Dans le Derby français, il affronte l’Irlandais Sadler’s Wells et l’Anglais Rainbow Quest. À 300 mètres du poteau, les trois chevaux les plus en vue se détachent de leurs rivaux et se livrent un duel à couteaux tirés. En pleine piste, le Français finit par faire craquer les visiteurs pour l’emporter dans les dernières foulées. Cette course entrera dans la légende pour avoir réuni sur son podium trois futurs grands chefs de race européens.
 
 
 
 
Dalakhani – Prix de l’Arc de Triomphe 2003

Fils de Darshaan, dont il fait partie des toutes dernières générations, Dalakhani n’a pas grand-chose en commun avec son père, si ce n’est son talent. Poulain gris à l’action majestueuse, Dalakhani dégage une classe folle. Invaincu à 2 ans, année durant laquelle il remporte notamment le Critérium International (Gr.1), il confirme l’année suivante en s’imposant comme le meilleur poulain européen de sa génération. Vainqueur du Prix Lupin, puis du Jockey Club, Dalakhani connaît sa première défaite dans l’Irish Derby, face à l’autre Aga Khan, Alamshar.
 
 
 
 
 
Malgré la perte de son invincibilité, Dalakhani arrive avec le statut de favori dans l’Arc en septembre. La pression qui pèse sur les épaules de Christophe Soumillon, 22 ans et premier jockey de l’écurie depuis quelques mois, est maximale. À l’ouverture des stalles, le jeune pilote reprend son cheval pour le placer dans la position caractéristique des protégés d’Alain de Royer Dupré, à savoir en épaisseur, dans un dos, dans le dernier tiers du peloton. Ramené sur un plateau, Dalakhani fait étalage de toute sa classe. Trois ans après Sinndar, le Prince Aga Khan remporte de nouveau la reine des courses.
 
 
 
 
Zarkava – Prix de l’Arc de Triomphe 2008

Comment parler de l’Aga Khan sans évoquer le nom de Zarkava ? Issue de Zamindar et de Zarkasha, cette pouliche au physique tout à fait quelconque a émerveillé tous les amoureux des courses. Après ses débuts victorieux dans le Prix de la Cascade en septembre de ses 2 ans, Alain de Royer Dupré hésite à la présenter dans le Prix Marcel Boussac un mois plus tard. Le maître cantilien décide alors de l’amener galoper sur l’hippodrome de Chantilly avec des chevaux d’âge pour la jauger.
 
 
 
 
 
Dans un podcast, Christophe Soumillon raconte ce moment si spécial : « Son Altesse était venue assister au galop de la pouliche tôt le matin. Durant l’exercice, qui se déroulait sur une piste souple, Zarkava avait plusieurs longueurs de retard sur ses leaders dans la dernière ligne droite. Je lui ai alors demandé d’accélérer, et la magie a opéré. Je n’ai jamais ressenti cela de ma vie. Une pouliche de 2 ans qui arrive à accélérer aussi fort, c’est extraordinaire. En revenant aux écuries, le Prince et Alain de Royer Dupré étaient abasourdis eux aussi. En repartant de l’hippodrome, le Prince était tellement euphorique qu’il a fait déraper les pneus de son Audi sur le gravier. »
 
 
 
 
 
La suite, on la connaît : Boussac, Poule, Diane, le départ raté dans le Vermeille et sa ligne droite décoiffante. Au fil des courses, Zarkava devient de plus en plus délicate et caractérielle. Dans l’Arc, elle est une nouvelle fois munie du numéro 1 à la corde et tente de dérober sur sa droite à l’ouverture des stalles. Vigilant, Christophe Soumillon parvient à rester en selle, mais le duo concède de précieuses longueurs. Intouchable, la crack parachève son œuvre par un succès dans l’Arc. Une victoire en guise de consécration ultime pour le Prince Aga Khan, qui, après 50 ans d’élevage, était parvenu à faire naître le cheval parfait.
 
 
 
Vadeni – Eclipse Stakes 2022

Fils de Churchill et de Vaderana, une gagnante de maiden au Mans issue d’une souche Lagardère, Vadeni est confié à Jean-Claude Rouget. L’homme de Pau/Deauville a connu une belle réussite sous la casaque verte et rouge, avec des chevaux comme Ervedya ou Valyra. Battu dans le Prix de Fontainebleau mais vainqueur du Prix de Guiche, le poulain se pose parmi les favoris du Jockey Club. Sur une piste rapide, il met à profit sa vitesse de base pour se placer à la pointe du combat. Lancé par Christophe Soumillon à 400 mètres du disque final, il a déjà gagné 200 mètres plus tard.
 
 
 
 
 
Pour sa sortie suivante, son entourage décide de tenter sa chance dans les Eclipse Stakes, face aux aînés. Ils ne sont que six au départ, mais le lot est d’un niveau stratosphérique. Face au Français se dressent les poids lourds Mishriff, Lord North, Native Trail, Bay Bridge et Alenquer. Courageux en diable, Vadeni subit des attaques de tous les côtés, mais ne baisse pas pavillon et domine les Anglais sur leur sol. La casaque princière n’avait plus remporté cette course depuis 1959 et un certain Saint Crespin, un cheval appartenant à son père Aly Khan.
 
 

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