Ferme de Lagrange : survolez la Lorraine hippique avec Pascal Deshayes
Le lorrain est combatif. De toute façon il n'a pas eu le choix. Ici à Ville-sur-Yron, entre Verdun et Metz, on a connu la guerre. Les locaux ont même connu toutes les guerres pour être si forts aujourd'hui : celles avec le redoutable voisin prussien...Dans cette commune même a eu lieu la dernière grande charge de cavalerie de l'histoire de l'armée française lors de la sanglante bataille de Mars-la-Tour, dont les 250 ans seront commémorés le 16 aout 2020. De fait, la frontière de la guerre perdue de 1870, qui infligea à la France la perte de l'Alsace et de la Lorraine, passe à 5 kilomètres de la Ferme de Lagrange. Pendant tout le 20e siècle, la région fut secouée ensuite par la 1e guerre mondiale, et bien sûr la grande bataille de Verdun, l'occupation allemande de la 2e guerre mondiale avec son lot d'histoires de juifs cachés dans les fermes, dont celle de Lagrange, et de commis de ferme alignés le long d'un mur pour dénoncer les fugitifs. Ensuite, ce fut la grandeur et la décadence des industries minières et sidérurgiques.
Pascal Deshayes
En parallèle, la famille Deshayes a fait de l'agriculture et a marqué l'histoire équestre de son empreinte grâce au cheval de trait, l'ardennais, réputé comme le meilleur cheval pour les travaux des fermes parmi les 9 races du genre recencées en France. C'est justement le grand-père de Pascal Deshayes qui a en quelque sorte fixé et organisé la race des traits ardennais qui poussait joyeusement mais anarchiquement dans la région Est dans la 1e moitié du 20e siècle. Il a ainsi acquis l'immense corps de ferme de Lagrange (qui fut un monastère) pour produire et vendre des chevaux de trait ardennais en France et à l'international, jusqu'au Japon. L'âge d'or a duré jusqu'à l'industralialisation de l'agriculture avec ses tracteurs et ses machines. Mais les Deshayes, puisque Pascal travaille au quoditien avec ses 2 frères Patrice et Jean-Paul, sans oublier son fils Nicolas qui revient très souvent de la grande ville de Nancy, conservent précieusement un petit élevage de chevaux de trait ardennais.
Le corps de la Ferme de Lagrange.
Aujourd'hui, la place est laissée majoritairement aux chevaux de courses. En 1962, les 2 frères Robert et Roland Deshayes sont allés acheter des pur-sangs en Angleterre, des juments pleines et des foals, pour les ramener chez eux en avion. Ils ont eu d'ailleurs une autorisation spéciale pour faire atterrir un cargo de fret de 15 chevaux sur l'aéroport militaire de Metz. Les produits ont été revendus peu à peu à l'entourage des 2 frères, ce qui a débuté l'élevage de pur-sang dans l'Est.
De ces achats ont découlé notamment le 1e étalon de l'Est, Tiffauges, grand reproducteur, père de Claude le Lorrain, Monsieur D, Perouges, Cherubin et Mister Sic Top, élevé à Lagrange avant de remporter le Prix d'Ispahan 1971. Lagrange a également eu à cette époque l'étalon Philemon (père de My Phil) mais aussi une certaine Landerinette, achetée à l'élevage Stern, qui sera la mère de la championne La Lagune, gagnante des Oaks d'Epsom pour François Boutin.
Actuellement l'élevage Deshayes compte une vingtaine de poulinières de plat et d'obstacle, PS et AQPS. Il vend à Deauville par l'intermédiaire du Haras du Cadran et son fer de lance actuel est Monsieur Croco, double gagnant de Listed en 2019 et 2020.
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