Gainesway Farm avec Tapit : le paradis américain du légendaire père de Flightline
Il n'y a pas plus fameux que Gainesway Farm dans le Kentucky, car ce Haras de légende est de ceux qui ont façonné l'industrie hippique américaine au cours des derniers siècles. Depuis le 19e siècle, des champions y ont été élevés, quel que soit le propriétaire des lieux. A la fin du 19e, James Haggin a développé sur ces terres le haras d'Elmendorf, qui est devenu l'une des plus fameuses fermes laitières de l'époque, et un élevage à succès, ayant notamment sorti Stone Street, gagnant du Kentucky Derby en 1908. A la mort de Haggin, le site a été acheté par la famille Whitney, qui y a installé des étalons, et construit ce fameux barn circulaire qui est aujourd'hui encore sur pied et fonctionnel.
Le fameux barn circulaire de Gainesway Farm, l'un des bâtiments emblématiques de l'histoire du Haras
Peu à peu, les Whitney ont acheté des terres aux alentours, et commencé à innover en ramenant des étalons d'Europe, comme le fameux gagnant de Derby d'Epsom Mahmoud, qui a traversé l'Atlantique en pleine 2e Guerre Mondiale pour devenir l'un des plus influents du 20e siècle aux Etats-Unis. A la fin des années 60, un jeune homme nommé John Gaines a commencé à reprendre une partie de la propriété, jusqu'à en faire une station d'étalons gigantesque, et à en avoir plus de 40 sur le site quand le lieu est devenu Gainesway dans les année 70. Avec l'expansion des books d'étalons passés d'une cinquantaine à 100 juments saillies, Gainesway a lancé beaucoup d'antennes satellites devenues aujourd'hui des haras reconnus. Visionnaire, et avec des chefs de race comme Lyphard, Riverman et Sharpen Up, John Gaines est considéré comme l'un de ceux qui ont fait du Kentucky la capitale mondiale de l'élevage... C'est aussi celui qui a inventé la Breeders' Cup !
Le cadre pittoresque de Gainesway Farm lors des portes ouvertes
Aujourd'hui, Gainesway appartient aux Beck, une riche famille sud-africaine à la tête d'une grande compagnie qui produit du vin dans son pays. Graham Beck, le père du propriétaire actuel Anthony Beck, a racheté la propriété de John Gaines, qui est le site principal avec les étalons et le barn circulaire, avant de racheter les haras attenant de Greentree Stud et Withney Farm...le Gainesway que l'on connaît aujourd'hui s'étend aujourd'hui sur 650 hectares, et en fait toujours l'un des haras américains les plus côtés, avec la préparation aux ventes de yearlings, un élevage maison couplé aux juments de la clientèle extérieure, et une station d'étalons avec 8 reproducteurs. L'un d'entre eux, le "main man" comme ils disent sur place, c'est à dire le big boss de Gainesway est un certain Tapit. Blanc comme neige du haut de ses 20 ans, Tapit a fait passer Gainesway dans une nouvelle dimension au 21e siècle, en devenant le sire le plus célèbre de la grande Amérique, jusqu'à traverser les frontières.
Tapit, chouchouté comme la star qu'il est
Invaincu à 2 ans chez Mickael Dickinson, gagnant de Gr.1 à 3 ans, Tapit avait un joli pedigree, issu du croisement entre deux cracks étalons : Pulpit et Unbridled. Il n'a commencé qu'à 15 000$ la saillie en 2005 à Gainesway, mais a tout de suite percé avec sa première génération, étant sacré meilleur étalon de première production avec 15 gagnants de black-types dont Stardom Bound, qui s'est imposé dans la Breeders' Cup Juvenile Fillies. Il n'a ensuite jamais connu de creux, et a enchaîné les gagnants black-types (plus de 150 à ce jour), et les gros prix aux ventes. Il est le père d'une trentaine de gagnants de Gr.1, dont le fameux Flightline... Donnant des chevaux ultra-solides, à l'aise sur gazon comme sur dirt, Tapit sort de l'ordinaire à proprement parler. Il n'a jamais quitté le top 5 américain depuis 2014, avec 3 titres de Champion Sire à la clé, et est même monté jusqu'à 300 000$ la saillie ce qui a fait de lui le plus cher aux Etats-Unis en 2017. Il évolue aujourd'hui à 185 000$.
Si tout le monde vient à Gainesway pour voir Tapit, comme récemment une fan qui a fait 12h de route depuis la Floride juste pour réaliser son rêve de le rencontrer, il n'est pas seul à Gainesway. L'avantage, c'est que ses compères étalons bénéficient de sa popularité. Gainesway mise énormément sur le jeune McKinzie, un monument physique qui a gagné Gr.1 à 2, 3 et 4 ans, et dont les premiers foals viennent d'atteindre les 300 000$ sur le ring de Keeneland. Gainesway fait également débuter 2 étalons en 2023 : le sprinter de talent Drain The Clock, et Olympiad. Ce dernier a gagné Gr.1 cette année et est arrivé au Haras au lendemain de sa 2e place derrière Flightline dans la Breeders' Cup Classic (Gr.1) !
Le sculptural McKinzie, un fils de Street Sense
Gainesway mise également sur deux chevaux de turf, à commencer par le bien connu Karakontie. Gagnant du Lagardère, de la Poule d'Essai des Poulains et de la Breeders' Cup Mile pour Jonathan Pease, l'ancien Niarchos a mis du temps à percer, mais vient de donner sa première gagnante de Gr.1, Spendarella dans les Del Mar Oaks. A 10 000 $ la saillie, il devrait retrouver la cote. Raging Bull a quant à lui sailli 121 juments pour sa première saison en 2022. Ce fils de Dark Angel élevé par les Wildenstein en France a été l'un des meilleurs chevaux sur le turf américain ces dernières années... Tous ont du chemin à faire pour arriver au niveau de Tapit, une légende blanche comme neige, qui a marqué le galop américain à tout jamais.
GALERIE PHOTO
Ryan Norton, fraîchement arrivé comme directeur commercial à Gainesway
Les barns des étalons sont scindés en micro-unités
Afleet Alex, jeune retraité de Gainesway
La cour du barn circulaire
Karakontie
Le nouvel arrivant Olympiad, 2e de la Classic de Flightline
Le magnifique Raging Bull
Raging Bull
McKinzie