Mme Christiane Head : clap de fin après 40 ans de carrière

02/02/2018 - Grand Destin
La carrière de Mme Christiane Head a débuté officiellement en janvier 1978 suite à l’obtention, par la Société d’Encouragement, de la licence d’entraineur particulier pour l’effectif de sa mère, Mme Alec (Ghislaine) Head, propriétaire-éleveur au Haras du Quesnay. Par Xavier BOUGON.
Criquette Head-Maarek tout sourire entouré des jockeys ©APRH
 
40 ans de carrière
La carrière de Criquette, entraineur, se termine ce jeudi 1er février 2018 après avoir débuté le 5 mars 1978 à Rouen par le succès de son premier partant, une pouliche élevée par ses parents au Haras du Quesnay. Elle a sellé son dernier gagnant le 6 janvier dernier avec un élève du même haras, Rêve, un fils de Nathaniel et de Rouge (par Red Ransom et Natural Gold, une ancienne pensionnaire de Criquette et petite-fille de Gold River), portant les couleurs de l’association formée de Criquette et de Micheline Leurson, l’une des premières cavalières ayant monté à l’entrainement chez Alec Head.
 
Notes
- Avant de débuter comme entraineur, Criquette monte à l’entrainement et décroche une licence de cavalière. En 1966, elle monte un gagnant (19 mai à Fontainebleau, sa 1ère monte) pour cinq montes dont celle du Prix de la Reine Marie-Amélie (première édition) à Chantilly dans lequel elle termine seconde devant Micheline Leurson et la regrettée Janine Lefèvre (future Mme Robert Winkfield). C’est l’année de la victoire de son frère, âgé de 19 ans, dans le Prix de l’Arc de Triomphe avec Bon Mot, entrainé par son grand-père Willy.
 
Criquette Head avec son amie de longue date Micheline Leurson ©APRH
 
- Elle a ensuite appris son futur métier aux côtés de son père, installé alors au 4 avenue de Chartres. Alec déménage ensuite au 32 avenue du Général Leclerc rejoint quelques années plus tard par sa fille. En avril 1981, elle demande et obtient une licence d’entraineur public. Elle a alors comme «client», l’Ecurie Aland (Alec Head et Roland de Chambure), le Haras d’Etreham, Douglas Hamilton, Mme Alec Head. Viendront les rejoindre, Maktoum Al Maktoum, René Romanet, Robert Sangster
En 1984, Criquette prend la relève de son père comme entraineur de la casaque Wertheimer. Elle le restera jusqu’en août 2006.
 
- Si Criquette a quitté le métier, elle n’en reste pas moins propriétaire et éleveur. Sa casaque, gros-bleu, toque gros-bleu (ressemblant à celle Mme John Magnier) était celle, au début du 20ème siècle, de Michel Ephrussi. La casaque rouge toque rouge était celle d’un belge, Charles Liénart, qui l’avait cédée (par testament) à William Head, son ancien jockey d’obstacles.
 
Les pouliches, une spécialité de la maison dès la première année.
Agée de 3 ans, Animation, une fille de Riverman, fut le premier partant et le premier gagnant de Criquette. Montée par Philippe Bruneau, ancien apprenti d’Alec, Animation ne rentrera pas à l’écurie puisqu’elle est réclamée à l’issue de la course.
 
Dix jours plus tard, au Croisé-Laroche, Criquette selle encore une femelle, Matitcha, une fille de Bold Lad, âgée de 4 ans qui va également s’imposer avec le même pilote qu’à Rouen. Comme sa compagne de couleurs (beige, manches et toque noire), elle ne rentrera pas à la maison suite à son achat à réclamer par A.J. Richards.
 
Le 5 avril, nouvelle victoire d’une pouliche de 3 ans, North Sea (Lyphard) dans un maiden couru à Evry. Achetée à son éleveur, A.D.D. Rogers (Airlie Stud), elle enlève ensuite une Listed, le Prix Finlande, montée par Freddy Head. Elle gagnera en fin d’année le Prix de Flore (Gr.3), montée par Jacky Taillard, Freddy étant retenu pour monter une élève de Mme Pierre Wertheimer et d’Alec Head, Apachee.
 
Deux légendes, Criquette et Freddy ©APRH
 
Le dimanche suivant à Longchamp, Mother of Pearl (par Sir Gaylord et Pink Pearl, élevée par Omar Sharif) se contente de la seconde place du Prix de la Grotte (Gr.3) devancée par Tayyara, une pensionnaire de Moufid Dabaghi (écurie managée par Frédéric Sauque).
 
Entre-temps, le 9 mars, une autre femelle, une certaine Beaune (fille de Lyphard), doit se contenter de la seconde place du Prix Edmond Blanc enlevé par la pensionnaire d’Olivier Douieb, Sanedtki. L’année précédente, la future mère de Bering, avait dû partager la seconde place de la Poule d’Essai des Pouliches avec Durtal (propriété de Robert Sangster mais élevée par Alec Head et Roland de Chambure). Elles étaient devancées par la pensionnaire d’Angel Penna, Madelia, future gagnante du Prix Saint-Alary et du Prix de Diane. Beaune était aidée dans sa tâche par un leader, une certaine Sèvres (future mère de Saint Cyrien et Silvermine). Beaune et Sèvres étaient alors entrainées officiellement par Christian Datessen, le premier garçon de l’écurie Head en attendant que Criquette n’obtienne sa licence. Elles ont eu pour camarade de cour pendant une année, une certaine Riverqueen.
 
En juin à Maisons-Laffitte, la 2 ans River Rose effectue des débuts victorieux dans le Prix La Farina. Cette fille de Riverman et de Barbarossa enlèvera en août le Prix des Jouvencelles (à l’époque réservé aux pouliches) puis le Prix des Rêves d’Or.
 
A la mi-août à Deauville, une certaine Sigy (Habitat et Satu) enlève le Prix de la Vallée d’Auge (Listed) puis confirme dans le Prix d’Arenberg (Gr.3) avant de prendre part au Prix de l’Abbaye de Longchamp. Elle est la première 2 ans à s’imposer depuis la promotion de ce sprint en groupe 1. A ce jour, elle est encore la seule.
 
En novembre, Three Troikas (Lyphard) débute victorieusement à Saint Cloud. Elle enlève, d’une courte encolure, le Prix Messaline, montée par Freddy Head.
 
Criquette et une partie de son équipe dont son garçon de voyage Capitaine ©APRH
 
Notes
- Les nouvelles couleurs de Mme Alec Head datent de 1963. Elles succédaient à celles (rouge, manches bleu-clair, toque noire, enregistrées en 1950) portées par le jockey australien, Neville Sellwood, lors de sa chute mortelle à Maisons-Laffitte le 7 novembre 1962.
 
Madelia (Caro), portant les couleurs Wildenstein, avait ensuite enlevé le Prix Saint-Alary devant Beaune et Sanedtki. Quoiqu’accidentée aux abords du poteau, elle s’était également imposée dans le Prix de Diane aux dépens de Trillion (l’aïeule de Trêve) et Fabuleux Jane (future mère de Fabuleux Dancer).
 
- En avril 1978, Criquette sellera un gagnant en obstacles à Auteuil dans un réclamer. Le vainqueur, Patchwork (Luthier) a été élevé au Quesnay.
 
Criquette en 1978 ©APRH
 
Les 52 Criquettes de Mme Head
Cinquante deux (52) des 79 victoires de groupes 1 (France et Etranger) de Mme Head ont été enlevés par une femelle.
 
Sigy (Prix de l’Abbaye de Longchamp) a été la première en 1978 suivie de Three Troikas l’année suivante (Arc de Triomphe, Poule d’Essai, Saint-Alary, Vermeille).
Harbour (Diane-Saint-Alary pour l’écurie Aland), Maximova (Salamandre pour le Haras d’Etreham), Ma Biche (Robert Papin et Cheveley Park St. 1982 pour Mme Alec Head, 1000 Guinées et La Forêt 1983 pour Maktoum Al Maktoum) sont les suivantes.
 
Puis viendront Baiser Volé, Fitnah, Silvermine, Ravinella avant que Rivière d’Or (Prix Saint-Alary) ne donne la première victoire de groupe 1 pour une élève Wertheimer entrainée par Criquette. Cinq ans après viendra une certaine Gold Splash, fille de….Rivière d’Or. Gold River, sa grand-mère, avait été la dernière entrainée par Alec Head, laquelle avait enlevé le Prix de l’Arc de Triomphe 1981.
 
Le début des femmes-entraineurs en France
La licence « permis d’entrainer » a été créée à la fin des années 50 pour les gentlemen-riders qui désiraient entrainer leurs propres chevaux. Le statut de cavalière montant en plat n’intervient qu’en 1961 mais aucune n’est répertoriée comme étant titulaire d’une licence «permis d’entrainer» contrairement à 1970 où deux femmes figurent sur la liste (Mme Eglantine de Granvilliers à Maisons-Laffitte et Mme Catherine Verney en province).
 
La même année, les instances accordent à Mme Gérard Moreaux, ancienne cavalière et permis d’entrainer depuis 1969, une licence d’entraineur public pour le plat et l’obstacle (à l’époque, il fallait faire une demande distincte pour les deux disciplines). Sous son entrainement, Saloon remporte en 1979 le Prix Pénélope.
 
Criquette en compagnie de Myriam Bollack-Badel ©APRH
 
En 1975, Mme Myriam Bollack sollicite une licence d’entraineur particulier pour ses parents qui avaient gagné le Prix Saint-Alary trois ans plus tôt avec Prodice. Myriam devient entraineur public en 1978. Ses pensionnaires Air de Rien et Rêve d’Oscar figurent au palmarès du Prix Saint-Alary 1990 et 2000. Always Earnest enlève le Prix du Cadran 1995. Dernièrement, Norse King s’est imposé dans le Prix du Conseil de Paris et Cocktail Queen dans le Grand Prix de Deauville.
 
En 1975, il est accordé à Mme Henri Sabathé (ancienne cavalière) une licence d’entraineur public en remplacement de son mari décédé.

 

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