Mort de Prince Philippe : un adorable fauve
Prince Philippe à Compiègne. (photos APRH)
" C'était un fauve ! Pour le sortir, malgré ses 10 ans, on avait encore besoin du chiffe-nez..." Prince Philippe, énorme cheval de 650 kilos, qui avait fait preuve d'une santé de fer pendant toute sa carrière, a finalement été victime de sa force. Prince Philippe a été élevé par son entraineur, Philippe Bourgeais, ancien jockey d'obstacle intallé avec un tout petit effectif sur la ferme familiale à Sceaux d'Anjou, près du Lion d'Angers. Prince Philippe fut le meilleur cheval de toute sa carrière, qui lui a offert, parmi ses 8 victoires, ses 2 premières Listed à Enghien puis à Auteuil. Il est parti avec plus de 500.000 euros de gains primes comprises en plat et en obstacle. Vainqueur de la Grande Course de Haies d'Automne à Nantes en septembre 2019, il aura fait sa dernière sortie le 17 décembre en haies à Cagnes, terminant 2e dans le Prix du Breil, épreuve préparatoire à la Grande Course de Haies de Cagnes qu'il n'a pas disputée en raison de ses pieds fragiles, une blème l'ayant fait souffrir quelques jours avant l'épreuve.
Philippe Bourgeais, Bertrand Lestrade et Marie-France Besnard.
" Quand je le prépare pour une course, je le monte tous les jours. Sinon, et depuis toujours, il fait du marcheur puis du paddock le mercredi et le dimanche. Il aimait bien sortir mais mais trop longtemps. Cette fois, j'étais quand même surpris de l'entendre hennir au bout de seulement 45 minutes. J'y suis allé et je l'ai découvert avec une fracture d'un antérieur, entre le sabot et le boulet. Mon vétérinaire m'a expliqué que cela arrivait parfois quand les chevaux fond des bonds de cabri et qu'ils se reçoivent en déséquilibre."
Prince Philippe lors de sa dernière victoire à Auteuil, dans le Prix Guillaume Javoy, monté par Thomas Beaurain.
Lui qui va fêter ses 60 ans le 11 avril 2020, Philippe Bourgeais va prendre sa retraite sans le fidèle compagnon d'une fin de carrière passée grâce à lui sur les chapeaux de roues. Jockey d'obstacle émérite, titulaire de 70 victoires, partenaire d'une vedette du cross nommé Joyeux Maine, Philippe Bourgeais s'est installé entraineur dès l'âge de 20 ans, traçant une piste de 1000 m autour du champ le plus vaste de la petite ferme de ses parents. Il a toujours eu très peu de chevaux, recrutés à droite et à gauche pour faire la petite province, mais a fait mieux que bricoler quand il a touché des éléments de qualité comme Court Blazer, Nuel, Borcalino (26 victoires). Prince Philippe fut une sorte d'apothéose d'autant plus qu'il l'a élevé lui-même.
Dans les années 90, Philippe Bourgeais entraine une véritable balle de ping pong nommée Adriana, qui lui gagne 7 courses surtout en cross. Il la conserve ensuite poulinière, d'autant plus qu'il avait aussi conclu 3e du Grand Steeple-Chase de Craon avec son frère aînée Rio de Oro (Roi de Perse). Comme elle a couru jusqu'à 11 ans, Adriana (Maiymad) ne fera que 3 produits, dont 2 mauvais et une honnête, Coquine d'Anjou (Saint-Cyrien), que Philippe conserve bien qu'elle n'ait jamais gagné. Et c'est le banco ! Pour son 1e produit par le très regretté Denham Red, cette dernière sort Prince Philippe, assez rapide pour gagner 2 fois en plat à Pornichet. Il s'impose dès son 1e essai en haies à Enghien en avril 2014, devant le futur champion As d'Estruval. Il échoue alors.. à la visite d'achat ! L'aventure s'est donc poursuivie, avec en point d'orgue le Prix du Cher (Listed) à Enghien et le Prix Dawn Run (Listed) à Auteuil.
Coquine d'Anjou n'a fait que 4 produits et Philippe Bourgeais a perdu les 2 seules soeurs de Prince Philippe, l'une en course et l'autre d'un cancer des intestins...Mais alors qu'elle n'a pas fait de poulain depuis 2016, Coquine d'Anjou, aujourd'hui âgée de 18 ans, a pu être saillie cette année par Nidor. " On a fait comme dans le temps. Je l'ai emmenée chez Eric Leray et elle a été saillie sur place quand elle était bien prête, j'espère maintenant qu'elle sera enfin pleine."
Note :
Denham Red faisait alors la monte au Haras de la Rousselière tout proche. Son autre fils, le crack Un des Sceaux, est né sur la même commune de Sceaux d'Anjou.