Grand Cross de Craon 2019: A Dieu Vat, Saint-Voir descend du ciel !

02/09/2019 - Evénements

Un finish époustouflant devant le rugissement de la foule, et c'est ainsi que A Dieu Vat, l'aîné du Grand Cross de Craon 2019, a arraché la victoire sous la selle d'un Alain De Chitray déchaîné. Pas attendu à pareille fête, le représentant de la casaque du Haras de Saint-Voir a fait briller un pilier de l'obstacle français, connu de tous, et qui pourtant est encore un tout jeune entraîneur: Nicolas de Lageneste. Retour en images et en vidéos sur l'exploit du vieux serviteur qui a dompté les jeunes loups.

Voir ou revoir tous les coulisses et les émotions du Grand Cross de Craon 2019, au coeur de l'action.

Comment peut-on être à la fois un homme "historique" de la filière obstacle et un petit jeune parmi les entraîneurs ? Si vous ne connaissez pas la réponse, allez voir Nicolas de Lageneste. Quand on vous parle du Haras de Saint-Voir, vous pensez directement à la bien connue casaque rouge aux manches rayées de blanc, mais aussi aux noms plus amusants les uns que les autres donnés aux chevaux, choisis avec soin par Pascaline et Nicolas de Lageneste à l'orée de la saison des poulinages... Si dans l'élevage et le propriétariat, Saint-Voir est une institution, c'est pourtant une toute autre casquette que Nicolas a endossé en 2016, celle d'entraîneur. Il y a toujours eu de l'entraînement à Saint-Voir, où plus exactement du pré-entraînement, sur cette piste bien particulière à quelques encablures du Haras.

Le pouce levé, Nicolas de Lageneste savoure la grande victoire de A Dieu Vat, entouré de sa femme Pascaline, de la cavalière Anne Juliette, et d'Alain de Chitray.

C'est bien au Haras qu'à grandi A Dieu Vat, celui qui est désormais le plus beau gagnant de la jeune carrière d'entraîneur de Nicolas de Lageneste. Dieu, il y est sans doute pour quelque chose là-dedans, car qui aurait imaginé voir l'aîné de la course, 9 ans, remporté le Grand Cross de Craon 2019. Dans cette édition où ils n'étaient que 6, le fils de Presenting était le moins joué, derrière Bandito Conti, Parc Monceau, et bien sûr la coqueluche de l'Ouest Bucefal. Les titans sont forts, puissants, mais ne sont pas imbattables, et A Dieu Vat l'a bien prouvé. Porté en tête toute la course par Alain de Chitray, l'enfant du pays, le grand cheval noir a sauté à la perfection tout au long du parcours, et a eu la bonne idée de souffler au bon moment, dans le tournant final, où Parc Monceau, pour Patrice Quinton et la casaque Papot, semblait parti pour un 2ème sacre après 2017. Mais que nenni ! Sur le plat, A Dieu Vat a mis ses tripes sur le gazon pour venir à bout du fuyard, mais aussi de l'assaut redoutable de Bandito Conti, qui n'avait rien fait du parcours. Le petit champion Bucéfal n'a malheureusement pas pu suivre l'emballage final, mais qu'importe, c'est A Dieu Vat qui triomphait, face à une foule en délire, comme on en avait pas vu depuis longtemps sur l'hippodrome de La Touche.

Embarquez en selle sur Bucéfal pour les 6000m du Grand Cross de Craon !

C'est dans cette ligne droite, que l'on se rend vraiment compte du monument qu'est le Grand Cross de Craon. Xavier Papot nous le confie avant l'épreuve: " A chaque année, je me dis qu'il faut gagner le Grand Steeple de Paris et le Grand Cross de Craon, c'est le rêve." Le rêve devient alors réalité quand Alain de Chitray se met debout sur ses étriers et réalise que le succès est acquis, lui qui était tout près l'an dernier avec ce même A Dieu Vat, à la 3ème place. L'émotion, elle se libère en larmes chez Anne Juliette, fidèle cavalière du matin du cheval, et maillon essentiel d'une équipe que Nicolas de Lageneste n'hésite pas à mettre en avant lors de l'avant course. " Des Hommes de chevaux", qui entourent un homme de cheval, voilà ce que c'est le coeur des courses, celui qu'on a parfois oublié, mais qui à chaque grande épreuve nous revient en pleine face comme un boomerang: nous ne sommes que peu de choses face à ses athlètes, mais nous sommes tellement chanceux de pouvoir les cotoyer, et parfois de les emmener vers des sommets.

Souriez Alain de Chitray, la foule vous acclame en héros !

A Dieu Vat, c'est comme souvent avec l'histoire des chevaux de Saint-Voir, une affaire de coup de coeur, celui qu'a eu Nicolas de Lageneste pour Montanara Paris, la mère de notre crack Craonnais. Il avait vu la pouliche sauter à 2 ans chez Emmanuel Clayeux, alors qu'elle appartenait à Pierre Coveliers. La fille de Turgeon a débuté 4ème du Finot, et n'a pas réussi à gagner, passant sous casaque Saint-Voir à l'issue d'une 6ème place à Enghien. Pour sa 1ère saillie, Nicolas n'hésite pas à traverser la Manche, comme il aime à le faire, pour rencontrer Presenting. Celui qui est mort en 2017 est l'un des meilleurs étalons irlandais d'obstacle, gagnant de Gr.2 dans sa carrière chez John Gosden, puis révéler au haras à Rathbarry Stud, avec des cracks comme Yorkhill, War Of Attrition et surtout la superstar Denman, gagnant de 14 de ses 24 courses dont de nombreux Gr.1. Après A Dieu Vat, Montanara Paris est restée à la saillie en France, donnant notamment Enfant Du Pays, 3ème du prix Fifrelet à Auteuil avant de s'accidenter.

A Dieu Vat avale la rivière face aux tribunes combles.

A Dieu Vat a lui aussi gagné à Auteuil dans sa jeunesse. 3ème du prix Rohan en débutant pour Guy Cherel, il a ensuite été confié à un tout jeune Augustin de Boisbrunet, il a remporté le prix de Brissac sur la Butte Mortemart à 5 ans, signant son 1er succès. Il s'est même classé 4ème du prix Montgomery. Nicolas de Lageneste l'a récupéré en 2016, à ses grands débuts d'entraîneur, le plaçant 2ème du Grand Steeple de Lyon derrière Belle du Berry. S'il n'a gagné que 4 fois dans sa carrière, A Dieu Vat comptait quand même, 22 places, l'apanage de ses sympathiques chevaux qui mettent à chaque fois leur coeur sur la piste. Avant son retentissant Grand Cross de Craon, il n'avait plus franchi le poteau en tête depuis 2017 à Moulins. Ce succès retentit comme un symbole car Nicolas de Lageneste est donc entraîneur/propriétaire/éleveur du gagnant d'une grande course, à l'image d'une Isabelle Pacault avec Carriacou. Comme quoi, si dans ce métier l'union fait la force, ici on n'est jamais mieux servi que par soi-même !

Alain de Chitray exulte au passage du poteau !

Ce Grand Cross de Craon était placé également sous le signe de l'ambiance, marquée par le grondement de la foule pour encourager les lutteurs dès le premier passage devant les tribunes. Près de 10 000 personnes s'étaient données rendez-vous sur l'hippodrome de la Touche pour vibrer au rythme d'un évènement qui est un vrai monument historique des courses. La ferveur était présente dès le début de la réunion, surtout vers les nombreux stands de nourriture, emmenés fièrement par Alain, le grand patron de la Confrérie Du Veau, une vraie réincarnation de Jacques Villeret, avec son pineau des Charentes et son fromage, aussi bon que le bonhomme est sympathique ! C'est bien ça Craon, la fête des courses, comme on aime la vivre, et les émotions comme on aime à les ressentir. Il n'y a pas de doute, le Grand Cross de Craon 2019 était un cru d'exception. Nous retiendrons les larmes de joies, les cris, et même si nos souvenirs se tarissent, l'histoire sera là pour nous rappeler que A Dieu Vat l'a fait, de la tête et des épaules. Saint Voir, vous allez voir ce que vous allez voir !

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